Petit manuel à l’usage des éducateurs et autres travailleurs sociaux de tout poil
Plan :
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HISTORIQUE : Il était une foi
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Profil et quart type de la moyenne des candidats -
p.
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Les pros blêmes à tics
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L’éduc : Quel maillon est-ce ?
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Que veut dire hector ?
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Quel cas ce rôle !
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Prise de tête et direct heurt
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Les us et les moeurs, échos (six thèmes)
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Mais trop boulot : Bobo
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Le tiers c’est dans l’ordre
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Se coltiner un nain puissant
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La pose psy-psy
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Supervision : mots dedans pouah !
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Réaction lentes
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Cantare oh oh...
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Lexique
Educateur, vous avez certainement déjà entendu ce mot.
Pour la plupart des gens il s’apparente de près ou de loin à la fonction d’enseignant : instituteurs ou professeurs, en un mot pédagogues. Mais, auriez vous pu imaginer qu’il existait un troisième type d’éducateur, ni instit ni prof mais tout simplement travailleur social, un parmi d’autres pourrait-on dire. C’est à la rencontre de ce troisième type que nous vous convions maintenant au fil de ces pages.
HISTORIQUE : Il était une foi
Cet éducateur là a beaucoup évolué au cours des trente ou quarante dernières années.
Eduquer : du latin
educare
: conduire.
D’aucun pensent encore que si cet oiseau là conduit, ce ne peut être qu’en état d’ivresse, les cheveux au vent, au volant de sa 2CV lancée sur la route de Katmandou après avoir un peu trop fumé sa moquette. Détrompez vous braves gens tous ces clichés sont d’une autre époque, l’éducateur moderne ne roule pas en 2CV - ses moyens ne lui permettant pas l’acquisition d’une voiture de collection - et, pour les rares spécimens qui s’obstinent à porter les cheveux longs, ceux-ci désormais sont propres, parfois même coiffés.
Aujourd’hui l’éducateur est, la plupart du temps, spécialisé de là, l’appellation universellement connue : « éduc spé ».
Petite précision, quand un éducateur n’est pas spécialisé il est alors « moniteur éducateur ». Il est extrêmement mal vu de ne pas différencier le moniteur éducateur du moniteur de colonie de vacances. D’où l’importance de se tenir informé. Cela vous évitera d’atteindre, sans même vous en rendre compte, un individu en manque de reconnaissance, dans son intégrité professionnelle.
L’éduc n’est donc rien d’autre qu’une personne comme vous et moi - plutôt comme moi d’ailleurs - Il s’inscrit dans la grande famille des travailleurs sociaux. Son arrière grand-père était scout, son arrière grand-mère dame patronnesse, Il a encore un vieil oncle curé de campagne à la retraite mais ils se sont perdus de vue depuis longtemps. D’ailleurs ses grand-parents eux même, conflit de génération oblige, ont remis en question les principes établis. C’est ainsi que pépé, syndicaliste forcené, après avoir quitté le girond familial a épousé les idées du parti communiste et à rencontré mémé, alors bénévole à la croix rouge (à moins que ce ne soit le contraire). Enfin ses propres parents : Son père, ouvrier chez Renault, secrétaire de la cellule locale du PSU à La Bégude de Mazenc (26) a parlé pour la première fois à celle qui devait devenir sa compagne, alors qu’elle avait laissé ses chèvres et son tipi dans les Cévennes pour accompagner le père Jaouen au cours de l’une des croisières dont il a le secret. Il était coke à bord, elle s’appelait Marie-Jeanne...
Ils s’aimèrent tant et si bien que naquit bientôt un petit Pierral, ainsi nommé en hommage à Pierrot (Pierre Albert pour l’état civil), qui se vit assigner le rôle de parrain. Anarchiste invétéré, il eut une influence considérable sur la destinée de l’enfant. Il occupait sur le voilier la place de second, fort de l’expérience acquise à bord du yacht familial, avant qu’il n’annonce crânement, à l’occasion de la fête champêtre donnée dans le parc du château en l’honneur de son vingt et unième anniversaire, sa décision irrévocable de prendre la mer, et donc le large, d’avec un milieu social qu’il exécrait.
Ainsi naquit l’un des premiers éducateurs, abreuvé dès la naissance au torrent de la révolte et de la remise en question systématique, à l’origine d’une lignée d’individus aussi pagailleurs que contestataires et désordonnés qu’obstinés.
Quoi qu’il en soit, l’éduc actuel ne fait rien d’autre que de poursuivre le travail de ses aînés, avec une approche différente mais une finalité relativement similaire à savoir : Accompagner divers types de populations « à problèmes » avec mission de tendre vers la disparition desdits problèmes, ou à défaut vers le camouflage d’individus par trop dérangeant. Travail valorisant entre tous qui suscite de toutes parts des commentaires admiratifs et élogieux.
Mais alors, nous supputons d’ici la question qui vous titille le cervelet, brutalement confronté que vous êtes à une réalité durement assénée : Comment ai-je pu être à ce point ignorant pour accepter ce travail monotone d’attaché culturel à l’ambassade d’Hawaii alors que j’aurais pu exercer ce passionnant métier et connaître l’exaltation toujours renouvelée d’une activité éducative auprès d’enfants reconnaissants ? Pas de panique. Avant de sombrer lamentablement dans un état dépressif qui ne demanderait qu’à devenir chronique, dites vous bien qu’il faut de tout pour faire un monde et que l’on ne choisi pas de posséder ou non cette étincelle intérieure apanage exclusif d’un éduc digne de ce nom.
Profil et quart types de la moyenne des candidats
De la même manière qu’il existe des pré-adolescents, il existe des pré-éducateurs.
La période pré-éducataire se situe précisément entre 15 et 19 ans. C’est effectivement à cette époque que se font jour, chez les jeunes élus, les premiers symptômes. A ce moment là le sujet devient de plus en plus persuadé que le monde a besoin de lui et qu’il doit, qu’il peut changer la face de celui-ci. D’ailleurs tout le monde, dans son entourage, dit qu’il a d’évidentes dispositions dans le domaine de la communication.
Dans les périodes de crises aiguës, l’imminence d’un départ pour une lointaine mission Africaine peut être évoquée. De toute manière, et cela sera sans appel, il aime, il adore les enfants, ce qui comme chacun sait est, non seulement un viatique obligé pour embrasser la carrière qui nous intéresse mais plus encore une véritable vocation et, selon l’obédience, un sacerdoce. (ce qui fera toujours, le cas échéant, quelque chose à ronger).
Les pros blêmes à tics
La réalité est, hélas de nature bien moins philanthropique qu’il n’y paraît.
Si vous désirez être éducateur c’est tout simplement parce que vous avez désespérément besoin de l’être et, pour que cette affirmation ne soit pas perçue comme une vulgaire Lapalissade, permettez nous de développer cette théorie par une réflexion dont la profondeur ne manquera pas de vous laisser coi.
Si vous vous sentez irrésistiblement attirés par le travail auprès des enfants et ce, dans le but de les aider, c’est que le charmant bambin qui vit toujours en vous a besoin d’un sérieux coup de main. Et toc ! c’est im-pa-ra-ble. N’importe quel psychologue débutant vous le confirmera. Evitez donc une consultation onéreuse, et faite nous confiance, un praticien interrogé sur ce sujet mettrait deux heures à vous expliquer les subtilités de la chose à grand coup de
« formation réactionnelle »
, «
transfert
», «
sublimation
» et autre «
pulsion inhibée quant au but
», et au bout du compte vous n’en sauriez pas d’avantage.
Ceci posé, inutile de vous jeter sur le premier Témesta venu, et, partant du principe que l’on ne peut éternellement fuir la réalité, il ne vous reste plus qu’une alternative : Assumer.
Si, comme beaucoup de vos contemporains vous souffrez de retard à l’assumage, les quelques considérations suivantes contribueront, peut-être, à vous simplifier la culpabilité.
Avant tout et tout d’abord, sachez que vous n’êtes pas le seul à vous être fourvoyé dans l’origine de vos motivations profondes. Et si votre dentiste, qui a longuement hésité entre la fac de psycho et l’école dentaire, vous interroge d’un air faussement naïf sur « les raisons qui vous ont poussé (il insistera particulièrement sur ce mot) vers cette orientation professionnelle » surtout restez calme. L’attitude posée, la sérénité inébranlable sont le fondement d’une reprise de volée efficace. Dites très simplement, et de la manière la plus naturelle du monde, votre réalité : Enfant battu, aîné délaissé d’une fratrie de quatorze frères et soeurs, vilain petit canard mâtiné de mouton noir de la famille, trop souvent traité de drôle de zèbre, votre destin était tracé. Pour vous en sortir un seul chemin, une seule voie : l’éducation spécialisée.
Ce type de réponse est à la joute verbale ce qu’un revers lifté est au tennis. Méfiance cependant, votre arracheur de dents est peut-être classé 15/40.
A vous maintenant de passer à l’offensive en lui assurant combien le fait de « travailler à l’analyse de votre inconscient » vous a libéré et, dans la foulée, suggérez lui - pour son bien - de réfléchir aux pulsions sadiques qui l’agitent lorsqu’il ramène avec délectation sa fraise dans votre prémolaire non anesthésiée. 40-15 jeu ! Effet garanti.
En sus de soins sans douleur, vous bénéficierez désormais, auprès du cher homme craintif, d’un service après vente des plus efficace.
Ce procédé s’applique à tous les corps de métier, citons en vrac :
- Le masseur kinésithérapeute dont le geste de pétrissage ne va pas sans rappeler l’activité du nourrisson confronté à sa première pâte à modeler, « cacaboudin » oblige.
- Les chercheurs de tous poils et leur besoin de trouver - depuis le temps qu’ils la cherchent - la petite bête qui monte qui monte...
- Attardons nous un instant sur les « psy » toutes écoles confondues, voyeurs invétérés qui en voient des vertes et des pas mûres ce qui les amène à psycholer comme des fous.
- Pour demeurer absolument impartial n’oublions pas les sportifs, ils pourraient s’en formaliser, et leurs pulsions agressives qui ouvrent devant eux deux carrières possibles à savoir : Le stade olympique ou la psychopathie galopante.
- Nous jetterons un voile pudique sur le gynécologue en fin de carrière qui n’est toujours pas convaincu que « çA » ne mord pas.
Cette liste, vous l’aviez compris ne demande qu’à être adaptée en fonction des malveillants désireux de vous faire des misères. De plus elle n’est qu’un moyen transitoire de vous tirer d’affaire à bon compte en attendant de n’avoir plus besoin de pareils artifices.
L’éduc : Quel maillon est-ce ?
L’éducateur, simple maillon d’une vaste chaîne, fait partie d’un bâtiment (au sens immobilier comme au sens maritime du terme).
Ce bâtiment, qui n’a rien à voir avec un yacht de plaisance, s’apparente à différents types de navires allant du destroyer au paquebot en passant par la vedette ou le remorqueur avec très très souvent un petit quelque chose du sous marin et un arrière goût prononcé de galère.
De toute façon, une fois à bord, une chose ne fait pas de doute, non seulement vous serez inévitablement menés en bateau, mais en plus c’est vous qui ramerez comme un forcené.
A tout forçat tout honneur, vous devrez apprendre à ramer en cadence en suivant le rythme institutionnel imposé par le pilote.
Que veut dire Hector ?
A la barre, qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige, le directeur, seul maître à bord après Dieu dirige la baraque, laquelle étant le plus souvent laïque confère d’autorité au commandant le titre de « seul maître à bord ». Ce qui présente l’avantage de clarifier une fois pour toute la notion de hiérarchie.
Le directeur (ou la directrice le job se déclinant au féminin, notre expérience en la matière nous permet d’affirmer actuellement que dans ce cas de figure l’un et l’autre manoeuvreront et réagiront de façon quasi identique) n’est pas tout puissant il aime d’ailleurs le répéter à ses troupes. Simplement, il veut tout savoir, tout diriger, tout décider ce qui, il faut bien le reconnaître, n’a aucun rapport avec l’omniprésence, l’omniscience et l’omnipotence : omni soit qui mal y pense. Soyez donc excessivement prévenant avec lui, et ce, aussi bien dans son intérêt que dans le votre.
Quel cas ce rôle !
Le rôle du directeur consistera à naviguer dans des eaux les moins troubles possibles et d’éviter absolument un de ces nombreux écueils raison de tant de naufrage.
Pour ce faire le directeur est formé.
Il est allé dans une école et a passé plusieurs années à apprendre à nager. Normalement il sait où il va et comment il y va.
Il est passé maître dans l’art de nager à contre courant. Les dangers aquatiques n’ont plus de secret pour lui.
Il sait en quelle saison il doit mettre le cap sur l’île de la Ddass, il connaît les vents favorables qui y mènent et le chenal qui contourne l’île et permet d’arriver sans être vu.
Il évite avec maestria le défilé des Déficits et s’octroie régulièrement un petit séjour sur la mer des recours gracieux.
Il sent venir le vent interroge les étoiles et se méfie de tout car il sait qu’il ne craint réellement qu’une chose : La rencontre avec le monstre marin terreur des sept mers, le Conseil Général qui surgit des flots à l’intérieur de l’atoll des restrictions et dévore les marins les uns après les autres.
Prise de tête et direct heurt
Bien sur, en tant qu’employé, vous serez amenés à côtoyer de près ou de loin ce personnage de légende.
Le bon sens nous pousserait presque à vous recommander une certaine distance.
Ne vous laissez pas abuser par une attitude de bonhomie nonchalante. Rappelez vous que ce qui rend les crocodiles redoutables c’est leur faculté à laisser croire qu’ils sont indifférents à tout, voire endormis. Mais que passe à proximité de l’animal un quelconque gibier et l’on verra alors le saurien faire montre d’une rapidité et d’une férocité insoupçonnées.
Pour avoir côtoyé nombre de crocodiles et de directeurs, nous pouvons vous affirmer que ces derniers bien que moins impressionnant que les premiers sont tout aussi redoutables dès lors qu’ils se sentent menacés et qu’ils croient que la suprématie du marigot pourrait leur échapper. Redoublez donc de prudence et, si d’aventure il venait à votre esprit fécond une idée un tant soi peu innovante ou simplement inhabituelle pour l’institution qui vous emploie, prudence. Vous devrez respecter une série de démarches précises, lesquelles démarches ont échappées, Dieu seul sait par quel mystère, au programme de l’école qui vous a formé.
Premièrement : Vous devrez impérativement réserver la primeur de votre trouvaille à votre directeur.
Choisissez bien votre moment.
Il sera tout à fait déconseillé, par exemple, de débarquer avec votre idée juste après la réunion avec les délégués du personnel ou les représentants syndicaux, votre projet n’en aura que plus de chance de survie.
Deuxièmement : Faites également attention à la manière dont vous abordez la chose. Bannissez définitivement les formules péremptoires du style :
« j’ai décidé », « il faut que » etc... Qui n’auraient d’autres résultats que de faire grimper votre lider maximo à son caoutchouc. (il y a toujours une plante verte dans les bureaux). Optez plutôt pour les formules progressives du genre : « je me demandais si, par hasard... », « que penserais-tu... » etc...
Troisièmement : Si en cours de route vous réalisez que votre horoscope vous déconseillait toutes démarches professionnelles ce jour là ou, si vous apercevez sur le bureau deux ou trois arrêts maladie fraîchement signés (ces deux situations sont équivalentes), n’hésitez pas, faites carrément dans le faux-cul et abordez votre patron en le prenant par le
narcissisme
:
« ta dernière intervention m’a amené à penser que... », « je voulais te demander ton avis... »
Evitez quand même l’utilisation excessive du cirage, outre le fait que votre interlocuteur n’est pas tombé de la dernière pluie, il ne faut pas finir par confondre prudence et servilité.
Pour les teigneux, les revanchards et autres irréductibles rancuniers, sachez que la meilleure façon de se venger d’un directeur indélicat est de lui faire un cadeau.
Inutile de vous creuser la tête à la recherche de l’objet dont la symbolique transcenderait votre pensée, en ce qui nous concerne, nous préconisons d’offrir un livre et plus précisément une bande dessinée, ce qui présente le double avantage d’être relativement peu onéreux et de vous laisser la possibilité de la lire avant de l’emballer.
Le choix de la BD par contre laisse peu de place à l’hésitation il vous faudra obligatoirement opter pour un de ces albums où le héros n’aspire qu’à une chose : devenir calife à la place du calife.
Vous verrez alors s’épanouir sous vos yeux un magnifique cas clinique correspondant en tout point à la description du manuel de psychologie pathologique, à savoir « la remontée paranoïaque en apnée et sans palier » avec présence de tous les symptômes optionnels.
Les us et les moeurs, échos (six thèmes)
L’éducateur de base (vulgus éducator) est appelé à travailler sur différents sites, au contact de populations tout aussi différentes.
Nous nous attacherons plus particulièrement à la fonction d’éducateur d’internat aux prises avec les redoutables Técécés.
Le Técécé est une espèce très particulière. On la rencontre un peu partout dans le monde à l’état sauvage. Il n’est pas élitiste et peut appartenir à toutes les couches sociales.
Généralement de petite taille - les plus vieux atteignent parfois un mettre trente au garrot - sa férocité est le plus souvent inversement proportionnelle à son âge. De toute façon vous le reconnaîtrez aisément à son cri caractéristique. En effet, le técécé se déplace de manière anarchique, il semble, d’après les dernières études effectuées, que sa vision réduite ne lui permette pas de voir les obstacles, ceci expliquant pourquoi il préfère renverser plutôt que contourner.
Ses déplacements donc, sont très rapides et ponctués de petits cris perçants que nous proposons de traduire sous le phonème suivant : « nictamer ». Ce son plusieurs fois répété s’accompagne dès l’âge de quatre ans (estimation moyenne après statistiques) d’un geste de la main très particulier : poing fermé, majeur relevé.
Bien que ce geste ait fait l’objet de nombreuses études, les spécialistes ne sont pas entièrement d’accord sur sa signification. Il pourrait s’agir d’une tentative d’intimidation réflexe, déclenchée par la crainte d’une agression extérieure. Mais ceci n’est que pure hypothèse et nous donne l’occasion d’attirer votre attention sur la facilité à se laisser aller à une
interprétation sauvage
.
Quoi qu’il en soit, une fois repéré, le técécé doit impérativement être signalé aux autorités compétentes. Celles-ci, dans leur grande sagesse, recherchent un lieu adéquat au développement harmonieux du sujet. Il semble, à ce jour, que l’internat fasse partie des structures les plus utilisées.
Le técécé prend donc pension dans un bâtiment assez vaste : immeuble à étages, appartements ou même châteaux situés de préférence à la campagne (à cause du bon air). A compter du moment où il arrive dans un internat, le técécé se transforme. Il sera désormais un enfant présentant des Troubles du Caractère et du Comportement, ce qui évidemment change tout.
Donc résumons : Le técécé étant difficilement supportable par les gens qui le côtoient, on le met en contact, pour un temps, avec quantité d’autres petits técécés, tout aussi insupportables, pour qu’ainsi leurs comportements s’améliorent.
Ce raisonnement pourrait paraître complètement farfelus mais, ce serait compter sans la présence salvatrice d’un être d’exception.
Tapis dans le coin d’un bureau, face à la meute menaçante, l’éducateur surgit, un tabouret dans une main, un fouet dans l’autre et, d’une voix de stentor, impose le silence à la troupe sidérée sous les applaudissements nourris d’un public ébahit. Alors... Le réveil sonne il est 6h30 on est à la bourre et il faut aller bosser.
Mais trop boulot : Bobo
Les méthodes de travail d’un éducateur demeurent un grand mystère pour le commun des mortels.
Tout le monde le sait, l’éduc côtoie quotidiennement une population difficile.
C’est lui qui va réveiller les enfants, veiller à leur toilette et, s’il est dans un bon jour, leur beurrer les tartines du petit déjeuner.
Rebelote pour le repas de midi et pour le dîner avec en plus le travail scolaire et la veillée.
Rien que de bien banal en somme et, à y regarder de plus près, on se demande ce que cela peut bien avoir de thérapeutique.
C’est sans compter sur la participation ô combien active des chérubins sus nommés.
Ces chers enfants sont là pour travailler, au sens large du terme, c’est à dire pour « appréhender leur problématique » notons au passage qu’un éduc normalement constitué sera le mieux placé pour appréhender cette
problématique
et ce, dans les deux sens du terme.
Dans un souci de clarté et pour être un tantinet moins hermétique, signalons au lecteur néophyte qu’il n’est en définitive question que de signifier au gamin que son dernier gag consistant à déterrer un pilonne électrique pour le voir s’écrouler sur la maison du voisin
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étaient absolument irrésistible mais que toutefois il se pourrait que cette désopilante facétie ne soit qu’un symptôme destiné à attirer l’attention sur une souffrance un rien insupportable.
(Ces quelques lignes constituent une remarquable illustration de ce qui s’appelle « prendre du recul » ce qui soit dit entre nous, est toujours indispensable notamment lorsque l’on préfère éviter le poteau EDF en pleine poire).
Lors donc les choses sont claires et le gosse se met au travail.
Douze enfants, trois éducateurs soit en moyenne nous semble-t-il quatre enfants sur chaque éduc.
Nous écrivons bien « sur chaque éduc » et non pas « pour chaque éduc » car la technique de travail utilisée par les enfants est toujours la même depuis que la rééducation existe et ceci sans la moindre concertation préalable.
Elle est connue sous le nom de « manoeuvre Amazonienne » et figure dans tous les bons manuels de zoologie décrivant la délicatesse d’une certaine variété de petits poissons d’eau douce en quête de ressources alimentaires.
Ces charmantes petites bestioles appelées piranhas ont la fâcheuse manie de se jeter toutes ensembles sur la première proie venue avec l’inflexible volonté d’en retirer le plus gros morceau possible ce qui, non seulement, est totalement antidémocratique mais extrêmement douloureux de surcroît. En imaginant la scène vous aurez une idée assez exacte du premier mouvement du travail éducatif. Une différence de taille existe cependant.
Au contraire du piranhas l’enfant est sélectif et ne se jette pas sur le premier venu. Il choisi.
Et le croirez-vous, il choisi toujours l’adulte qui sera le plus réceptif à ses difficultés, ce qui, je vous le concède est parfaitement logique.
Le seul hic, car il y a un hic, c’est qu’il faudra des années avant que le mouflet ne puisse commencer à parler de ses angoisses et autres comportements asociaux.
Dans l’intervalle il agira avec vous ce qu’il est incapable, pour l’instant, de mettre en mots.
Autrement dit vous en avez pour des années à en baver.
Inutile de songer à sacrifier à votre place un de vos collègues, outre le fait que seul un vrai pervers serait capable d’un tel tour de passe passe, vos collègues sont dans le même cas K et se débattent avec des difficultés similaires aux vôtres.
Heureusement, les marmots s’arrangent la plupart du temps pour travailler à tour de rôle ce qui représente votre planche de salut.
Vous pourrez soufflez, et Dieu sait que vous en aurez besoin, lorsque se sera au tour de votre ou vos collègues de se débattre au milieu du rejet, des angoisses d’anéantissement, des constats d’impuissance et autres culpabilités liées aux désirs d’infanticides récurrents.
Si vous avez de la chance, vous tomberez parfois sur un adorable petit être pour qui, par la vertu d’un
transfert
positif bétonné, vous représenterez la synthèse des qualités humaines.
Profitez en sans vergogne et faites le plein en prévision du retour de manivelle que vous aurez à subir le jour où ce salopiot prendra conscience que cette idéalisation dont vous faisiez l’objet n’était que l’expression d’une
défense
inconsciente.
Le tiers c’est dans l’ordre
Si, comme nous l’évoquions précédemment, le recul est indispensable à la pratique éducative, il nous faut cependant garder à l’esprit qu’en reculant on ne sait pas où l’on va ce qui est relativement casse gueule. Pour éviter un lamentable étalement, fâcheuse conséquence d’un recul intempestif mal négocié, l’emploi du tiers se révélera particulièrement payant (pardon, je n’ai pas pu résister).
Ce qui est pratique avec le tiers c’est qu’il peut être constamment présent soit au travers d’une personne physique un quelconque collègue qui passait par là et s’est arrêté, soit au travers d’une personne absente, le même collègue qui a pris ses jours d’ancienneté mais qui, malgré ce lâche abandon, existe toujours dans votre discours, soit encore, au travers d’un symbole incontournable :
la loi,
le programme scolaire,
la règle du jeu etc...
Avec tout cela vous êtes paré.
Un petit exemple ?
Il est 19h, le groupe est rassemblé autour de la table, et là, un de « vos » sales gosses décide tout de go qu’il ne mangera pas.
Doué de la patience qui vous caractérise vous entamez les négociations « la moitié du friand, une cuillerée de salsifis et yaourt facultatif ».
Le plus retors des délégués syndicaux aurait signé un protocole d’accord mais pas votre galapiat qui se contente de mâcher et remâcher sans pour autant avaler. Vous n’y avez, bien sur, vu que du feu et, c’est seulement au moment du balayage
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que vous signifiez au petit plaisantin que votre conscience professionnelle vous interdit d’accepter pareil dessous de table. Vous passez alors une demi heure monopolisé par cette espèce d’...enfant qui pèse treize kilo tout mouillé jusqu'à ce qu’enfin il accepte de ramasser ses saletés. A ce moment là il est 21h. Vous en avez plein les bottes d’autant que pendant la demi heure précédente le reste du groupe ne s’est pas tourné les pouces.
Bilan provisoire : trois assiettes et deux verre cassés (sans faire exprès) deux bagarres dans une chambre et la disparition d’un pyjama. Vous vous attelez à la résolution de ces exaltantes situations, un œil rivé sur la pendule, quand un hurlement s’élève dans la nuit. C’est la poubelle qui, charriée par le récalcitrant de tout à l’heure, est venue heurter le pied d’un autre zozo qui subrepticement s’était rendu dans la cuisine pour étancher une soif soudaine. Inutile d’arguer du fait qu’une poubelle de 50 litres ne se porte pas sur la tête ni que le robinet de la salle de bain se trouvant dans la chambre aurait tout aussi bien fait l’affaire, vous vous entendriez rétorquer que : « Dans la salle de bain l’eau est chaude et la poubelle portée sur la tête c’était pour aller plus vite comme avait dit l’éducateur et est-ce que je peux voir la télé jusqu'à 21h30 ? »
Grâce au ciel, vous avez été formé dans une école qui, en prévision de situations du même acabit, vous avait envoyé en Ardèche pour un stage d’une semaine de méditation zen.
Vous souvenant des préceptes de votre gourou d’alors, vous effectuez une profonde inspiration abdominale et... vous poussez une gueulante à côté de laquelle le célèbre cri de J. Weissmuler ressemble à un gazouillis de nourrisson (Il vous semblait bien aussi qu’une semaine c’était trop court).
Votre
moi
profond s’étant largement exprimé, vous pensez que tout ce qui vit de ce côté-ci de l’établissement est rempli de crainte respectueuse à votre égard. Fatale erreur, vous avez devant vous la preuve patente de votre impuissance en la personne d’un affreux gnome sur le visage duquel s’épanouit un sourire narquois.
Pour le coup votre
surmoi
qui depuis un moment déjà avait enclenché le turbo et pédalait en sur-régime, déclare forfait et votre
ça
rapplique à la vitesse grand V.
Un indescriptible sentiment monte en vous, Hiroshima, Nagasaki et la saint Barthélemy ne vont pas tarder à être détrônés au palmarès de l’horrible. Il va y avoir du poster juvénile sur les murs, du bambini parmentier, de la trépanation artisanale, de ... HEUREUSEMENT, la porte s’ouvre et un de vos collègue apparaît de sa démarche nonchalante. Quelques enfants de son groupe sont venus le déranger, ils n’arrivaient pas à dormir à cause du bruit. Il aurait pu venir plus tôt mais y’avait un truc vachement intéressant à la tévé sur les enfants
maltraités... Un coup d’œil lui suffit pour saisir instantanément que la situation nécessite un tiers. Alors, se tournant vers l’enfant il dit en lui posant paternellement une main sur l’épaule :
« J’ai l’impression que tu mets ton éduc dans le même état que tes parents. On en parlera demain maintenant c’est l’heure, vas te coucher. »
Et l’autre affreux d’obtempérer. Et là, c’est le flash, la révélation :
Tout ce que vous a fait subir le sadique en culottes courtes ne vous était pas particulièrement destiné. Il ne faisait que répéter avec vous un aspect de sa problématique.
Ce point étant maintenant d’une limpidité extrême vous vous proposez d’aller le
méditer illico dans votre chez vous.
Vous vous tirez donc prestement
en remerciant au passage
votre sauveur d’un signe entendu : A charge de revanche.
Se coltiner un nain puissant
Je présume que quelques uns, lecteurs attentifs et non moins critiques de ces quelques pages secoueront la tête d’un air désapprobateur aux vues de ces dernières lignes.
« Se laisser mettre dans un état pareil par un (une) gosse de huit ans » « De mon temps monsieur, on savait les prendre (les enfants)»
« Pff ! Un coup de pied aux fesses oui, voilà ce qu’il leur faut (aux enfants) »
« Je lui aurais montré moi qui est-ce qui fait la loi ! »
Et voilà, sous l’emprise de nous ne savons quels
phénomènes identificatoires
vous vous mettez à faire de l’éducatif par correspondance et entraîné sur ce terrain glissant vous en arrivez à prononcer sans même vous en rendre compte quelques grossièretés inopportunes.
Ceci nous amène à préciser deux points essentiels que nous vous livrons brut de fonderie.
Primo : Un enfant est toujours plus fort qu’un adulte (même si cet adulte c’est vous).
Secundo : Si vous êtes persuadés que c’est vous qui faites la loi, vous êtes mal barrés (même et surtout si vous êtes juge d’instruction).
Il semble à votre mine ébahie que vous n’auriez rien contre un supplément d’information. Alors allons-y.
Vous avez le physique de Rambo et pour vous cela ne fait pas de doute, vous êtes le plus fort.
La seule chose, d’après nous, qui ne ferait pas de doute avec un raisonnement pareil c’est que vous ne vous contentiez pas d’avoir le physique de monsieur Sylvestre, vous devez également vous rapprocher dangereusement de son QI. N’y voyez rien de personnel (surtout si vous avez effectivement le gabarit de l’autre affreux).
Donc nous disions : Le gosse fait de la résistance, et vous avec vos pectoraux en bandoulière que faites vous ?
Hausser la voix ? Nous l’avons vu il s’en fout comme de son dernier bulletin scolaire.
L’entreprendre à la Kalachnikov ? Outre le fait que vous iriez directement en prison en passant par la case départ sans toucher les vingt mille francs d’usage, nous vous rappelons que ce genre d’outil n’a jamais fait partie de la panoplie de l’éducateur (ou alors exceptionnellement et à titre purement préventif). Lui claquer énergiquement le beignet jusqu'à ce qu’il revienne à de meilleures dispositions ? Nous-y voilà. Sainte baffe priez pour nous (comme disait l’abbé Liqueux spécialiste de la calotte).
Dans ce cas de figure deux possibilités.
Premièrement : L’enfant séduit par vos arguments frappants fini son repas avec les dents qu’il lui reste, auquel cas et malgré les apparences vous avez perdu, eh oui !
Vous croyez que vous avez eu le dernier « mot » et bien non car si vous aviez eu encore un mot à votre disposition, une possibilité de parler, vous n’auriez pas frappé, vous auriez
articulé
.
Pourquoi en êtes vous arrivé à de telles extrémités ?
Simplement parce que vous avez manqué d’arguments, vous n’avez plus su comment gérer une situation qui vous échappait, en un mot vous vous êtes sentis impuissant (ou impuissante mesdames cessez de rigoler contrairement à ce que vous imaginiez peut-être, l’impuissance n’est pas l’apanage des seuls mâles défaillants).
Et d’après vous, qui de deux personnes en conflit a le dessus sur l’autre : Celui qui se sent impuissant ou celui qui amène l’autre à se sentir impuissant ?
Nous vous laissons méditer cette question digne d’un sujet de philo et nous nous empressons de vous rassurer : Ca arrive même aux plus professionnels de mettre des claques, le tout étant de ne pas en faire une méthode.
Et nous poursuivons avec l’option numéro deux :
Vous avez baffé à tours de bras mais le galopin s’entête.
Deux possibilités :
Soit : Vous l’achevez - auquel cas reportez vous quelques lignes plus hauts à partir du mot « kalachnikov » et plaidez la folie passagère. Vous pourrez simultanément chercher dans le dictionnaire la signification du mot « surenchères » et si vous étiez un peu dur de la comprenette, nous nous permettrions, pour vous mettre sur la piste, de soumettre à votre sagacité et à votre petit Larrousse un deuxième indice à savoir « reconversion ».
Soit : Vous laissez tomber. Il sera alors inutile - a moins que vous ne trouviez de sérieux
bénéfices secondaires
à ce genre de situation - de persister dans cette orientation professionnelle.
NB : Il sera néanmoins nécessaire de distinguer l’abandon de guerre lasse de l’abandon du désir que l’on a sur l’enfant et qui, le cas échéant, sera accompagné d’un commentaire du style : « Si tu ne manges pas ce n’est pas moi qui aurais faim. » Dans ce deuxième cas, l’abandon ne se situe pas où l’on pourrait le croire. On ne lâche pas le marmot mais un peu de notre
toute puissance
. (Oh ! la la ! que c’est compliqué !)
Deuxième petite phrase inconsidérée :
« Avec les enfants, la loi c’est moi qui la fait. »
Que nenni, permettez que l’on vous le dise : Vous vous fourvoyez.
La loi ne dépend pas de votre bon vouloir, à moins que votre petit nom ne s’épelle YHAVHE moyennant quoi nous vous prierions de bien vouloir nous excuser et de ne pas tenir compte des quelques lignes précédentes.
Comme il y a quand même peu de chance, statistiquement parlant, que cette hypothèse se vérifie, sachez tout de même qu’un individu même s’il porte un uniforme ne fait pas la loi, il la fait respecter et la respecte lui même faute de quoi il ferait une incursion dans la toute puissance ce qui ne manquerait pas de se terminer dans un rapport de force et dans la violence (cf. : le fonctionnement des pervers et des hommes politiques. Excusez le pléonasme.)
La pose psy-psy
Tout éducateur devant les situations auxquelles il est confronté jours après jours a besoin de réconfort.
Où trouver une bonne âme susceptible d’écouter les questionnements angoissés d’un travailleur social et capable de fournir un embryon d’explication quant aux comportements incompréhensibles des enfants ?
Se confier à ses collègues ? Ils seront la plupart du temps dans le même état que vous. Une mise en commun des angoisses de chacun risquerait de tourner au suicide collectif. En matière de réconfort il nous semble possible de trouver mieux.
Nous chercherons donc du côté de ceux qui savent, ceux qui connaissent par cœur les coins les recoins et les coin-coin du dédale de la psyché, nous avons nommé les psy (
chologues-chothérapeutes-chanalystes
) boussole indispensable au quidam en passe de perdre le nord.
Pour eux rien d’étonnant, rien d’illogique, la situation la plus tarabiscotée deviendra, par la vertu d’une interprétation symbolique d’une logique implacable, confinant à la limpidité des trente dernières secondes des cinq dernières minutes.
Bon sang, mais c’est bien sur !
Seule ombre au tableau, le symbolique, même s’il éclaire quelquefois certaines situations ne donne que très rarement des solutions quant à une réalité pressante.
Vous aurez beau savoir qu’un gosse casse tous les miroirs d’un bâtiment car pour lui cela signifie le désir inconscient d’aller au delà d’une douloureuse blessure narcissique, cela ne vous dira pas comment éviter de ramasser des morceaux de verre chaque matin.
Si d’aventure il arrivait que vous ne vous satisfassiez pas des
signifiants
décryptés par votre attentif de service, celui-ci utilisera sans sourciller une botte secrète qui aurait fait baver d’envie le marquis de Carrabas lui même, qui comme chacun sait n’avait pas son pareil pour retomber sur ses pattes.
Cet autre coup de j’arnaque s’intitule «
le complexe d’oedipe
» il est aux psychologues ce que le couteau suisse est à MacGyver, dans la mesure où il permet de juguler les interrogations les plus délicates et de venir à bout - théoriquement parlant - des cas de figure les plus retors. Ne vous laissez pas abuser par la diversité d’expression qu’il peut revêtir. Si l’on vous cause «
triangulation
», «
angoisse de castration
» ou «
attitude symbiotique
» ne soyez pas dupe, on vous le garanti sur facture, vous n’irez nulle part sans être , au préalable, passé par le complexe d’oedipe.
Pour vous permettre de mettre un peu d’ordre dans votre disque dur sans avoir recours à un formatage de l’occiput, toute institution digne de ce nom mettra à votre disposition « le » truc infaillible pour résister envers et contre tout, « le » moyen de rendre à César ce qui appartient à Jules, le sirop Typhon de l’éducateur, celui qui remet à l’endroit ce qui était à l’envers et rend les idées plus nettes qu’un service de Noah, nous avons nommé :
La Supervision
.
L’appellation à elle seule est évocatrice et procure d’emblée une sensation de sérénité.
Elle est à l’éducateur ce que « l’épphatta » fut à l’aveugle des évangiles.
Nous allons tenter l’impossible dans les lignes qui suivent, à savoir retranscrire l’ineffable : rendre compte de ce que représente la supervision.
Conscient que nous sommes de l’inévitable imperfection du résultat à venir, nous présentons d’ores et déjà nos plus humbles excuses à nos lecteurs. La description qui suit fait état d’ « une » manière de pratiquer la supervision et n’a pas l’outrecuidance de prétendre rendre compte d’un fonctionnement commun à toutes les institutions concernées.
Ceci étant posé recueillons nous un instant.
Supervision : Mots dedans pouah !
La supervision, aussi appelée analyse de la pratique, est au centre du travail éducatif. Ces temps de travail hebdomadaires permettent de « parler les situations difficiles » et de leur donner un sens... parfois, par foi ?
Présentation :
La salle de supervision, haut lieu de l’institution (située directement sous la toiture) est occupée par trois officiants qui sévissent deux par deux. Chacun d’eux, dépositaire de la foi analytique, invoque régulièrement ses dieux protecteurs devant un auditoire attentif et recueilli, constitué de six éducateurs et un instituteur.
La divinité la plus sollicitée ici est sans conteste le fils de Jakob, patriarche s’il en est, et chef d’une tribu particulièrement orthodoxe. Viennent en suite St Jacques d’Ulm, fortement influencé dans ses écrits par la limpidité de Michel de Notre Dame et le vocabulaire imagé de Ferdinand de Saussure, et... Ste Françoise la pieuse, dite Françoise la très cathodique, histoire de prouver s’il était besoin, qu’ici la misogynie n’est pas de mise.
L’apocryphe étant le corollaire du canon, inutile de chercher dans le calendrier maison certains patronymes tels que : Carl, Gustav, Rogers, Mélanie etc...
Le choix de l’heure de supervision est une chose essentielle :
Règle n°1 : Pour un rendement optimum choisissez le matin. Les séances de l’après-midi durant 90 mn sont beaucoup plus longues que celles du matin qui ne font qu’1h30. Lorsque réflexion et digestion sont sur un bateau, c’est toujours réflexion qui tombe à l’eau.
Règle n°2 : Si vous voulez sortir à l’heure, inscrivez-vous pour la séance de 15 h.
L’analysant
n’étant pas forcément un patient, le superviseur a des horaires à respecter.
Règle n°3 : 13h45 est l’heure idéale pour les mélomanes préférant travailler au rythme du piano, plutôt qu’à celui de l’allégro fortissimo.
Ce qu’il faut savoir pour éviter toute déception inutile :
Lorsqu’un enfant, non content de s’arrêter de progresser, vous emmène au bord de la dépression, de la crise de nerf, voire du suicide, il n’y a rien d’absolument alarmant... Pour l’enfant : Le chérubin recule pour mieux sauter.
Entendez par là qu’un progrès notable est à prévoir dans les jours qui suivent.
Si vous ne voyez rien venir, c’est qu’il n’a pas pris assez d’élan.
Si vous sautez avant lui - en pétant les plombs par exemple - c’est que vous n’avez rien compris à la fonction de tiers, CQFD.
Le travail de supervision s’apparente souvent à la recherche de l’esprit sain ( d’où la nécessité d’une chambre haute cf. présentation ). N’attendez pas toutefois que vos trois apôtres passent aux actes en vous balançant une explication limpide qui décoincera la situation et vous sortira de l’impasse dans laquelle vous vous trouvez face à un gosse qui appuie là où ça fait mal.
N’ayez donc pas l’impertinence de demander un avis, une réponse et moins encore une solution. Ca fait ringard et vous passeriez pour un débutant. On vous l’a dit et répété : « Les recettes ça n’existe pas ».
Si malgré tout, vous vous entêtez, vous appuyant sur le célèbre : « Demandez et vous recevrez », c’est que vous vous êtes trompé de bouquin. La formule n’est pas de Sigmund. Laissez tomber le social et entrez dans les ordres, vous éviterez ainsi d’être dans la ligne de myrrhe de vos superviseurs... ITE MISSA EST.
Réaction lentes
Comme tout un chacun, l’enfant qui présente des troubles du caractère et du comportement, à des parents.
Ceux-ci dans leurs tréfonds intérieurs ne désirent qu’une chose :
Se rassurer en vérifiant que ces étrangers à qui ils ont, plus souvent contraints que consentants, confié leur enfant, ne sont pas infaillibles, ne sont pas meilleurs qu’eux et, qu’en définitive, eux, parents d’enfant dits « à problèmes » demeurent envers et contre tout LES parents veillant au bien être de leur progéniture.
Et là, nous devons bien avouer que la vie est mal faite ma brav’ dame. Car dans cette entreprise au demeurant fort compréhensible, les parents bénéficient de la présence de redoutables alliés.
Ces alliés, cauchemar de l’éducateur de base, se présentent sous la forme de bébêtes particulièrement attachantes à coté desquelles la population chinoise ferait figure de tribu en voie de disparition, nous avons nommé :
les poux
.
Le pou est un sujet susceptible d’être présenté à toutes les sauces. Tout parent qui se respecte, vous le servira :
Sauce aigre douce sur un air de surprise en biaise majeur, ou
sauce aux petits oignons avec son cortège de méli-mélo dramatique.
Inutile de se voiler la face, la prolifération des abominables vous laissera sans voix face à des individus en butte à une image parentale douloureusement dévalorisée. Vous pourrez alors vérifier toute la pertinence de la sagesse populaire en vous remémorant la maxime bien connue : « Les poux et les douleurs ça ne se discute pas ».
Ne perdez pas inutilement votre belle énergie dans une vaine tentative d’éradication de l’ennemi, vous vous épuiseriez avant lui.
Un collège d’éducateur a longuement planché sur le sujet et ses conclusions sont absolument démoralisantes.
Le pou réuni à lui seul la quintessence des qualités animales.
Plus fidèle que le chien, il n’abandonnera jamais celui qui l’a nourri. De plus, à l’instar du pigeon voyageur, il retrouve son chemin en toutes occasions. Inutile donc de songer à aller le perdre dans un quelconque endroit désert.
Pour couronner le tout il est parfaitement amphibie et résiste à toutes sortes de toxiques à l’exception peut-être du napalm dont l’utilisation dans le cadre d’une maison d’enfants ne fait pas encore, hélas, l’unanimité auprès des instances officielles.
Vous devrez donc faire contre mauvaise fortune bon cœur et encaisser en stoïcien breveté les reproches que l’on vous adressera, jusqu'à vous soupçonner parfois d’élever vous même ces irréductibles en batterie pour les refiler en douce aux gosses dont vous avez la charge, en songeant au temps béni où ces bestioles étaient considérées par les mères de famille attentives comme une garantie de la bonne santé de leurs rejetons.
Cantare oh oh...
Ca y-est ! Depuis un mois le temps est au beau fixe. Vous constatez une certaine décontraction chez vos collègues.
Juin touche à sa fin, voici venir juillet et avec lui l’échéance tant attendue : La date des vacances d’été, ouf ! Il ne vous reste plus que trois semaines à tirer, et vous pourrez vous élancer sur l’autoroute du soleil, votre planche à voile sur la galerie, nonobstant une petite formalité de fin d’année :
Les camps
.
D’aucun vous diront bienheureux de bénéficier de ce qu’ils considèrent comme un avant goût du mois d’août.
Ils enfonceront le clou jusqu'à vous avouer qu’ils ne connaissent pas d’autres professions bénéficiant de vacances anticipées qui arrivent à la fin d’une année passée à « garder » quelques malheureux gamins. Pour eux, à l’évidence, ces camps constituent, pour les veinards que nous sommes, une véritable cerise sur le gâteau.
Ceux là ont tout intérêt à rester dans l’anonymat faute de quoi ils risqueraient d’être les premiers à goûter au gâteau.
En réalité, les camps ont été créés pour évaluer discrètement les capacités physiques et la résistance psychologique des éducateurs. Camps =
C
onfirmation d’
A
ptitude aux
M
étiers
P
assionnants du
S
ocial.
Une fois de plus nous nous sentons obligés de mettre au parfum ceux d’entre vous pour lesquels l’évocation de ces joyeusetés ne représente rien de particulier.
La recette est pourtant simple :
Prenez en premier lieu une dizaine d’enfants (vous serez parfois amenés à choisir entre six et douze. Comme les escargots les loupiots se servent volontiers par multiples de six.)
Incorporez énergiquement deux à trois éducateurs (selon la consistance des dix précédents).
Laissez mariner une bonne dizaine de jours sous une toile.
Certains ne conçoivent pas cette préparation sans arrosage. Celui-ci se fera différemment en fonction des régions où le camp est effectué. L’arrosage copieux nécessitera de faire revenir (rapidement) la préparation.
Ces moments très particuliers suscitent selon la place que l’on occupe, des réactions remarquablement variées.
Un observateur extérieur trouvera formidablement bénéfique ce genre de « moments privilégiés ».
Les commentaires des intéressés quant à eux ne seront pas moins nuancés.
Le jeune éducateur par exemple pourra s’exclamer :
« Super, On va s’éclater pendant dix jours! »
L’éducateur qui approche de la quarantaine, aura, l’âge et l’expérience aidant, des propos plus modérés :
« Super si je m’éclate rien pendant dix jours. »
Vous partirez donc en entonnant le « Youcadi, youcada » pour les activités les plus diverses. Certains, plus débrouillards que d’autres, auront dégoté un hébergement en dur. Les autres emporteront les guitounes en sachant que, malgré une minutieuse vérification préalable, il manquera toujours quelque chose le moment venu.
Et, justement le moment tant attendu étant enfin arrivé, vous voilà après quatre heures de route, sur votre emplacement de vingt mètres carré en face d’un gérant qui vous explique que :
S’il vous a mis un peu à l’écart du camping, c’est pour que les enfants ne soient pas dérangés par les voisins. « Bien sur il n’y a pas beaucoup d’ombre parce que les arbres ont été plantés cet hivers mais vous verrez que... »
3
Pendant qu’il déblatère avec un sourire plus coincé que commercial, vous gambergez sur l’énigme du moment : Comment placer cinq tentes trois places sur vingt mètres carrés en faisant en sorte que Grégory et François qui ne peuvent pas s’encadrer soient séparés par une distante suffisante, tout en évitant la proximité de Jessica par rapport à Sylvain qui la rend hystérique, lui même manifestant une certaine tendance à rechercher la compagnie d’Edouard pour la mise au point de coups plus foireux les uns que les autres.
Enfin, après mûre réflexion, vous parvenez, avec l’aide avisée de vos collègues, à décider d’un plan d’occupation des sols. Le montage peut commencer et avec lui un nouveau dilemme : Si nous laissons les enfants monter quelques tentes pendant que les adultes s’affairent au même travail en compagnie de quelques autres tout le travail sera à refaire, (et vous avez déjà expérimenté par le passé combien il était malaisé d’ajuster un double toit sur une faîtière fraîchement coudée à angle droit).
D’un autre côté, si nous les montons à tour de rôle avec eux, il s’en trouvera toujours deux ou trois (au bas mot) qui, profitant de ce que nous sommes occupés, échapperont à notre attention et alors là... tout peut arriver ce qui est particulièrement fâcheux lorsque l’on désire passer le plus inaperçu possible et préserver une image pas trop négative d’un groupe d’enfant.
Alors voilà vous avez opté pour le moins pire, du moins le croyez-vous, et chaque enfant participe à l’installation pendant que vous planchez sur l’assemblage des tubes de la nouvelle canadienne achetée par le CE.
Malheureusement la notice de montage, au demeurant fort complète, a été prévue pour les Allemands, les Arabes les Chinois et les Hébreux mais pas pour le pauvre francophone que vous êtes. A peine si vous êtes parvenus au détour d’une feuille, à lire dans un Français d’exportation, qu’il fallait « assembler les tuyaux et les tubes pour ériger la toile de plein air . »
Au bout de trois quart d’heures, n’en pouvant plus, vous partez vous détendre avec un Rubiks’cube pendant qu’une de vos collègues s’en va chercher de l’aide.
Nous n’insisterons jamais assez sur la nécessité de la présence d’une éducatrice.
C’est dans ce type de situation que l’évidence vous saute aux yeux. Vous êtes accompagné par
une
collègue et c’est
elle
qui va vous tirer d’affaire.
Bien entendu vous aurez eu soin de solliciter une éduc d’expérience possédant un charme indéniable. (En écrivant cette phrase, nous nous apercevons que nous sommes à la limite du pléonasme).
Donc, d’après une stratégie qui a fait ses preuves, votre collègue se dirige tout droit vers la tente des deux jeunes Hollandais repérés en arrivant
4
, pendant que vous continuez à bougonner et à invectiver à tour de bras.
Quelques minutes plus tard, ils ont enfin compris dans quelle détresse se trouve cette petite Française accompagnée par un incapable agité qui hurle après de pauvres enfants sans défenses.
En une demi heure l’ensemble du camp est monté, les deux boutonneux, moyennant un sourire supplémentaire ont rempli les jerricans de vingt litres, et vous avez même poussé la hardiesse jusqu'à leur demander s’ils n’auraient pas, du haut de leur mètre quatre vingt douze, l’amabilité d’accrocher la corde à linge. Ce qui vous évitera, pour cette année, d’avoir à grimper aux arbres.
Ainsi parés les activités peuvent très vite commencer, ponctuées de menues anecdotes, qui vous sembleront à coup sur hilarantes... au moment de la retraite : L’arrivée furibarde du responsable du camping qui n’apprécie pas d’avoir retrouvé de la macédoine mayonnaise dans une douche dont les murs ont été recrépis d’une substance sombre et malodorante
5
.
Inutile de partir dans une tentative d’explication sur la difficulté d’éviter ce genre de désagrément avec un gosse encoprésique se baladant sur un versant
psychotique
, il vous répondrait sans décolérer que c’est à vous de faire gaffe à l’itinéraire des randonnées et que , encore présique ou pas tout ce qu’il constate c’est que la discipline est merdique.
C’est généralement à ce moment qu’une dure réalité s’impose à votre esprit embrumé : L’année prochaine il faudra chercher un autre camping ! Mais, comme disait une vieille dame de notre connaissance, c’est quand même mieux que de travailler à la mine.
Bien que rédigé dans un souci de clarté quasi obsessionnel, nous n’avons pu éviter, tout au long de cet ouvrage, quelques incontournable termes techniques. Afin de ne pas laisser le lecteur non initié dans une incompréhension qui ne pourrait que confiner à la frustration, nous proposons, dans ces dernières pages, un lexique regroupant l’ensemble des mots apparaissant en italiques et caractères gras dans le texte. Nous avons voulu ces définitions le plus accessibles possible. Elles resteront néanmoins succinctes, l’auteur se refusant à concurrencer Laplanche et Pontalis et leur « Vocabulaire de la psychanalyse » qui, bien que moins exhaustif était quand même là le premier.
Analysant
: Se dit d’un individu en mouvement dès lors qu’il s’allonge pour ne pas s’endormir. L’analysant repose, non pas sur son psychanalyste mais sur le divan de celui-ci à un rythme régulier marqué par des scansions.
Articulation
: Comme son nom l’indique c’est une jointure entre, par exemple, un événement et une situation ou un concept. Lorsqu’un enfant atterri régulièrement dans le lit de ses parents, pour différentes raisons : Il a froid, il a peur, il a soif, il n’a pas sommeil et veut jouer, l’articulation pourra consister à se demander s’il se pourrait que, tout compte fait, l’annonce de l’arrivée prochaine d’un petit frère ou d’une petite sœur, ne le réjouisse pas autant qu’il avait bien voulu le dire. Si une nouvelle grossesse n’est pas au programme veuillez vous reportez à « Oedipe (complexe d’) ».
Bénéfice secondaire
: Sorte d’arrangement à l’amiable entre le moi et le symptôme, consistant à retirer quelque satisfaction d’une situation pathologique induisant elle même un certain nombre de désagréments. Le bénéfice secondaire, bien que non imposable, n’est que très rarement déclaré.
ç
a
: A la question : « qu’est-ce que c’est que ça ? » nous répondrons : « ça est une question de vie et de mort totalement inconsciente ». (voir aussi : moi et surmoi)
Défense
: Travail de refoulement ou « refoulement du boulot » tendant à faire disparaître de la pensée quelque chose d’insupportable par des mécanismes divers et variés. La projection par exemple vous permettra très simplement de voir chez l’autre ce qui est insupportable chez vous. Exemple de projection : « Je suis sur que mon voisin dit sans arrêt du mal de moi ! » au lieu de : « Je ne supporte pas d’habiter à côté d’un étranger ».
Formation réactionnelle
: Ce qui pousse les sadiques qui s’ignorent à exercer des professions soignantes. La formation réactionnelle fait partie de la grande famille des mécanismes de défense.
Interprétation
: Dans le cadre d’une psychanalyse, c’est une lecture à voix haute et au second degré d’une parole qui aura suffisamment titillé les grandes oreilles d’un psychanalyste pour que celui-ci décide d’en faire profiter son ana-lisant.
Interprétation sauvage
: Interprétation simpliste voire fantaisiste et surtout balancée en dehors de tout cadre analytique. Elle est d’autant plus sauvage qu’elle tombe souvent juste.
Moi
: Avec moi, ça va ! (voir aussi ça et surmoi)
Narcissisme
: Amour aveugle que d’aucun porte à lui même ou à autrui selon que le narcissisme sera primaire ou secondaire aussi connu sous le terme : « leurrant amour ».
Oedipe (complexe d’)
: Il se décline différemment au masculin et au féminin mais reste, dans l’un et l’autre cas, étroitement lié à l’angoisse de castration.
Pour le petit garçon (deux ou trois ans environ) il s’agit de tout faire pour séduire sa mère et prendre la place du mari de celle-ci qui, de son côté s’accroche et ne se laisse pas écarter par son galopin de fils auquel il fera comprendre avec l’aide de sa femme, qu’il devra attendre encore quelques années pour se dégotter une femme et, qu’en attendant il peut faire une croix sur la réalisation du désir qu’il éprouve quant à sa môman. Le galopin se dit que, s’il insistait, son père serait bien capable de lui couper la zigounette - histoire de simplifier la rivalité - il fait alors (angoisse de castration aidant) contre mauvaise fortune bon cœur, se souvenant que « (son) papa c’est le plus fort du monde » il sort donc du complexe d’oedipe et ajoute désormais : « Quand je serai grand je serai comme mon papa ».
Pour la fille : Devant le constat horrifié de l’absence d’un zizi, la demoiselle voyant que tout compte fait ça ne pousse pas, rend sa maman responsable de ce manque, qu’elle imagine être le résultat d’une castration, et décide de remédier à cette injustice. Elle se dit, en toute logique, que ce qui pourrait compenser cette cruelle absence serait un bébé qu’elle se propose d’avoir tout bonnement avec son papa et c’est ainsi que la petite fille, sans même s’en rendre compte, entre de plain pied dans le complexe d’oedipe.
Problématique
: Selon que tu seras pervers ou parano, que tu ais pour objet ta pauvre libido, si l’on voit sans effort ton côté hystérique, quel beau cas dira-t-on, jolie problématique.
Psy...
: Le psychiatre est médecin, le psychologue ne l’est pas, mais le psychanalyste peut l’être alors que le psychiatre n’est pas forcément psychanalyste, tout comme le psychologue d’ailleurs qui est forcément passé par une fac mais pas obligatoirement par une école analytique. D’un autre côté, un psychothérapeute peut se cacher derrière chacun de ces praticiens ou exercer en toute légitimité sans aucune formation préalable.
Pulsion inhibée quant au but
: Rencontre, suite à une conduite sur route glissante, de l’énergie dégagée par la pulsion, avec un obstacle du style « mur de béton ». Faute d’échappatoire, ladite énergie, n’a d’autre solution qu’un changement de la destination initiale.
Signifiant
: Mot chargé de sens, à manipuler avec précaution, le coup pouvant partir tout seul.
Sublimation
: Toutes activités, sportives, intellectuelles ou autres, qui utilisera suffisamment votre énergie de manière à ce que vos pulsions ne vous fassent pas imploser.
Surmoi
: Magistrat exerçant dans la juridiction de la deuxième topique, régulièrement consacré meilleur juge du moi.
Symbiotique (attitude)
: Relation duelle et fusionnelle où l’on ne sait plus qui est qui ni où commence l’un et où fini l’autre. Ce genre de relation à autrui pourrait se mettre en équation de la façon suivante : 1 + 1 = 1. Dans ce genre de logique l’équation 1 + 1 + x = expulsion immédiate et sans préavis du troisième terme.
Symbolique
: C’est le langage utilisé par l’inconscient et décrypté par le bon docteur Freud alors qu’il regardait un petit garçon jouer au Fort-Da parce que la bobine de sa mère ne lui revenait pas. (Le Fort-Da au contraire du Fort-Alamo ne se trouve pas en version Playmobil.)
Toute puissance
: Vieille histoire remontant à l’époque où vous pensiez pouvoir être tout pour votre maman. La toute puissance est une histoire qui se règle, normalement, en famille. Elle commence entre papa et maman avec ce que l’un représente pour l’autre et vice-versa. L’objectif, comme chacun voit, étant d’éviter la confusion, faute de quoi vous serez toujours persuadé qu’il suffit de vouloir pour pouvoir.
Transfert
: C’est, à l’origine, un « mouvement » observé lors des cures psychanalytiques. Actuellement il a tendance à se vulgariser pour désigner un rapport à autrui consistant à revêtir quelqu’un qui ne vous avait généralement rien demandé, de l’image de quelqu’un d’autre. Le transfert qu’il soit positif ou négatif appelle une réponse tout naturellement identifiée sous le nom de contre-transfert.
- Vous tombez amoureux(se) d’un(e) collègue nettement plus âgé(e) que vous et vous l’appelez régulièrement - et sans vous en rendre compte - du prénom de l’un de vos parents adorés : C’est un transfert positif.
- Votre patron vous terrorise (avec une désagréable impression de déjà vécu) alors même qu’il ne vous a jamais adressé la parole : C’est un transfert négatif.
Triangulation
: Remède souverain contre la confusion. Elle consiste en la médiatisation d’une relation pour que celle-ci ne soit plus confuse mais permette au contraire à chacun des protagonistes de considérer une situation donnée en se décollant un peu de celle-ci. Le but de la triangulation n’est pas d’arrondir les angles mais plutôt de les modifier pour une vision différente.
Dessins : Hélène Danet
1
Authentique
2
Le balayage tout comme la mise du couvert, la vaisselle, le débarrassage et l’essuyage des tables, fait partie des « services » effectués par les enfants dans toute institution qui se respecte.
3
Authentique
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Authentique
5
Authentique
remerciements
judith diedhiou
jeudi 19 juillet 2012