Et crient
Deligny bouscule !
Graine de crapule
" Quand tu auras passé trente ans de ta vie à mettre au point de subtiles méthodes psycho-pédiatriques, médico-pédagogiques, psychanalo-pédotechniques, à la veille de la retraite, tu prendras une bonne charge de dynamite et tu iras discrètement faire sauter quelques pâtés de maisons dans un quartier de taudis.
Et en une seconde, tu auras fait plus de travail qu'en trente ans. "
Avant toute théorie, il est important d’entendre la souffrance, les désirs de l’usager, avec des mots de tous les jours, de fait avoir de l’empathie pour l’autre. Etre éducateur peut être simple, il apprend tous les jours.
Je pense qu’il ne sert à rien à s’envelopper dans des mots, alors que simplement, il suffit de dire « je ne sais », mais je vais essayer de comprendre. Accepter de se dire, je vais travailler ce point, en plus je vais le travailler avec les autres collègues.
Accepter le trublion est accepter le travail pour le lequel nous sommes formés et salarié. Nous devons admettre d’être un éducateur sans arme, sans carapace, mais ayant comme protection nous même. Ce sujet fouteur de KK, va nous aider à avancer, à approfondir notre formation, enrichir notre boite à outils professionnel.
Des questions qui me viennent à l'esprit
Comment permettons aux usagers à avoir des droits ?
Prendre en compte la parole de l’usager, en ayant en tête l’âge, ses difficultés, ses désirs exprimés ou pas. Comme moi, il a le droit de dire je
S’interroger si l’usager pense cela ou si c’est moi, éducateur. Souvent l’usager mutique ou non parlant est le siége de nos projections. Il nous est utile pour construire notre profession
Le respect de la personne vis-à-vis de sa pudeur voulu ou non, de son intimité, de sa liberté de choix. Dire à un usager, ta nudité me gêne, je vais travailler pour que tu puisses construire ton intimité.
Les conditions de vie de l’usager sont elles supportables, les accepterions nous, ou accepterions nous qu’un de nos proches les vivent ? Ces conditions sont elle naturelles ou sont elles pour nous ennuyer.
Pouvons nous accompagner « hors de «, à coté d’un cadre. Faire attendre l’usager est elle éducative ou tout simplement un mieux pour nous. Accepter l’idée que ce mal être est révolutionnaire (au sens initial du mot) , envers cette société pourrie, tout en entendant sa douleur, sa souffrance. En parlant des résidents, je ne peux taire leur souffrance intérieure qui les envahit. Heureusement que pour certains, leur psychose les protège. Il est difficile de parler d'eux, car nous ne connaissons pas leur mal-être.
L’usager emprisonné par ses enfermements (sociaux, santé, psy..) ou par la prison que nous lui avons construite ? Souvent nous avons un trousseau de clef imposant, pour ouvrir le bureau, la cuisine, leur chambre ou leur placard. Pourtant ils sont chez eux. Imaginons que chez nous certaines pièces sont fermées, la clef serait chez le voisin, chez le patron.
Nous devons mettre du sens de l’unité dans l’accompagnement de l’usager, mettre des mots. La mise en mot est notre travail, la vie de l’usager. Evitons de transformer leur vie enpalympseste. Le palimpseste (du
grec ancien
παλίμψηστος / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») est un
manuscrit
écrit sur un
parchemin
préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau (wikipedia).
Mettre en mot veut dire ce que tu vis, ce que tu dis, je le respecte. C’est important pour toi, pour moi, pour la communauté éducative.
J’accepte l’échec, il me construit.
Etre éducateur, les seules recettes sont soi, construit lors des formations, des lectures et des recherches. Ou tout simplement en travaillant. Le problème au Foyer c’est tu n’es pas obligé de travaillé la pensée
Des professionnels une fois le diplôme obtenu le travail de la pensée est fini, pour eux…
.
Souvent, nous sommes la rustine qui « bouche » le trou de l’être, comme la rustine sur le pneu crevé d’un vélo. Une autre image me vient je me sens un peu comme
Jiminy Cricket
, qui conseille, qui peut dire les interdits, enfin une instance du « moi verbal ».
Nous donnons une réponse à toutes les questions. Pour aider la personne que nous accompagnons enfant, adolescent ou adulte, nous construisons une temporalité, avec des rituels. Le rituel a une fonction de communication qui est essentiellement expressive et symbolique. Le rituel est fondateur pour l’enfant ou l’adulte. Il organise, il étaye l’enfant. Il fait référence à des séquences repérables (bonjour, je me lave les mains..) .Il est aussi un temps de réconciliation, de dialogue avec les autres enfants, d’équilibre dans la vie quotidienne, il installe des standards “organisateurs” (bonsoir, merci..). Il ne faut pas forcément chercher des explications compliquées pour trouver un sens à ces rituels
Ces rituels permettent d’organiser la journée.
Créer des lieux d’entrecroisement pour déposer, faire une vidange de ce trop plein d’incertitude, de ma peur de ne pas assez faire. Au foyer nos avons plusieurs lieux d’entrecroisement, la réunion d’équipe, le groupe d’analyse de la pratique et les réunions inter secteurs .Dans ces lieux, nous entrecroisons nos idées pour améliorer les temps de vie
Une équipe éducative n'a pas une pensée unique. Pour travailler, elle a besoin d'une réflexion multicolore, et cohérente. La seule chose partagé est l’éthique ou les valeurs de l’ADSEA, mon employeur, la croyance en l’Homme, la citoyenneté, la laïcité, la solidarité.
Regarder une feuille tombée de l’arbre, pourrit, devient terre, devient vie. L’idée de la feuille tombante est la trame de la vie. Au départ la femme, l’homme sont une molécule se transformant.
Le sujet accueilli au foyer avance, est vie, même si ces progressions sont infimes. Pour nous construire, il a fallu des années. Entre l’homme cueilleur (premier homme) et l’homme moderne des milliers d’années se sont écoulées.
C’est une femme, c’est un homme
Jean-Pierre Meyer