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Appel à la création d'une "organisation politique des travailluers sociaux"

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Collectif travailleurs sociaux de Belgique

dimanche 27 février 2005

Bruxelles, le 21 février 2005

Mesdames, Messieurs 1 ,

« Un marché est désormais proposé aux travailleurs sociaux : « Comme thérapeutes du « social », vous êtes recevables. Si vous voulez le bien, si vous faites du bien, si vous aidez les malheureux à se remettre sur pattes, si vous rafistolez de façon à ce qu’ils dégagent rapidement de vos permanences sociales pour qu’ils reviennent à la production et à la consommation, si vous acceptez de répondre à la mise en demeure de démontrer votre utilité sociale directe qui soit par moi, l’Etat ou le pouvoir subventionnant, recevable – alors vous aurez votre place à mes côtés. » 2

D’emblée, que s’est-il donc passé pour que nous, quelques travailleurs sociaux bruxellois, en arrivions, aujourd’hui, à ce projet d’« Appel à la création d’une Organisation Politique des Travailleurs Sociaux » (OPTS) ?

Un Regard Politique sur le travail social foncièrement remanié

A) Il y a une exigence politique qui prend de plus en plus d’ampleur : Désormais , nous dit-elle sournoisement, votre travail social doit être rentable et utile à la société . Et nous n’avons plus aucune confiance en votre propre « auto-évaluation ». Vos « rapports d’activités » ne suffisent donc plus ! Sachez donc qu’afin de juger de vos réelles rentabilités et utilités sociales, que nous vous enverrons des Experts ou des Evaluateurs (universitaires) chargés de vous évaluer ! C’est à prendre ou à laisser !

Ainsi, sur un an (2003-2004), le dispositif social dans lequel certains d’entre nous travaillent – dispositif qui a comme vocation de « restaurer » le lien social au sein d’un site de logements sociaux -, a subi deux Evaluations commanditées par le pouvoir subventionnant. Réalisées par deux organismes différents, ces Evaluations ont constitué un réel événement à nos yeux. En effet, après la première Evaluation, nous sentions déjà que le Regard Politique sur le travail social était en voie d’un remaniement profond .

Pourquoi ?

Outre donc cette sordide entreprise visant à dépouiller les êtres (« exclus ») de leur dimension subjective, en appelant au savoir des Evaluateurs (ou aux experts en management social ), le pouvoir subventionnant s’évertuait également à rabattre la logique sociale du dispositif social (focalisée sur le lien social ) sur une logique d’ordre purement économique : soit, sur l’obtention, non pas de « plus-values » financières, mais de VSA. Il s’agissait finalement, au regard du pouvoir subventionnant, de savoir si le dispositif social qu’il finançait constituait ou non un bel investissement des deniers publiques ; produisait ou non de fortes VSA . Une de ces Valeurs Sociales Ajoutées serait, par exemple, de « remettre sur pied » un « exclus » afin qu’il regagne le champ du travail et de la consommation ! Une autre : de museler, faire taire les bruits que les cités de logements sociaux dégagent auprès de la grande Oreille médiatico-sociale !

Bref, le souci du lien social remanié par le souci des uniques VSA . Rien que ça ! C’est dire donc que les « mauvais comportements» supputés aux hommes, femmes et enfants des sites de logements sociaux constituaient donc des «mises». « On » misait somme toute sur le dispositif social pour qu’il influe sur ces comportements et qu’il les redresse - en bon orthopédiste social. Eu égard à la logique économique susvisée, ces « mauvais comportements » s’apparentent donc à des matières premières que le dispositif social se doit donc de travailler et de façonner afin qu’elles acquièrent la forme souhaitée par le pouvoir subventionnant et, de fait, par les Evaluateurs. Quelle forme ? Celle que les « critères de réussite du » dispositif social, établis par les Evaluateurs, véhiculaient : améliorer la communication, la cohabitation harmonieuse entre les différentes communautés, re - cadrer les demandes des locataires sociaux, les éduquer afin qu’ils deviennent réalistes ….

Tout en partant de ces critères de réussite dressés par les Evaluateurs, il convenait donc pour les travailleurs sociaux du dispositif social de se (re) programmer afin de produire, non pas des « Toyota », mais des « Locataires Sociaux » fidèles à ces c ritères . La chose a l’air féroce ! Mais cette logique productive est malheureusement à l’œuvre dans l’ensemble des champs que se « coltinent » les travailleurs sociaux.

Des Evaluateurs au service d’un renforcement, raffinée, de l’exclusion sociale

A quoi mène donc toute cette logique productive ? En ce qui nous concerne, à des locataires sociaux mis sous la tutelle des Evaluateurs ou des experts.

Disons la Chose : c’est un fait, l’exclusion sociale dérange. Mais, ce qui dérange, ce n’est non point son existence , mais les effluves ou « symptômes sociaux » qu’elle dégage ou est susceptible de dégager. En d’autres termes, aujourd’hui, la question n’est point : Comment réduire les inégalités économico-sociales ? On en est loin ! Mais, plutôt : Comment donc cantonner et museler les « symptômes sociaux » qu’est supposée produire l’exclusion sociale ? Et à cette question, on parie ainsi sur le savoir des Evaluateurs. Quel savoir ? Un savoir, comme nous l’avons vu, qui plutôt que nous mener au « rire » risque de nous conduire au « pire » !

Le pire ?

Outre les dangers déjà évoqués, ajoutons qu’ à l’instar des Evaluateurs des entreprises commerciales qui travaillent pour le compte de ces entreprises et qui sont donc priés, tout en avalisant l’exploitation, de déployer l’ensemble de leurs savoirs et techniques pour « voiler » et « renforcer » l’exploitation de « la force de travail », les Evaluateurs des dispositifs sociaux qui travaillent pour le compte des pouvoirs qui subventionnent de tels dispositifs sont également priés, tout en avalisant l’exclusion sociale, de déployer l’ensemble de leurs savoirs et techniques pour « voiler » et « renforcer » le discours même qui génère l’exclusion sociale. Comment ? Pour les Evaluateurs des entreprises commerciales, par un discours qui prône, par exemple, auprès des travailleurs, leur participation et identification à l’image de leur entreprise. Et pour les Evaluateurs des entreprises « sociales », par un discours qui prône, par exemple, auprès des travailleurs sociaux, la participation et l’identification des locataires sociaux à l’image de leur quartier social 8 , voire même à leur statut de « locataire social » . Bref, l’Evaluation sert toujours un discours ou les Maîtres en place au détriment de ceux et celles qui les subissent.

Soyons clairs ! Nous ne sommes pas contre l’Evaluation ! Nous sommes pour une évaluation (« é » minuscule) où les sujets sont rencontrés, entendus, respectés, soutenus et accompagnés en fonction non pas d’un savoir ou de critères aliénants, mais de ce que chacun d’entre eux comporterait d’ unique et d’ incomparable.

D’où cette question urgente : les travailleurs sociaux doivent-ils assister, en bons spectateurs, au déferlement – qui ne fait que commencer ! – de cette férocité Evaluatrice et se dire – comme nous l’avons souvent entendu dire : « C’est comme ça et vous n’y pourrez rien ! » ?

Passons, à présent, au second évènement.

Une éthique du « singulier » pénalisée

B) On le sait, des associations oeuvrant dans un même domaine (logement, cohésion sociale, « toxicomanie »…) et bénéficiant de mêmes subsides sont, administrativement, sommées de s’activer d’une manière identique . Par exemple, les « rapports d’activités » de ces associations doivent impérativement respecter les critères que leur Administration particulière leur dicte . Un de ces critères comporte, par exemple, celui de « chiffrer l’être » des personnes rencontrées et accueillies par les travailleurs sociaux. Ce n’est un secret pour personne : dans un « rapport d’activités », l’accueil d’une personne, par exemple, peut se résumer au « chiffre » « 1 » et de deux personnes, au « chiffre » « 2 » (1 +1 = 2). Lorsque vous notez effectivement dans vos statistiques annuelles à la rubrique « nombre d’usagers ayant fréquenté votre service », le chiffre, par exemple, de « 2000 », vous répondez – que vous le vouliez ou non ! - à ce sordide « chiffrage de l’être ». Avec ce chiffrage sollicité/exigé, l’Administration vise, a minima, deux choses :

1/ Approcher l’ utilité sociale directe de votre association (par comparaison avec les « chiffres » des autres associations) ;

L’utilité sociale directe : il s’agit de savoir si votre association ou service social est ou non (cf. plus haut) socialement utile ou producteur de Valeurs Sociales Ajoutées. Ajoutons qu’elle vise aussi la comptabilisation des « clients » 9 qui utilisent votre service. En ce sens, il s’agit, pour l’Administration, d’évaluer le taux de votre « clientèle » et de le comparer avec le taux moyen (TM) de l’ensemble des associations auxquelles vous appartenez. Si votre taux est plus bas que ce TM, vous ne pourrez ainsi qu’être dans le collimateur ou sous la haute surveillance de votre Administration. La punition plane donc sur vous !

Homogénéisation et nivellement . Le chiffrage de l’être conduit au « Tous pareils ! » : « 1+1+1+1+1…=X ». Chaque personne rencontrée (intégrée, accompagnée…) ne constitue somme toute qu’une « unité en plus » dans votre compte statistique annuel. Nous sommes indéniablement là face à une entreprise qui tente de mettre au rancart non seulement la singularité subjective de chaque personne rencontrée, mais aussi la situation subjective singulière qui « nous » (vous) a lié à cette personne.

Donc, si une association d’un ensemble d’associations – oeuvrant dans un même champ et récoltant de « mêmes » subsides » - a le culot, par la singularité de son approche du travail social, de faire arête ou saillie face à la pratique des autres associations et de s’autoriser, par ailleurs, à émettre un « rapport d’activités » en concordance, non avec les diktats de l’Administration, mais avec cette singulière approche, la sanction « financière » ne peut assurément que l’attendre.

Une association pour « toxicomanes » a ainsi, dernièrement et, peut-être, à jamais, été sanctionnée. Tel est le pouvoir du laisser vivre et faire mourir des instances subventionnantes. Les « torts » de cette association ? Ne pas s’être pliée aux exigences « administratives » et « économiques » de son pouvoir subventionnant. Administratives ? Les rapports d’activités de cette association tentaient, effectivement, d’être les plus fidèles possibles aux dynamiques de leurs entretiens avec les sujets dits « toxicomanes ». Cette association ne s’enorgueillissait pas, par ailleurs, de disposer d’une « réponse » universelle ou valable pour l’ensemble de ces sujets. Au contraire, pour elle, la parole de chacun de ces sujets, en tant qu’ unique, singulière et irréductible à la parole de l’autre sujet , sollicitait une éthique du travail social en accord avec cette unicité, singularité et irréductibilité. Economiques ? L’allergie, légitime, de cette association à la logique des résultats, des chiffres statistiques ou du « chiffrage de l’être ». L’association n’a donc pas cédé sur les exigences du pouvoir subventionnant (et de leur Administration) : répondre de manière unique aux sujets ; laisser de côté leur singularité au profit de leur nivellement, homogénéisation ; chiffrer leur « accueil », « intégration »... .

Au regard du pouvoir subventionnant (et de l’Administration), les « rapports d’activités » de cette association faisaient donc exception par rapport aux « rapports » des autres associations. Ce pouvoir intimait donc à cette association ou de se rallier aux autres ou de mourir . Pas d’exception ! A l’instar des « exclus » avec lesquels elles travaillent, toutes les associations doivent être pareilles ! Mettre au rancart ou sanctionner une association différente , au mode d’approche du « social » singulier, c’est nécessairement opter pour des associations qui ont des mêmes points de vue, des mêmes opinions, des mêmes aspérités et des mêmes « rapports d’activités ». Corollaire : le « débat public » n’a plus lieu d’être et la culture démocratique reçoit, de fait, un coup sévère !

Enfin, à côté de ces deux évènements, un « rituel » et ses conséquences sont également à l’origine de notre « Appel ».

C) Combien d’associations ne manifestent-elles effectivement pas cette peur rituelle : « Cette année, serions-nous ou pas subventionnés ?» ? Une peur qui est devenue naturelle . Elle fait, depuis fort longtemps, partie des « choses ». Cette peur est « normale » ! Un nouveau gouvernement est élu, la peur doit transir du même coup l’être de l’association !

Ce rituel n’est pas sans conséquences sur le travail social et ses « libertés ». En effet, ce rituel est souvent sordidement accointé, pour les travailleurs sociaux, à ces présentes questions : « Que me permet et m’interdit le (nouveau) pouvoir qui me subventionne ? » ; « Comment donc lui « plaire », lui apparaître comme « aimable » afin que cette peur, je puisse la mettre sous veilleuse – du moins, pendant sa législature ? », etc.

Ainsi, aujourd’hui, certaines associations qui secouraient des « sans logis » se recyclent, du fait même que le représentant du pouvoir qui les subventionne mise, médiatiquement, sur cette priorité : dans la formation des exclus ! 11 Par ailleurs, supputant son rejet des « manifestations » intempestives – qui trahissent, à ses yeux, l’existence de « ça ne va pas ! » -, elles cessent illico leurs manifestations revendicatives ou les rendent, dans les meilleurs des cas, « light » ou carnavalesques ! Enfin, elles le soupçonnent de ne point apprécier des travailleurs sociaux qui pensent , du même coup, ils s’attellent à lui témoigner et prouver qu’ils ne pensent pas, voire qu’ils n’ont jamais pensé !

Ce ne sont donc plus les situations sociales ou les « ça ne va pas » qui commandent la pratique/éthique de ces associations, mais les désirs obscurs du représentant de leur pouvoir subventionnant ! Nous sommes assurément là en présence, du chef de ces associations, d’une « politique en extériorité », d’une politique en rapport aux diktats de l’Etat. La « politique en intériorité » ou en rapport avec les « ça ne va pas » ou « réels » des « gens » y est donc forclose.

Voilà donc les raisons majeures qui nous ont conduit à lancer cet « Appel à la création d’une Organisation Politique des Travailleurs Sociaux ».

Avant de terminer, quelques éclaircissements par rapport à l’intitulé de notre appel et plus précisément sur les termes d’ Organisation Politique.

Organisation Politique . Il ne s’agit nullement de viser la constitution d’un parti. Il ne s’agit nullement de viser la gestion du « social ». Il ne s’agit nullement de viser la représentation des travailleurs sociaux. Il ne s’agit donc nullement de viser le pouvoir.

Il s’agit, à nos yeux, d’une organisation susceptible de se porter comme Bergère du « réel », « de ce qui cloche » et/ou de « l’intime ». En d’autres termes, nous concevons l’OPTS comme un espace de travail susceptible d’accorder non seulement une place, écoute aux incomptés (subjectivité, non-rapport, symptôme, exclusion, singularité, libertés, intériorité, unicité…) du compte Evaluateur, administratif et politique, mais aussi de porter, courageusement, ces incomptés dans la Cité. 13

En ce sens, l’élaboration d’un « Manifeste des travailleurs sociaux » est incontournable.

Pour discuter de l’ensemble de nos arguments et de la constitution de l’OPTS, une première réunion est prévue le MERCREDI 9 MARS 2005 A 19 H 00’ A L’AUBERGE DE JEUNESSE « JEAN NIHON » sise RUE DE L’ELEPHANT 4 à 1080 BRUXELLES (MOLENBEEK). (Pour les personnes qui sont dans l’impossibilité d’être présentes à cette réunion et qui, néanmoins, partagent notre projet, elles peuvent nous envoyer un mail à l’adresse suivante : b_merieme@hotmail.com.

En vous remerciant de l’attention que vous aurez porté à ce présent Appel et en espérant vous rencontrer le 9 mars pour en discuter, nous vous prions d’agréer nos salutations les plus distinguées.

BEN MERIEME M.

KNUBBEN S.

VANHOOLANDT D.

HUYSMANS D.

CHAHED S.

LAZGHAB H.

Travailleurs sociaux.

1 . Sachez que si vous disposez de ce présent « Appel », ce n’est nullement par hasard ! C’est du fait même que les travailleurs sociaux, à l’origine de cet « Appel », vous supposent un certain savoir quant à leur projet.

2 . Il s’agit d’une paraphrase d’un paragraphe de J-A. MILLER.

3 . Certains d’entre nous travaillent depuis plus de 17 ans !

4 . Il nous est, ici, impossible de tracer l’ensemble des conséquences sordides qu’a l’Evaluation sur le travail social en tant que tel. Nous nous permettons de vous renvoyer au numéro deux de la revue Hiatus : « Evaluation et asservissement du travail social », semestriel, janvier-juin 2005.

5 . Sensible aux misères des « exclus ». Sensible à la souffrance mentale. Sensible à l’histoire des sujets. Sensible à l’horreur locative qui sévit en région bruxelloise. Etc.

6 . « Ne vous attachez pas affectivement ! » Tel est l’impératif catégorique adressé par un représentant du pouvoir à l’adresse d’un des travailleurs sociaux du dispositif social.

7 . Jacque-Alain MILLER in Michel Foucault, Philosophe , Rencontre internationale, Paris 9, 10, 11 janvier 1988, Seuil / travaux, 1989, p.300, nous soulignons.

8 . Cf. le tableau d’HOLBEIN : Les Ambassadeurs . Face à ce tableau où la vanité fait florès, un point d ’anamorphose est pourtant présent. Pour le voir, il faut se distancer quelque peu du tableau et sous un certain angle apparaît une tête de mort . C’est précisément le point d’anamorphose, social et individuel - non rapport de classes, antagonisme social, « société duale », exploitation, « division du Sujet », « symptôme », etc. -, que l’Evaluation s’évertue précisément de forclore ou de mettre au rancart.

9 . « Clients » est un terme utilisé par certains chercheurs en sciences sociales.

11 . La formation est donc un marché social , pendant cette législature, qui peut rapporter « gros » ! Certains ASBL, par ce recyclage, ont ainsi vu leur subvention annuelle grimper ! Les malignes !

12 . Cf. note 10.

13 . Il ne s’agit pas, par ailleurs, de vouloir un syndicat ! Le propre d’un syndicat est la transaction ! Or, face au « réel », à « l’intime »…, des transactions sont-elles possibles ? Ni non plus d’un « Comité d’éthique » ! En effet, ce dernier se caractérise d’être un berger non pas des « pestes » (non rapport, symptôme, antagonisme…), mais des « semblants » ou « valeurs » qui les voilent.

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