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HARVEY MILK de Gus van Sant (interprétation oscarisée de Sean Penn) mars 2009 USA

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Florence Plon

lundi 23 mars 2009

HARVEY MILK de Gus van Sant (interprétation oscarisée de Sean Penn) mars 2009 USA

Hossegor, spot de surf landais, océan soleil…

Le cinéma programme ce samedi soir : Harvey Milk : six spectateurs dans la salle … Qui s’intéresse au sort de la communauté gay des années 70 ? Et aujourd’hui, au vécu de la dite communauté ?

Or, Il en va de certains films comme de certains livres : il ne faut pas les rater ; on en sort différents, heureux de vivre et marqués pour la suite de nos vies.

Harvey Milk retrace les dernières années de la carrière politique ce leader de la cause gay que son parcours militant exemplaire, dans l’état de Californie,à San Francisco amena à être élu à une fonction officielle. Il a lutté pour la tolérance et l’intégration des homosexuels ; son combat a changé les mentalités, et son engagement a changé l’histoire et a permis que cette population ne soit plus regardée comme déviante mais comme à part entière, non honteuse de son statut et de sa sexualité.

Des décennies de luttes sévères… contre des amendements et des lois scélérates soutenant une politique ségrégationniste !

Deux heures qui nous donnent à réfléchir sur nos propres positions.

Un film fort, qui met à mal les idées moralisatrices et bien pensantes, celles qui s’avançant sous couvert de convictions religieuses, décident du bien et du mal, au lieu de laisser la tolérance et l’humanisme aux commandes.

Pourquoi traîner l’autre, s’il est différent, dans la boue ? D’où ce penchant vient-il à l’homme ? Qu’est-ce qu’être un homme ?

Je reprends cet exemple rapporté par Jean Pierre Lebrun qui me paraît éclairant.

« Le père d’Albert Camus est mort lorsque celui-ci avait un an et il a donc vécu avec une mère qui était sourde et illettrée. Son père était un soldat dans l’Atlas, pendant la guerre et lors d’une prise de garde avec son collègue, ils ont trouvé leurs deux collègues soldats assassinés, égorgés et le sexe tranché et mis dans la bouche. Le collègue du père de Camus disait que c’était là les rites des gens de là-bas et le père de Camus, de manière extrêmement forte, s’opposait à une telle lecture et son argument était celui-ci : « parce qu’un homme, ça s’empêche ! ». Je trouve que c’est une très belle définition de l’interdit de l’inceste. Un homme, ça s’empêche : un homme sait qu’il n’a pas accès à tout. » (« un lien social as if » JP Lebrun 2 février 2009 sur www.psychasoc.com ).

Un homme plie à la loi des hommes, fondée sur cet interdit ; et quand il s’en approche trop ou fraye avec, il se détruit. Mais les sociétés évoluent vers un accommodement avec l’essentiel. Dans un aménagement consécutif, elles lâchent du lest et en assouplissent les limites vers ce qui se définit comme « l’incestuel ».

« Cet incestuel » cerne et tente de définir, entre autres, ce dérapage : oser penser, et s’autoriser à croire que les déviances, les perversions, la violence, et tous les maux qui frappent l’homme dans sa condition humaine, pourraient n’appartenir qu’aux autres et pas à soi. Que l’on en serait indemne ? Et que, de ce fait, l’on saurait avoir un pouvoir sur l’autre et le juger, parce qu’il serait différent, donc inférieur à soi. Ce serait la loi de la jungle, le retour à l’état de nature.

Or, la culture a pris le pas sur la nature depuis longtemps, ou c’est du moins ce que l’on tente de croire. La culture met des barrières. Les hommes sont donc égaux devant la loi ; elle s’applique à tous. Les uns ne font pas la loi aux autres.

Oui, l’homme a la liberté de ses positions, la liberté de ses mots : ils nous font libres et égaux en droits au-delà des racismes qui, au final ne font que démontrer la jalousie que l’on porte à l’autre pour sa différence.

L’incestuel, c’est se laisser aller aux indignités et à la facilité de la dérobade, au tout-possible, aux petites lâchetés et aux compromis insatisfaisants.

La psychanalyse a donné depuis longtemps, son avis sur tout cela, en stigmatisant toute ségrégation, de couleur, de religion, de structures et de sexualité. Elle soutient des sujets qui, quelque soit leur structure, ont à prendre des positions, qui les honorent dans leur dignité d’humain : la détermination, l’engagement à la vie ou à la mort en sont les fleurons.

Ce film démontre que quelque soit la conjoncture, chacun a toujours le choix de ses choix, de son désir, à tout moment de sa vie. Défendre ses convictions. Ne pas se laisser marcher dessus

Oser dire tout haut et afficher la différence, ne jamais renoncer aux luttes qui sont justes.

Ce film fait la preuve que l’on peut rester debout, et mourir debout, face au racisme, à l’ostracisme, au sectarisme, contre ce qui, dans l’homme, le mène à être un loup pour l’homme. Et sans céder sur une once de ce que l’on défend et en ayant le courage de montrer l’avenir à ceux qui suivent. Et, par le poids de l’exemple, drainer derrière soi l’adhésion.

Des combats qui ont montré, par leur valeur et leur victoire, que les idées survivent à ceux qui sont morts pour elles, et que tous ces morts ne l’auront pas été pour rien.

Qu’on ne laisse pas aux générations futures une planète définitivement pourrie mais bien quelques valeurs qui fondent notre humanité.

Un témoignage historique, politique, sociologique, émouvant…

Florence Plon

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