Alain Bozza.
Pour une clinique du sujet de la citoyenneté
dans les psychoses.
Et
Institution et accompagnement psycho-social
dans la clinique des psychoses.
Et en sous-titre
25 ans d’expérience au CHRS H. Wallon
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Deux ouvrages publiés en 2022 aux éditions l’Harmattan présentés au séminaire de l’@psychanalyse le samedi 1 octobre 2022.
Mai 2003, l’ancien CHRS H. WALLON, ferme les portes de ses appartements disséminés dans la ville de Montpellier après 25 ans d’existence, alors que la loi de 2002 qui instaure l’exercice des droits du citoyen et l’état de droit dans les institutions du social et du médico-social, vient d’être voté, légitimant à mon sens, politiquement et juridiquement, l’invention par l’équipe d’une clinique d’accompagnement dans le social de sujet souffrant de psychoses orientée par la psychanalyse. Je raconte dans un livre à deux tomes, préfacés par Augustin Menard, comment la référence à S. Freud, D. Winnicott et J. Lacan nous ont éclairé pour construire une clinique du sujet dans les psychoses, une clinique répondant à la promesse d’émancipation du sujet de la citoyenneté de notre régime politique.
L’ancien CHRS n’existant plus dans la nouvelle configuration de la « plate-forme Wallon-Lainé » et dans un souci de transmission, « transmission de l’impossible », comme l’écrit S. Freud, que J. Rouzel rappelle dans l’argument du séminaire de cette année, j’ai entrepris de raconter l’histoire de cette institution à la création de laquelle j’ai eu la chance de participer puis d’y travailler jusqu’à sa fermeture définitive.
Mais l’actualité du moment m’a aussi incité à raconter cette histoire, moment où l’évacuation du sujet parlant et en conséquence « l’oublie de l’être » s’aggravent. La logique ordonnée par la rationnalisation administrative et technique s’impose dans la praxis institutionnelle et objectalise l’être humain. Dans ces deux ouvrages je raconte comment tout au long de ces années l’équipe découvre peu à peu les traits de la clinique des psychoses et ainsi invente une praxis institutionnelle orientée par la psychanalyse. Une praxis sociale-clinique qui restaure la valeur de l’expérience dans l’existence humaine et dans sa condition de « parlêtre ». Une clinique dont le discours, celui de la psychanalyse, doit retrouver sa place dans l’état de droit qui est l’ossature de notre régime républicain et démocratique, car elle répond à sa promesse politique, celle de l’émancipation du sujet citoyen.
LA NAISSANCE en bref,
Rencontre entre un professeur et des étudiants
Le projet germe sur les bancs de l’U P V, entre un Professeur de psychologie de l’enfant et de l’adolescent, mais aussi parents de deux enfants « malades mentaux », Fernand Olivier, et quelques-uns de ses étudiant, dont j’étais. Après quelques années de gestation, plusieurs appartements ouvrent leurs portes dans la ville de Montpellier en 1978 et accueillent une dizaine de personnes « malades mentales » sortant de de séjours au très long court en hôpital psychiatrique et en demande de retrouver une place dans la cité.
Frappé d’une claudication congénitale.
L’administration, après quelques années de tergiversation accepte d’agréer le projet des fondateurs en tant que CHRS mais à titre « expérimental ». Car en effet, outre son caractère totalement novateur à l’époque, cet agrément est frappé d’une claudication congénitale qui s’aggravera au fils des années, jusque ce qui soit prononcé, 25 ans plus tard sa fermeture.
Cette inscription était bancale car les fondateurs tenaient à ce que les personnes « malades mentales » accueillies dans ces appartements relèvent du secteur social alors que pour l’administration elles ne pouvaient relever que du secteur sanitaire.
Fort heureusement le poids politique de l’association gestionnaire, l’APJH 34 compensera durant toutes ses années et ainsi l’équipe du CHRS bien que boitant parviendra à inventer un accompagnement clinique de sujet souffrant de psychoses dans le social et dans le travail. C’est que l’éclairage de la psychanalyse mettra en pleine lumière le caractère pertinent de cette position entre les deux.
L’université : un creuset.
Le département de psychologie est alors, après les journées de mai 68, un creuset d’idées et de courants de pensées dans lesquels les fondateurs puiseront leurs inspirations.
Ils se font les héritiers de mouvements et de courants qui depuis plusieurs décennies dans le champ de l’institution psychiatrique, mais pas seulement, en France, en Europe et aux Etats Unis mettent de plus en plus en pleine lumière les effets négatifs du traitement institutionnel sur le « malade mental ». La « renfermerie » aggrave non seulement la symptomatologie mais aussi elle l’exclut de la société. Parmi ces courants, celui de la « psychothérapie institutionnelle » qui marquera profondément la transformation de l’institution traditionnelle en s’orientant de la psychanalyse et celui de l’anti psychiatrie, anglaise et surtout italien. Des voyages que nous ferons alors en Angleterre et en Italie nous rapporteront dans nos bagages beaucoup d’idées et surtout la conviction forte que notre projet d’appartements était viable. Nous en visiterons dans différentes régions d’Italie notamment celles dans lesquelles, la politique de sectorisation avait vidé les hôpitaux de leurs malades.
La création de l’ancien CHRS se situe donc au croisement de deux événements exceptionnels dans l’actualité de notre culture.
L’histoire de la folie.
Le premier concerne la place du fou dans notre société : après deux siècles de grand renfermement, le fou devenu « malade mental », retrouvent la liberté. Des slogans fleurissent, « la liberté est thérapeutique, pas de travail thérapeutique sans liberté… ». « L’homme de raison » et « l’homme de folie » selon les expressions de M. Foucault peuvent à nouveau se rencontrer dans la vie sociale.
Le Centre H. Wallon se propose de s’interposer entre les deux avec une question majeure, une rencontre est-elle possible ? Un dialogue est-il possible ? d’autant que le séjour en HP n’a pas guéri, « l’homme de folie » ? Quant à « l’homme de raison » se croyant débarrassé de la délicate question de la folie puisque le fou c’est l’autre, celui qui est enfermé derrière les murs, voilà que la proximité retrouvée avec ce dernier réactive une angoisse. La peur de la dangerosité du fou et de son imprévisibilité à nouveau le hante.
Les journées de mai 1968.
Le deuxième événement est politique : lors des journées de mai 68 une nouvelle revendication émerge, « le droit à la différence » et notamment celle que constitue le « malade mental » jusque-là condamné à une vie de « reclus » et d’exclus.
Cette revendication est politique, car elle témoigne d’un désir des citoyens que les droits de l’homme et du citoyen soient effectivement exercés
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Par conséquent « le malade mental » n’attend plus d’être guéri pour faire la demande de retrouver une place parmi ses concitoyens, ni d’ailleurs sa famille, ni l’équipe de la psychiatrie.
Ces deux événements s’articulent dans notre réflexion à une autre révolution, freudienne celle-là, qui donne au « malade » un statut de sujet parlant, ce « sujet qui n’est pas maitre en son logis ». « S. Freud, dit R. Gori, lui rend sa dignité et sa responsabilité car le sujet humain est responsable de ce qui lui arrive, mais cette responsabilité est inconsciente »
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Une institution inédite.
L’institution H. Wallon est inédite car en se dispersant dans la cité, elle subvertit l’institution traditionnelle et sa logique, binaire, homogène, normalisante et excluante, mais aussi son organisation, très compartimenté par pathologie et avec une hiérarchie très verticalisée, qui fait du soignant un pur exécutant. L’Institution crée sera fondée sur les notions d’intermédiaire et de transition et la croyance en l’efficacité symbolique de la parole. Ainsi la délibération sera permanente au sein du collectif. Ce lieu « abstrait », selon l’expression de J. Oury où s’élabore depuis le témoignage de chacun des membres de l’équipe la praxis institutionnelle qui transcende la pratique. De plus la libre circulation de la parole a la fonction de lier les bouts éparpillés de cette institution. Aussi l’institué se fondera sur la responsabilité de l’accompagnant en tant que sujet parlant et en conséquence sur une hiérarchie de coordination. Je parle de ce point dans mon deuxième ouvrage.
En articulant la dimension politique à celle de la clinique, cette institution inédite se propose de créer les conditions cliniques, sociales et politique, afin de répondre à une double fonction, d’une part celle de sas, de pont, afin que chaque personne hébergée, que nous appelions « stagiaire », puisse passer d’une longue vie de « malade » et de reclus à l’hôpital psychiatrique à la vie dans la cité parmi ses concitoyens et d’autre part celle de rendre possible la rencontre entre « l’homme de raison » et « l’homme de folie ». Assurant cette double fonction l’institution est le vecteur du travail psychique de symbolisation des effets subjectifs de la rencontre entre « l’homme de folie » et « l’homme de raison ». C’est à la condition de ce double travail dialectique que chaque stagiaire peut trouver ou retrouver une place, sa place parmi ses concitoyens. L’institution n’est plus conçue comme une défense contre la folie mais un lieu d’interrogation sur l’altérité et plus précisément sur l’altérité absolue que constitue la folie au cœur de l’être humain.
Après cette mise en perspective de l’histoire de la folie et du contexte socio politique je raconte comment l’équipe depuis un projet dit « pédagogique », ou thérapeutique découvre chemin faisant, crises de la demande d’insertion dans le lien social après crises, ratages après ratages, les différents traits cliniques de la question du sujet dans les psychoses et remanie, à la lumière de la psychanalyse, entièrement sa praxis.
3 Postulats posés dès la création de l’ancien CHRS seront au cœur de la praxis institutionnelle et clinique durant ces 25 ans.
1) Lors de la période de gestation du projet, l’appellation de « stagiaire » est retenue pour nommer les personnes hébergées sur les futurs appartements. Après les termes de résident, malades, celui de sujet sera rejeté par un participant par ailleurs hospitalisé en Hôpital psychiatrique : « ah non, dit-il, sujet, ça fait sujet du roi ! ».
Le signifiant « stagiaire » se situait au point de croisement entre le projet socio politique et le projet thérapeutique et clinique, celui où se pose la question du sujet.
Question cruciale car dès l’origine est postulé qu’il y a du sujet parlant dans les psychoses et ainsi la demande de s’insérer qu’adresse le stagiaire à l’équipe sera prise au mot. Crédibilisant la parole du sujet souffrant de psychoses. Sa parole fait pour l’équipe acte de langage. Par décision éthique il est posé que le stagiaire est dans la demande. A quelles conditions cette prise à lettre de la demande peut-elle faire acte de passage pour chacun des stagiaires ?
Dès son admission il est invité à s’immerger dans la vie quotidienne et à « vivre avec » ses cohabitants et les permanents, mais aussi dans la vie sociale et celle du travail ordinaire tout en étant entouré par l’équipe. L’immersion est immersion dans une langue et dans un réseau de relation par le biais d’activité les plus diverses. En prenant son énoncé au pied de la lettre, l’équipe considère alors que pour s’engager dans la voie de son insertion sociale et professionnelle la concrétisation lui est nécessaire. Concrétiser signifie implication dans un faire qui met en jeu le corps, le corps pulsionnel avec ses effets de jouissance et de parole. Cette concrétisation est posée comme nécessaire mais pas obligatoire, d’où la demande que chacun doit adresser pour être admis.
Cette concrétisation dans ce premier temps de la praxis, répondait à la visée du projet pédagogique ou thérapeutique, soit « l’accroissement de son autonomie » afin de pouvoir vivre parmi ses concitoyens. Cette visée sera dans un premier temps entendu au sens d’une prise de conscience des acquisitions nécessaires pour se conduire dans la vie en société. Mais il sera constaté que les « progrès » si gratifiants pour l’équipe, tiennent à l’ambiance des relations et
in fine
au transfert. Alors la logique linéaire sera abandonnée et dans la re-définition du mot « autonomie », la notion de sujet sera située dans la relation transférentielle à l’autre, hétéronome, dans l’espace intersubjectif, dans le champ de la demande, du besoin et du désir, où se déploie une parole de vérité. Passant de la question de la réalité à celle de la vérité.
Le signifiant stagiaire véhicule aussi l’idée d’un temps nécessaire à chacun après de si longues années d’hospitalisation, pour transiter, d’un mode de vie à un autre, d’un état psychique à un autre. Les impasses psychiques du temps vécu et du processus d’historisation imposeront le temps transitionnel qui suspend le temps linéaire pour s’ouvrir au temps subjectif.
Deux trajets
Dans sa fonction d’intermédiaire-transitionnelle, l’institution proposait à chacun de suivre deux trajets l’un social et l’autre dans le monde du travail.
Sur le trajet social, le stagiaire est invité à passer d’un appartement à l’autre. Il lui est proposé de faire l’expérience de 3 modes de permanence différente sur trois appartements différents, présence continue, présence discontinue, présence intermittente.
Et un cursus d’entrée pas à pas dans le monde du travail. Les expériences tentées ou pas par leurs effets interrogent la demande de travail de chacun mais aussi le sens donné à ce signifiant travail.
Je décris ces deux cursus et les questions posées dans le deuxième ouvrage.
L’intermédiaire et le transitionnel.
La praxis institutionnelle et le dispositif d’accompagnement étaient fondés sur la catégorie de l’intermédiaire et du transitionnel, soit une pensée de l’espace et du temps qui inclut le vide médian, le trou, l’inconscient, lieu d’émergence d’un sujet, celui qui est dessous, le sujet de l’inconscient. Dans cet abord la fonction de médiatiser est voilement du vide. La lecture de D. Winnicott s’avérera dans cette clinique, chemin faisant des plus judicieuse
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La défense psychique.
Le signifiant stagiaire spécifiait aussi le souci clinique de respecter la défense psychique si déroutante de ces sujets, d’abord nommé « déni », puis « rejet, abolition » et enfin « forclusion du nom du père » en posant que l’on ne peut faire du forçage en obligeant le stagiaire à prendre conscience de sa maladie ou de sa psychose et de ses effets sur ses capacités ou compétences sociales et professionnelle.
La reconnaissance de ce vide médian, remplit la fonction d’autoriser chacun des interlocuteurs du stagiaire à se déplacer, à aller d’un pôle à l’autre, bref à jouer entre ces deux pôles, social et « maladie ». Dans le pas de côté qui s’esquisse dans l’écoute de la demande, l’énoncé de l’objet de cette demande, dans sa fonction de médiation imaginaire, se présente en tant que prétexte, que
pré
d’un texte que chacun des stagiaires tentent d’écrire, que
pré
d’une demande d’un besoin, d’un désir qui lui serait propre.
Prendre de biais la défense psychique telle était l’idée. Là à mon sens se situait le défi et le pari le plus audacieux.
Dans la praxis institutionnelle cette position d’ouverture au vide, au sujet de l’inconscient, instituait dans le trajet de chacun de vivre l’expérience de la discontinuité et de la différenciation entre par exemple le dedans et le dehors, ainsi chaque appartement était un lieu institutionnel simultanément dedans et dehors, mais aussi entre présence et absence de la permanence
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sur les appartements et dans tout accompagnement dans les expériences les plus banales de la vie quotidienne, sociale et professionnelle.
Mais aussi l’expérience de l’hétérogénéité
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du milieu.
Aussi l’institution était pensée comme un réseau de relations transférentielles, une trame sur laquelle chaque stagiaire, trouvant une place sa place, pouvait tenter et vivre les expériences de la discontinuité et de l’hétérogénéité, bref se lancer dans l’aventure.
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L’institution assurait ainsi la fonction de « tenant lieu d’expérience transitionnelle, d’espace-temps potentiel, d’espace-temps de jeu », au sens du
playing
, en référence à D. Winnicott.
L’enjeu de cette praxis fondée sur l’idée d’immersion et de concrétisation et par conséquent sur l’hétérogénéité du milieu est que chacun des stagiaires soit libre. Libre d’aller et venir, de faire des tours et des détours et ainsi prendre le risque par le biais d’expériences de rencontrer des partenaires dans le champ du social et du travail.
Cette clinique se démarquera de toute conception déficitaire de la psychose.
La question politique
L’interpellation inaugurale de ce participant, « sujet ça fait sujet du roi » ne cessera de nous mettre au travail sur la question du sujet dans les psychoses mais aussi sur la question politique qui transcende notre projet. Et nous réaliserons que nous étions bien en retard d’une révolution politique celle-là !
Néanmoins bien avant le vote de la loi de 2002-2, l’éthique psychanalytique du sujet, mais aussi notre sensibilité politique, nous avez fait changer de régime politique dans la vie institutionnelle en donnant un statut au langage et à la parole. Assujetti à la communauté des citoyens, le sujet de la citoyenneté est aussi assujetti à l’ordre symbolique qui le divise et le place devant un hiatus. C’est depuis cette position subjective qu’il peut s’émanciper (du latin
emancipare,
s’affranchir de l’autorité paternelle) en devenant sujet de sa parole. Or pour le sujet dans les psychoses, s’affranchir de la demande de l’autre nécessitera que l’équipe opère une inversion en inscrivant la demande dans le champ de l’Autre.
Ce changement de régime politique, qui fait du langage et de la parole l’essence du lien social et politique, sera d’autant plus déterminant que le sujet dans les psychoses est plus parlé qu’il ne parle comme le précise J. Lacan.
II) Le deuxième postulat sonne comme un slogan de l’ancien CHRS.
La double modification réciproque.
Accompagner chaque stagiaire afin qu’il trouve ou retrouve
sa
place parmi ses concitoyens, ce que signifie l’étymologie latine du signifiant insertion, dans la cité suppose qu’une double modification réciproque opère, tant du côté de « l’homme de raison » que de celui de « l’homme de folie », pas l’un sans l’autre, ou comment être « séparé ensemble » dans la vie sociale.
Du côté de « l’homme de raison », la proximité avec « l’homme de folie » réveille, réactive un sentiment d’inquiétante étrangeté, « une variété, dit S. Freud, de l’effrayant qui remonte depuis longtemps au connu, depuis longtemps familier » rompant ainsi la dichotomie « homme de raison » « homme de folie ». Mais la présence effective, en corps, et confiante d’un accompagnant est nécessaire pour l’interlocuteur ou partenaire du stagiaire afin d’éviter à ce dernier le destin du bouc émissaire. Ce qui ne manquera pas d’arriver quelques fois malgré le lien confiant. Sans cette présence quasiment aucune expérience n’aurait pu être tentée, aucune insertion professionnelle réalisée.
Du côté de « l’homme de folie ». Dans son hypothèse clinique le projet dit pédagogique (thérapeutique), se référant à S. Freud et H. Wallon (F. Olivier étant wallonnien) propose dans la visée « d’accroissement de l’autonomie », de s’engager avec le stagiaire dans un processus qui vise à « réamorcer le processus psychique » inconscient d’entrée dans la réalité, de reconstruction de la réalité en déployant sur « l’Autre scène » la trinité oedipienne. Ainsi l’équipe dans le
vivre avec
du quotidien assurent disions-nous alors, jouant de l’homophonie du mot permanent, une fonction de « peremaman ».
Or dès les premières années les impasses tant sociales que psychiques mettent en échec la perspective psychogénétique d’une reconstruction de la réalité
Réalité dont S. Freud, dit que le sujet psychotique la reconstruit, « une nouvelle réalité à laquelle, dit-il, à la différence de celle qui est abandonnée, on ne se heurte pas »
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Ce constat conduira à distinguer la réalité commune et partagée et la « réalité psychique ».
La perspective psychogénétique est abandonnée.
Par conséquent la perspective psychogénétique, développementale sera abandonnée pour une perspective structurale qui met l’accent dans sur la réalité psychique propre à chacun et les effets subjectifs que l’expérience fait surgir, sur le réel de l’expérience
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Demande, besoin, désir, le manque
Ainsi les impasses psychiques et dialogiques nous imposeront l’énigme du sujet par de là l’énoncé de la demande qu’il nous adresse.
C’est que les ratages nous posent une première question. De quoi manque le stagiaire puisque la réponse sociale censée le satisfaire, révèle une insatisfaction, révèle l’existence d’un au-delà de la satisfaction de ce qui est énoncé comme étant l’objet qui manque. Un manque énoncé dans la demande comme une impératif et une urgence, ce que signifie le signifiant « besoin ». Revisitant ces trois signifiants majeurs, du lien intersubjectif, mais aussi du lien social, que sont la
demande, le besoin et le désir
, la psychanalyse et notamment celle de J. Lacan nous apportera un éclairage décisif pour y repérer les différentes dimensions dans lesquelles nous sommes convoqués dans cet accompagnement social et clinique. Redéfinissant la notion de sujet en tant qu’il est divisé mais aussi structuré par une insatisfaction fondamentale, un manque à être correspondant au désir.
Ainsi dans un premier pas la distinction demande consciente et demande inconsciente, permet de situer les deux demandes auxquelles dans cet accompagnement nous avons à répondre. Les ratages dans la réponse sociale donnée nous renvoie à une autre demande, une demande d’amour que nous percevions intuitivement. Nous franchirons un pas lorsque, dans et par le travail d’analyse de la pratique, chacun entendra que pour le sujet dans les psychoses, la demande inconsciente d’amour, dont l’envers est la haine, est « à ciel ouvert » et de plus qu’elle l’aliène au désir d’un Autre. Aussi l’amour est un amour sans fond, et le manque à être, consécutif au refoulement dans la névrose se présente pour le stagiaire comme un manque de manque à être. La dimension de l’être et ce qui le fonde dans son humanité même s’impose.
Car en effet dans l’énonciation du stagiaire de l’objet qui lui manque et dont il attend une réponse sociale, soit un logement, le travail, cet objet social se présente comme si c’était bien le tout de ce qui lui manque.
De plus nous entendons dans son énonciation que la demande qu’il nous adresse n’est pas la sienne mais celle d’un autre. Un autre qui lui demande de demander, « de vivre comme tout le monde, de travailler…. ».
Ainsi il apparait que le sujet dans les psychoses n’a pas de demande en propre. Il est le porte-voix d’un Autre désirant, dont il se soutient entièrement.
C’est dans le travail d’analyse psychanalytique de l’énigme que le sujet représente pour chacun, de l’inconscient de l’Autre, que se découvre son propre inconscient
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comme le dit J. Lacan. Puis pour entendre que les scénarios de son histoire familiale s’actualisent à « ciel ouvert » dans le transfert avec l’accompagnant. Mais de ce jeu à « ciel ouvert », le stagiaire ne peut en faire l’analyse.
Repérer cet enjeu de la demande dans le transfert se révèlera capital.
L’autre et l’Autre.
Ainsi nous entendrons par de là le « mur du langage » que c’est bien la demande de l’Autre, en tant qu’elle est demande d’amour qui porte le sujet. Il est son porte-voix, voire il est cet autre, aliéné dans le désir de l’Autre. En conséquence il nous faut considérer, comme le dit J. Lacan que « la demande est un lien à deux », c’est-à-dire qu’il n’y a de demande qu’inscrite au champ de l’Autre. Distinguant par là même, le petit autre dont la présence en corps est si importante pour le sujet dans les psychoses et l’Autre qui lui semble étranger, tant lui importe la présence aimante effective, tant il s’appuie sur le désir de cet Autre.
Repérant cet enjeu, nous interpréterons alors que le ratage, en tant que surgissement du réel, signifie que ce que cet autre lui demande de demander ne lui va pas, ne lui convient pas…Non pas que l’amour ne lui convienne pas tout au contraire mais ce qu’il lui demande de faire ou d’être ne lui convient pas, donc ça coince !
Aussi après la distinction, petit autre et grand Autre nous distinguons les deux objets auxquels, dans cet accompagnement clinique-social nous avons à traiter, l’énoncé de l’objet de la demande et la demande d’objet, soit l’autre. Le petit autre dont la présence en corps est impérative pour le sujet dans les psychoses.
Mais l’équipe dans ce travail diacritique inverse son abord de la demande en considérant l’Autre dans le champ duquel toute demande se réfère dans son appel à un autre. Le grand Autre qui est « constituant de la position du sujet » en tant qu’il énonce une demande à l’adresse d’un autre.
Dans ce renversement, le travail avec tout partenaire du stagiaire comme par exemple la famille lorsque le stagiaire est d’accord et lorsque la famille le peut, prend un autre sens.
Car chaque stagiaire est inscrit dans de multiples histoires, dont celle de la famille est la plus marquante, mais aussi dans un réseau de relation c’est-à-dire de demandes qui lui sont adressées et qu’il adresse.
Ce renversement nous sera précieux pour comprendre bien des situations tant pour celles qui satisfont le stagiaire que pour celle qui ne le satisfont pas.
Et de constater que pris dans un réseau de demandes le sujet dans les psychoses erre de l’une à l’autre.
Précieux aussi pour se dégager de cet enjeu subjectif d’amour/haine, de se dégager de l’emprise du registre de l’imaginaire afin de déjouer les jeux de rivalités qui se produisent dans toute relation à l’autre.
Et chaque membre de l’équipe dans le travail d’analyse avec la découverte de son propre inconscient, se posera la question de savoir ce qu’il a raté dans l’écoute de la demande du besoin du désir.
Nous n’avions pas entendu que le sujet dans les psychoses dans son adresse, ne cherche non pas tant un destinataire qui lui trouverait la réponse sociale qui le satisferait. Non le ratage fait surgir une autre demande, celle d’un destinataire qui ait du répondant. Un destinataire qui réponde de son désir d’être là.
Jusque-là nous nous étions happés, capturés dans et par l’image du semblable.
Piégés dans le registre de l’imaginaire qui masque la différence véritable, la singularité, nous nous donnions à notre tâche car après tout il est bien normal, légitime que le stagiaire souhaite, « vivre comme tout le monde, avoir un logement, travailler…, bref exercer ses droits en tant que citoyen afin qu’il puisse vivre parmi nous.
Car cette aspiration venant de l’autre à lui chercher et à lui donner une réponse sociale, à faire don de sa personne est d’autant plus vive que le sujet est vraiment démuni.
L’équipe adresse une demande au stagiaire.
Nous comprenons alors que l’équipe adresse une demande au stagiaire, comme l’indique d’ailleurs l’intitulé officiel de l’établissement, la mission qui lui est dévolue par la société et à laquelle nous nous découvrons aliénés. Et de se rappeler à la boiterie congénitale.
Dans le travail diacritique portant sur la distinction demande, besoin, désir, le graphe du désir
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nous servira de guide pour situer dans quelle dimension le stagiaire nous convoque. Les ratages en nous ouvrant au deuxième étage situe ce lieu où en ratant le sujet dans les psychoses convoque chacun, ce lieu est celui de l’Autre, celui du désir.
Avec le deuxième étage du graphe du désir s’ouvre alors un nouveau continent celui de l’au de-là de la parole concrète, celui de l’au de-là du petit autre, le grand Autre, lieu du sujet désirant et de l’inscription de chacun dans le code. Les ratages nous enseignent que la dimension de l’être est le fondement de cet accompagnement. Cet être humain en tant qu’il est « un éternel insatisfait » mais un « parlêtre ».
Un remaniement s’opérera alors dans la praxis.
L’interprétation que nous faisons alors des ratages c’est que le sujet nous signifie que ce que l’autre lui demande de demander ça ne lui va pas, mais il ne peut nous le signifier autrement. Alors la question se posera de savoir que lui répondre ?
Les ratages ayant déchirés l’évidence naturelle.
Alors que se découvre peu à peu la problématique du sujet dans les psychoses sur du désir et du manque.
Un autre pas sur la réalité.
Durant les toutes premières années la visée d’un « accroissement de l’autonomie » est traduite comme visée d’un accroissement des capacités, des compétences sociales et par conséquent par une prise de conscience de la part subjective engagée dans toute expérience. Or l’équipe se trouvera là devant une autre impasse et même lorsque, dans le pas suivant, est délégué à l’expérience la fonction de lui apprendre et de lui faire prendre conscience, une nouvelle impasse se présente. Pire pour la plupart cette demande de prendre conscience fait injonction, appel au père. Etant convoqué par l’Autre à occuper une place dans le symbolique qu’il ne peut tenir, le sujet s’effondre. Certains, lors des toutes premières années, sont même réhospitalisés : ce qui jusque-là avait la fonction de tenant lieu ou de nouage se défait.
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Autre exemple, celui du passage d’un appartement à l’autre : les compétences acquises lors du séjour dans un appartement dont la permanence est continue s’effondre dans l’autre appartement dont la présence est discontinue. L’acquisition des compétences ne peut être dissocié du contexte et de l’ambiance qui y règne. Elle est l’effet d’un « environnement suffisamment bon », un effet du transfert d’amour qui soutient, porte le stagiaire.
Thèse que nous vérifierons dans toute expérience tentée dans le champ du social et dans celui du travail : Le choix de l’exercice d’une activité, d’un travail est déterminé en dernière instance par l’ambiance, l’atmosphère d’un lieu, le « pathique » comme le dit J. Oury
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La découverte de ce trait clinique contribue au passage de la réalité à la réalité psychique, comme je le notais plus haut.
Abandonner la perspective psychogénétique ne signifie pas que l’on ne soit pas attentif à l’histoire de chacun et au récit qu’il en fait, où que des membres de la famille nous font. Mais aussi comme je le disais à ce qui s’actualise dans le transfert. Or précisément il devient maintenant important que l’objet élu de ce transfert d’amour ou de haine ne le rejette pas mais en fasse l’analyse. Ainsi se découvre le transfert « multi-référentiel »
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qui fait de chaque membre de l’équipe un partenaire du sujet. Là se pose alors la question de savoir véritablement comment faire équipe.
Une nouvelle définition du signifiant « expérience ».
Dans le remaniement qui s’opère dans la praxis une définition plus précise du signifiant expérience est donnée. L’expérience n’est plus comprise au sens de l’expérimentation pour « faire ses preuves, prouver », apprendre et prendre conscience. Un nouveau sens dérivé de son étymologie latine s’impose. Du latin
périclitari,
faire un essai, s’essayer, risquer. Faire un essai, s’essayer, mais le fragment latin
periri
signifie risquer, être en danger. Par conséquent il s’agit de créer dans la relation d’accompagnement les conditions permettant au stagiaire d’essayer, de s’essayer et par là même de prendre un risque, celui de l’inconnu et de l’incertitude, trou dans le savoir que porte le fragment
per.
L’inconnu et l’incertitude des effets subjectifs de la rencontre avec l’objet d’une activité choisie. L’inconnu et l’incertitude de la rencontre avec un ou des partenaires. L’expérience est le lieu du réel.
De ces effets un savoir propre au sujet peut-il émerger ? Un nouage du réel, de l’imaginaire et du symbolique peut-il se construire ? Ces conditions se doivent d’être d’autant plus précises que, dans l’après coup, le stagiaire ne sait pas pourquoi ça rate. Ainsi l’équipe s’engage avec lui dans une tout autre voie, celle de l’émergence d’une vérité qui prenne la forme d’un dire, celle de la remise en selle du sujet dans les psychoses.
Dans ce qui rate le sujet nous manifeste, nous montre à voir, nous met entre les mains, dépose quelque chose que lui-même ignore, mais que nous ignorons nous aussi. Aussi le savoir de l’équipe est frappée de l’ignorance et de la méconnaissance, ce qui ouvre la place au savoir du stagiaire.
Une nouvelle visée : le mieux-être
Dans le remaniement qui s’opère dans la praxis
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un nouveau but est fixé, le « mieux-être », l’objectif, insertion sociale et professionnelle passe au rang de support, prétexte, médiation imaginaire, car une nouvelle disposition subjective s’est élaborée, il s’agit dorénavant « de prendre au sérieux l’énoncé de l’objet de la demande, mais pas au pied de la lettre ». Il s’agit de se tenir dans l’intervalle entre la recherche de la satisfaction du besoin qui est énoncé et signifié dans la demande et le désir.
…et une nouvelle demande de l’équipe à l’adresse du stagiaire se formule ainsi : tenter et vivre des expériences, sans y être obligé, afin qu’il puisse, découvrant et se découvrant, dire ce qui lui plait et ce qui ne lui plait pas, ce qui lui convient et ce qui ne lui convient pas, ce dont il sent capable et pas capable, ce qui lui est possible et impossible,
bref,
qu’il puisse s’éclaircir les idées, en savoir un peu plus quant à ce qu’il se veut dans son existence, sur ce qui fait sens.
Pour l’équipe l’expérience c’est un réel du sujet qui se
manifeste, se montre à voir, ou donne à voir, à écouter et à entendre
etc. Notons que le signifiant,
manifeste
a la même étymologie latine que le mot demande, de
manus
, qui signifie la main.
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Dans cette clinique la référence à la notion « d’aire intermédiaire d’expérience » sera précieuse, car se tenant dans l’ouvert, il s’agit de délimiter un « site », un « espace de jeu possible ».
Cette aire, cet espace-temps psychique, que Winnicott localise entre dedans et le dehors et que J. Lacan topologise avec la bande de moébius, se déploie dans le champ de la demande. Cette Aire, est le lieu psychique de « l’expérience culturelle de tout sujet humain » et plonge ses racines dans l’inconscient. Le signifiant expérience porte aussi le stagiaire, dans le choix d’une activité, à s’engager dans la recherche d’un objet susceptible de satisfaire la pulsion. D’un objet, « trouvé-crée » qui pourrait avoir la fonction de « l’objet transitionnel », d’un objet, métonymique, qui pourrait avoir la fonction de nouage, car au-delà de l’Oedipe, il existe, nous dit J. Lacan, dans RSI, de multiples manières de nouer.
Dans cette disposition subjective à l’ouvert, il s’agit de mettre en suspension, ce que les phénoménologues appellent, « l’époché », nos représentations a priori, nos connaissances, la chronologie linéaire, mais aussi de dédramatiser tout enjeu narcissique d’amour et de haine, de réussite, de progrès et d’échec. Se tenir dans l’ouvert, c’est aussi se tenir dans un présent qui fait don de sa présence en corps.
Dans les expériences que tente ou pas le stagiaire, le point d’appui du transfert d’amour de l’accompagnant est déterminant, Car l’expérience comme je le notais, présente une dimension d’incertitude et d’inconnue, un trou et par conséquent présente aussi un danger, comme les manœuvres dilatoires du stagiaire, les ratages, les passages à l’acte, nous le signifient. Mais ce danger et sans doute le plus grand n’est-il pas celui de décevoir cet autre qui lui demande de demander et par là de perdre l’amour de cet autre dont il se supporte entièrement dans son existence.
A l’Autre institutionnel de l’accompagner dans une recherche et de faire le travail de lecture, d’interprétation et depuis l’analyse du transfert d’en restituer quelque chose au sujet.
L’équipe se propose d’accueillir et de répondre depuis ce grand Autre, lieu du code, et du désir garant de la vérité.
C’est que le sujet dans les psychoses est extrêmement sensible a la manière dont l’autre se tient devant lui, à l’énoncé qu’il lui adresse et surtout à son énonciation. Bref, à son désir d’être là içi et maintenant, avec lui nommément.
Le savoir de l’Autre.
Est-il possible qu’il en sache plus que ce que nous lui supposions jusque-là sur ce point de savoir ce qu’il se veut dans sa propre existence ? En savoir plus sur ce qui lui plait, lui déplait, sur ce qui lui convient ou pas sur ce qui lui est possible ou impossible… ?
Oui c’est possible et nous découvrons alors stupéfait qu’il en sait bien plus que nous le pensions.
Aussi nous l’accompagnons dans un nouveau récit, une nouvelle écriture ce qui a des effets d’apaisement pulsionnels, de subjectivation, d’un « mieux-être ». Cette nouvelle écriture est celle de son projet existentiel à lui et non plus celui des autres, celui de l’Autre du social, ou autrement formulé aussi, ce texte que chacun écrit est celui d’une demande propre qui s’élabore. Demande dans laquelle il parvient à articuler ce qui lui possible et ce qui lui impossible, en prenant appui sur le désir de l’accompagnant et sur les mots qu’il lui traduit.
Ce qui suppose qu’un déplacement s’opère avec J. Lacan, en passant de l’amour au désir.
Au désir qui se déploie dans la relation à l’autre, en tant que s’y articule, comme le dit J. Lacan reconnaissance du désir et désir de reconnaissance.
Impasse du désir pour le sujet psychotique,
Le point d’appui de l’Autre désirant s’impose dans cette clinique, car le désir pour le sujet dans les psychoses se trouve dans une impasse. L’opération de la forclusion du nom du père n’ayant pas eu lieu dans le temps voulu, le désir reste à l’état primaire, « inconstitué ». Aussi c’est sur le désir de l’accompagnant que prend appui le stagiaire pour prendre le risque de tenter une expérience.
Mais aussi pour s’éclaircir les idées, et
in fine
pour choisir.
C’est que l’objet du désir, l’objet a, est aussi l’objet cause du désir, l’objet qui fait causer le sujet. Pour J. Lacan la remise en selle du sujet dans les psychoses, du sujet désirant, n’advient que par la parole.
Du réel qui surgit de l’expérience l’équipe se tient dans la disposition subjective d’accueillir les effets subjectifs et s’engage avec le stagiaire dans un travail de mise en mot ou symbolisation
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des effets pulsionnels ou de la jouissance. L’accompagnant supplée aux impasses du processus secondaire ou de la symbolisation en faisant un travail de tri et de traduction des effets subjectifs qui surgissent. Travail de traduction en proposant des signifiants que le stagiaire agrée ou refuse. Ce travail de tri symbolique et de traduction est constant dans cette clinique.
Par conséquent le point d’appui du transfert de l’accompagnant, de son désir dans ces tentatives et dans ce travail est décisif.
Dans le pas de côté qui s’est opéré la dimension de l’être devient prépondérante.
L’équipe passe donc en une quinzaine d’années de la question de la réalité, à celle de la « réalité psychique » puis à celle de ce qui est vrai pour chacun, soit la vérité.
La vérité comme le dit J. Lacan, dans « Télévision », « la dire toute c’est impossible, matériellement : les mots y manquent »
Dans le même mouvement s’amorce, dans les toutes dernières années, le passage, devant les impasses du désir dans les psychoses, du sujet de la demande et du désir au sujet de la pulsion et de la jouissance.
Je témoigne d’une situation d’accompagnement, dans le deuxième tome, dans lequel il n’y a pas d’émergence du sujet.
III) Du trou de l’intermédiaire au trou du symbolique.
Postuler qu’il y a du sujet dans les psychoses, du sujet au sens de la psychanalyse, c’était à l’origine l’autre défi et l’autre pari que se donnaient les fondateurs. Avec ce postulat, la folie comme l’écrit J. Lacan dans le séminaire III, est vécue dans le registre du sens. Mais dans un premier temps de notre praxis, le sens est celui du sens commun. Et la démarche aura un aspect adaptatif, bien que le refusant. Mais les ratages déchirant l’évidence naturelle du sens commun, imposerons l’énigme du sujet et la recherche d’un sens singulier.
Cette recherche suppose d’inscrire la demande au champ de l’Autre, soit une écoute du point d’à côté et une destitution de la place de tout savoir, qui met l’équipe en place de stagiaire. Ce remaniement n’aurait pu s’engager sans que soit reconnu la fonction du langage et de la parole dans l’économie du sujet parlant. C’est que peu à peu s’est imposé le passage du registre du signe et de la signification, le discours commun, « discours de la réalité qui nous est commune »
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, « la parole vide », « le moulin à parole » que J. Lacan situe sur le premier étage du graphe du désir, « à celui du signifiant, du sens et de la création », de la « parole pleine » qu’il situe sur le deuxième étage.
C’est qu’en s’ouvrant au savoir du stagiaire, l’équipe se déplace de la question du sens singulier en tant qu’elle est celle de la vérité. La question est cruciale et portera sur les conditions qui permettent qu’une parole « pleine » émerge. De la notion d’autonomie redéfinie, est attendue du stagiaire un dire.
Les ratages de l’énoncé de l’objet de la demande plutôt que de mettre en question la crédibilité de la parole du stagiaire interroge sur ce que parler implique. Alors à la distinction ordinaire entre dire et faire se substitue les distinctions acte de langage et action, puis « parole vide » « parole pleine », sujet de l’énoncé, sujet de l’énonciation, dis et dire.
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Ce postulat fondateur sera le cœur battant de toute la praxis institutionnelle, par l’attention portée à la parole de chacun mais aussi à sa place dans le champ interlocutif avec chacun de ses partenaires.
Aussi seront institué des instances de libres échanges de la parole, des scènes d’énonciations tant pour l’équipe qu’avec chacun des stagiaires.
Le contrat.
Comme par exemple la pratique du contrat à valeur dit « pédagogique » ou « thérapeutique ». Par ce biais est institué une place à chacun dans la relation intersubjective et interlocutive. Une place de sujet
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, une place symbolique. En instituant que chacun devient l’interlocuteur de l’autre, les crises de la demande et les crises dialogiques mettront en pleine lumière le fondement que constitue le pacte symbolique au contrat. L’équipe hésitera un moment à nommer pacte symbolique, le contrat. Car dans le remaniement de la praxis, l’équipe en se déportant du côté de la condition humaine du « parlêtre », côté du grand Autre, découvre la dimension d’égalité de cette condition humaine.
La signature du contrat chaque mois qui rassemble autour du stagiaire l’équipe de l’appartement, le psychosociologue et le chef de service, est un moment de ponctuation du travail d’historisation et de symbolisation.
L’attention portée à la fonction symbolique du contrat est présente dés l’origine avec notamment un article de ce contrat.
Cet article stipule que « toute rupture du contrat donne lieu à une discussion entre l’équipe et le stagiaire ». Avec cet article l’équipe tente de surmonter les crises dialogiques et ainsi d’éviter une exclusion.
Car les « ruptures du contrat » sont quotidiennes. Le réel surgit, le dialogue de sourd produit un effet de discordance et met en pleine lumière le hiatus de structure. L’irruption pulsionnelle non contrôlée a un effet de passage à l’acte. Parler, mobiliser le symbolique
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comme le stipule cet article du contrat, permet-il de suppléer à ces coupures parfois oui parfois non…dans ce dernier cas l’équipe décide alors de marquer dans le réel la limite posée par l’autre, la distinction entre le moi et celui de l’autre.
Autre exemple, lorsque que l’équipe découvre que ce n’est pas le règlement écrit qui fait barrage à la pulsion et à la jouissance qui bouillonne et déborde en permanence l’autre, mais le rapport que l’accompagnant entretient avec l’écriture du règlement, ainsi que le transfert à l’endroit du stagiaire.
Ainsi se découvre que c’est le sujet de l’énonciation, une parole travaillée par l’analyse du transfert et du désir, qui lui importe plus que les significations de notre langue.
Dans un premier temps de la praxis, cette « rupture du contrat » ne sera pas tant vécu comme un échec, que comme une crise de la demande, soit une manifestation que la demande de l’Autre ne lui convient pas.
Dans un deuxième temps, la « rupture du contrat » est rupture du « pacte symbolique ». La crise dialogique s’impose, le hiatus de structure est patent.
Instituer la loi langagière
Aujourd’hui le contrat à une valeur juridique et politique, aussi un tel article devrait y figurer instituant ainsi la loi langagière.
Car se pose quotidiennement la question de savoir, comment parler, comment lui parler ? quels mots utiliser et sur quel ton ? Ou comment se faire l’interlocuteur du stagiaire devant le constat que nous ne parlons pas la même langue ?
Cette attention à la place qu’il occupe, à sa parole à ce qu’il manifeste, et aux effets pulsionnels se doit être d’autant plus vive, que le sujet dans les psychoses est sans place. Position éthique qui s’avérera déterminante dans les questions posées par la manière dont chacun occupe cette place lorsque dans ce rituel du contrat nous le rencontrons. et nous introduira véritablement à la dimension du pacte symbolique qui est le ressort du contrat.
Alors la phrase de J. Lacan, tirée du séminaire III, nous éclairera, « Le sujet dans les psychoses a déraillé du symbolique… » il y est inscrit mais précise-t-il « Il est de traviole ».
Si cette déclaration de J. Lacan nous conforte dans le postulat originaire, elle attire notre attention sur un point clé celui du rapport au langage. Ainsi serons-nous introduits à ce que parler implique et au rapport que chacun de nous entretien avec le langage.
Par conséquent un déplacement du registre de l’imaginaire vers registre du symbolique se produit au fil des années et des crises dialogiques quotidiennes.
La désorganisation du langage
Un autre trait dans cette clinique du sujet met en pleine lumière et en crise le postulat originaire, celui la question de la crédibilité de sa parole, tant les discours incohérents, les néologismes, les néosémantémes, les coq à l’âne, etc…Le discours délirant, diffluent, mais aussi la logorrhée verbale ou à l’opposé le mutisme sont quotidiens dans les tentatives de parler de se parler. Il semble si démuni, perdu, nulle part que lui parler, dire, redire, expliquer, faire le tri symbolique, sont des actes langagiers nécessaires car ils l’inscrivent tout à la fois dans une position de sujet parlant et dans la relation transférentielle.
Nous ne parlons pas la même langue.
Par conséquent bien des tentatives de dialoguer dans le quotidien tournent au langage de sourd. De ces impasses dialogiques naissent le sentiment qu’avec le stagiaire nous ne parlons pas la même langue.
De dialogue, au sens de son étymologie, ou chacun, soumis au régime du refoulement, prend une part de l’autre, il n’y a pas.
Il y a entre « l’homme de folie » et « l’homme de raison » un hiatus de structure inéliminable.
Un travail sur la langue, celle du stagiaire, et sur la nôtre, s’impose et ce travail est du seul côté de l’équipe pour tenter d’être l’interlocuteur du stagiaire. Quels mots et sur quel ton lui parler tant son souci d’être compris est prépondérant ? Ou comment lui donner le sentiment de le comprendre tout en se gardant de comprendre ? L’enjeu est que l’énonciation puisse faire acte de langage, acte de passage.
Un idiolecte, la lalangue.
Mais quelle est cette langue dans laquelle chacun des stagiaires parle ? Et chacun à la sienne ! Chacun parle une langue qui lui est propre, personnel, un idiolecte, ce que J. Lacan appelle, la lalangue. Ce qui nous situe véritablement du côté de l’unicité, de la singularité !
Aussi c’est sous le régime du signifiant que nous l’accompagnons en adoptant une position d’ouverture tout d’abord à la polysémie et à la polyphonie des actes de parole de notre vocabulaire ordinaire pour se laisser guider par les significations qu’il donne lui-même depuis l’expérience qu’il tente ou pas. Quelle(s) signification(s) donne-t-il aux mots de son vocabulaire ?
Dans un premier temps de ce travail, les mots qu’il utilise sont ceux de l’Autre qui lui demande de demander.
Ainsi dans ses allers retours entre la famille et le centre il est déchiré entre les mots de la langue familiale et ceux de la langue institutionnelle.
Quelles significations donne-t-il à ces mots de la langue commune et du sens commun, comme par exemple au signifiant « travail » ?
Nous recruterons alors dans la nouvelle langue institutionnelle qui s’élabore, comme je l’ai noté, des trouvailles de stagiaires comme par exemple, l’expression « travail bénévole ».
Il parle de sa « maladie ».
Cette attention à sa langue, son idiolecte, lalangue, portera aussi sur la manière dont il parle de sa « maladie » et de ses symptômes ?
D’ailleurs nous nous poserons souvent la question de savoir de quelle « maladie » nous parle-t-il ? Et il apparait que lorsqu’il parle de la « maladie psychiatrique » il répète ce qu’il a lu ou ce qu’on lui a dit.
La défense psychique s’assouplit.
C’est que dans la durée d’un séjour bien des circonstances les plus banales de la vie quotidienne sont propices à ce qu’il se livre un peu plus, aussi à côté des entretiens formels, des entretiens informels s’improvisent selon l’état psychique du stagiaire du moment, du jour.
Ainsi nous constatons que la défense psychique si déroutante du stagiaire s’assouplit : il se livre et parle de la souffrance psychique et de la manière dont il s’en accommode plus ou moins bien dans son existence quotidienne. Comment il parvient à vivre avec et souvent même en se trouvant des activités.
Passage d’une unité à l’autre : vécu d’arrachement.
Autre aspect de la question de l’inscription dans le symbolique la manière dont chacun éprouve l’institutionnalisation de la discontinuité, par jeu de la présence absence du permanent sur l’appartement, mais aussi par le passage d’un appartement à l’autre.
Le passage d’un appartement à l’autre ainsi que la sortie du dispositif mettent en lumière que pour un très grand nombre ce passage cette coupure séparation est non symbolisée, car elle est vécue comme une rupture, un arrachement. Aussi l’équipe réorganisera la permanence entre appartements de telle sorte que le stagiaire prenne appui sur le transfert pour passer, pour franchir celle limite entre deux lieux différents, entre deux moments de son existence, entre des permanents différents ainsi que des cohabitants.
Travail de relais
De même lorsque le stagiaire quitte le dispositif pour mettre en œuvre le projet de vie qu’il a longuement préparé, un espace-temps transitionnel est aménagé avec l’autre équipe. Ce temps du passage de l’un à l’autre n'est possible que sous transfert et dans un temps qui lui est nécessaire afin de prendre appui sur le transfert d’amour des membres de la nouvelle équipe à son endroit. C’est le travail de relai.
S’articuler avec les différents partenaires du stagiaire.
Ainsi dans le travail avec les familles, avec les services hospitaliers nous autorisons le stagiaire à allers et venir. Il a la liberté de circuler entre ces différents lieux dès lors que tous les partenaires sont d’accord. Se faisant il vit des expériences différenciées entre ces espaces, entre ces différentes personnes, entre ces différentes ambiances et les différentes langues. Expériences qu’il éprouve à même son corps subjectif.
Il tente ainsi de marquer dans le réel ces différences.
Mais aussi nous entendons dans ces allers retours qu’il est très attentif à l’enjeu d’amour dans la demande que ces différents interlocuteurs lui adressent. Et lorsque ces enjeux parviennent à se dire alors nous percevons le stagiaire plus apaisé pour choisir par ex un mode vie, ou de ne pas travailler, assuré qu’il ne perdra pas l’amour de ces autres, amour sans lequel il s’effondrerait.
Objecter à la demande de l’autre
Mais dans ce travail avec ces différents partenaires et notamment avec ceux dont l’enjeu d’amour est capital, je pense là à la famille ou bien à un service de l’hôpital dans lequel le stagiaire a vécu de nombreuses années et par conséquent noué des liens transférentiels puissants.
Les ratages révèlent un autre trait dans cette clinique. Il ne peut objecter à la demande de l’un ou l’autre de ces autres qui lui intime d’être comme tout le monde, de travailler. Il ne peut objecter à leurs jouissances et ainsi ne peut s’émanciper de leur tutelle.
Alors pour ce faire il prend souvent appui sur le désir de l’accompagnant, quand ce n’est pas l’accompagnant lui-même qui fait objection à la demande de cet Autre.
Je raconte plusieurs situations d’accompagnement où cette pratique clinique est à l’œuvre, ce qui authentifie l’invention et le choix du stagiaire.
Le transfert psychotique.
Dans les toutes dernières années c’est le transfert du sujet psychotique à l’endroit de l’un des membres de l’équipe ou de plusieurs qui interroge. Il interroge par sa massivité pulsionnelle et déroute l’équipe qui ne sait comment le limiter. Car le stagiaire ni ne s’interroge ni ne cherche à en faire l’analyse. Il ne suppose pas un savoir à l’autre, c’est lui qui sait, il est dans la certitude.
Et nous glisserons du sujet de la demande au sujet de la jouissance.
Mais sur ce point aussi tout le travail est du côté de l’équipe.
D’où la nécessaire prévalence du collectif dans le travail institutionnel.
Appui sur l’état de droit
Dans le renversement qui s’opère dans la praxis, l’équipe en visant le « mieux-être » répond à la promesse de notre régime politique qui est celle, non pas de l’adaptation, mais de l’émancipation.
Aussi l’état de droit qui a été institutionnalisé ne peut-il être un point d’appui à l’équipe institutionnelle pour faire barrage à la jouissance sans limite au discours de l’Autre qui nous commande de nous adapter à un monde déshumanisé.
Faire appel au droit pour objecter à la jouissance de l’autre, pour « contrer, évider la volonté de l’Autre ».
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Pour terminer je vais raconter une vignette clinique très courte…
Un éducateur et moi-même sollicitons un résident
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pour un entretien dans le cadre du « projet personnalisé ». Au formalisme du face à face dans mon bureau il oppose une logorrhée qui dure trois quart d’heure. Une fois terminé il se lève et s’en va, nous laissant en plan. D’autres propositions de rendez-vous lui seront faites jusqu’à ce qu’un jour il nous réponde en ces termes, « Je veux bien vous voir, mais je veux que ce soit une conversation » ! Cette conversation, d’un style démocratique se tiendra bien mais dans un lieu de son choix.
1
Comme l’analysera C Fleury dans son ouvrage « Les pathologies de la démocratie » Paris, Fayard, 2005.
2
R. Gori, « Journal des Psychologues » n° 334 du 07 2016.
3
« Ce trou est le point par où, comme l’écrit J. Lacan dans RSI, nous pouvons décoller de cette pensée qui fait cercle..qui met à plat.. », qui horizontalise.
4
Le signifiant « permanence », vient du latin
permanere,
dans lequel, le fragment
per
, signifie le trou : la permanence est trouée par l’absence. On retrouve le fragment
per
dans le mot « expérience ».
5
« Ou comment transformer l’hétéroclite en hétérogénéité », dit J Oury dans le collectif. Tâche de l’équipe.
6
L’expérience est bien une aventure. Du latin
Périculus,
danger. Le fragment
per,
signifie, trou, soit l’inconnu, le réel.
7
Freud S
La perte de la réalité dans la névrose et dans la psychoses,
Névrose, psychose et perversion. Paris, Puf. 1990. P301
8
La contingence et l’aléatoire deviennent les signifiants majeurs aussi le verbe « accompagner » retrouve sa signification lexicale : « se joindre à quelqu’un pour aller où il va en même temps que lui ». Petit Robert.
9
J. Lacan : « C’est d’abord comme inconscient de l’Autre que se fait toute expérience de l’inconscient »… « toute découverte de son propre inconscient se présente comme un stade de la traduction en cours d’un inconscient qui est d’abord inconscient de l’Autre ». Le Transfert, séminaire VIII, Paris, Seuil, 1991. p 222.
10
J. Lacan, « Les formations de l’inconscient » sem V. Les Ecrits « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien » p 793-827
11
« La mesure des qualités individuelles et des différences est un problème car il y a le réel.. Le drame humain et auquel chacun à affaire…est d’un tout autre ordre que les appréciations du réel qui ont leur utilité » Lacan J Sem Livre I poche. p298.
12
Oury J,
Le collectif.
Paris. Edition du Scarabée, 1986
.
Séance du 20 02 1985. p133
13
Ou « Multi-transfert, transfert éclaté… » Le collectif p 160 (ou encore « poly-objectal »)
14
« Le collectif, dit J. Oury, est un système abstrait, qui est dans le registre transcendantal qui organise des signifiants, qui produit du S1. Mais pour produire du S1, il faut tenir compte….de
l’objet a
…C’est-à-dire qu’on travaille dans un champs particulier, psychiatrique, psychothérapique, qui est un champ de transfert. Le transfert c’est ce qui tient compte du désir, de l’équation fantasmatique de chacun… » p 136. Le collectif.
15
A propos de la main, J. Lacan écrit, « l’homme n’est qu’une main »…puis se ravisant « s’il n’était encore qu’une main ! mais il y a tout son corps, il pense aussi avec son corps » ( RSI inédit p 45)
16
« C’est ainsi qu’un certain nombre d’éléments tous liés à la stature corporelle et non simplement l’expérience vécue du corps, constituent les éléments premiers empruntés par le fait qu’ils sont symbolisés. Symbolisés veut dire qu’ils sont introduits dans le lieu du signifiant comme tel » J. Lacan, « la relation d’objet », sem IV p 51
17
J Lacan
La relation d’objet
livre IV, Paris, le Seuil 1994. p16.
18
Avec Eyguesier Pierre, je définis la compétence de l’accompagnant comme étant celle « d’un dire ».
DC de la formation,
Culture Société, n°4 Octobre 2007. p32-40.
19
Il n’y a pas de véritable sujet qui tienne, sinon celui qui parle au nom de la parole….Il n’y a de sujet que dans la référence à cet Autre. Cela est symbolique de ce qui existe dans toute parole valable » Livre V J.L p13
20
« C’est ainsi qu’un certain nombre d’éléments tous liés à la stature corporelle et non simplement l’expérience vécue du corps, constituent les éléments premiers empruntés par le fait qu’ils sont symbolisés. Symbolisés veut dire qu’ils sont introduits dans le lieu du signifiant comme tel » J. Lacan, « la relation d’objet », sem IV p 51
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Zenoni A
L’autre pratique clinique, Psychanalyse et institution thérapeutique,
Eres, Toulouse, 2014. p 274
22
Dans les nouveaux foyers ouverts après la disparition de l’ancien CHRS.