Accompagner mais aussi s’engager
Nous devons être vigilant et nous rappeler qu’il faut être présent, actif et continuer à porter un regard soucieux et respectueux pour toujours prêter attention à quelque chose que la normalité sociale voudrait réduire et supprimer, quelque chose qui pourrait introduire un désordre.
C’est s’intéresser à l’autre, à ses difficultés à sa souffrance, c’est penser à l’autre dans sa vulnérabilité avec une sollicitude qui permet d’être dans le compagnonnage avec la notion de partage et de prendre soin.
C’est s’engager, c’est pouvoir ouvrir son champ aux autres, renoncer à un certain confort pour se coltiner de là ou on est aux enjeux voire conflits de son temps.
C’est une ouverture, au delà d’une neutralité de prestance, voire malveillante, vers des prises de positions que soutient un engagement dans les différents champ d’une vie.
Dans ce chacun pour soi, ce, ça nous concerne pas il me semble nécessaire de dire haut et fort qu’il est nécessaire de parler et reparler des enjeux fondamentaux de la dérive des murs, camps et autres tentatives de fermetures dans le monde.
C’est pouvoir vous faire partager des réflexions, qui nous concernent, à partir de ce livre intense et touchant : « Passer, quoi qu’il en coûte » (Les éditions de minuit).
C’est parler de ces populations qui migrent, qui fuient, qui essaient de passer quoi qu’il en coûte pour tenter de vivre et qui risquent leur vie pour gagner un espace de droit.
C’est dire qu’on les accueille dans des camps, qu’on les marginalise, les enferme pour qu’ils soient parqués à l’extérieur de nos frontières et on a ainsi une extra-territorialité malheureuse et empêchée, perçue avec la notion de danger, de l’intrusion et de l’hostilité.
Se profile ainsi, un horizon « d’apartheid » généralisé, une mise en place de démocratie emmurée qui se définit par des frontières de plus en plus fermés et restreintes.
Encampement du monde qui est une façon de tenir à l’écart ce qui dérange, pour contenir ou rejeter ce qui, humain, est en trop et aussi comme une maniére de gérer l’indésirable……
Eux, nous peut être dans l’avenir, des êtres de désir, qui ont un désir de passer, d’échapper à des dangers mais traités comme des êtres indésirables.
Faut-il rappeler que les réfugiés allant de pays en pays ont toujours représenté l’avant-garde de leur peuple, l’avant garde des peuples qui les accueillent.
Désir de passer, désir de survie et donc de nouveauté et d’avenir.
Ces murs, ces camps, ces espaces que l’on restreint voudraient faire oublier un pan fondamental de notre histoire, temporalité qu’il faut reposer et histoire qu’il faut rappeler……
L’homo sapiens doit sa survie, son succès et son évolution à sa capacité de migrer qui lui a permis de répondre et s’adapter aux événements et aux faits de la nature. les plus sédentaires n’ont pas pu faire face aux intempéries, retranchés dans des périmètres de plus en plus étroit et ils se sont éteints.
L’homme a un comportement migrateur, c’est fondamentalement un remarquable homo migrants et l’histoire nous montre que c’est ce qui lui permet de s’adapter, d’évoluer et d’exister.
Vouloir oublier cette donne, la refouler c’est nous mettre en danger et surtout ne pas vouloir entendre la leçon de ceux qui savent encore être en mouvement.
C’est non seulement une dignité élémentaire, pour un sujet humain, que de se mouvoir pour chercher sa propre condition de vie mais c’est de plus nous prévenir devant le risque d’une politique de fermeture des frontières, des murs, des camps qui ne répondent historiquement et politiquement qu’à une logique mortifère voire suicidaire.
Accompagner, prendre soin et prendre en compte toutes ces demandes montre que ce que nous avons à soutenir, participe de nos convictions et que celles ci ne peuvent prétendre être qu’au prix de notre engagement, engagement qui est notre liberté dans une tension à exister qui ne peut se faire sans l’autre.
Marc MAXIMIN
Janvier 2018