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La folie circulaire

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Serge DIDELET

samedi 04 mars 2023

La folie circulaire

 

Avec la psychose maniaco dépressive (PMD) – appelée antérieurement « folie à double forme » ou le plus souvent « folie circulaire, et aujourd’hui trouble bipolaire » -, et si l’on se limite à la description factuelle et clinique du trouble thymique, nous n’en saurons pas grand-chose. Pour passer du « quoi ? » au « pourquoi ? », il va falloir consentir à faire un tour du côté des structures psychiques, ce qui aidera à la compréhension de l’étiologie et de la clinique spécifique à la PMD. Si l’alternance manie/mélancolie est consubstantielle à ce syndrome, elle peut aussi être un écran de fumée à la compréhension des enjeux psychiques, d’où l’importance pour le thérapeute de prendre de la hauteur.

En visitant trois grands auteurs de la psychanalyse, K. Abraham, S. Freud, et J. Lacan, des psychanalystes impliqués dans la compréhension de la bipolarité psychique, nous allons pouvoir appréhender cette psychose d’un point de vue structural, et le premier enjeu épistémo-clinique consistera à identifier le lien entre manie et mélancolie, sachant que la PMD est une entité nosographique unique. Aborder celle-ci par la structure, c’est d’abord repérer la position du sujet par rapport au langage. Il faut dire que le discours maniaque évoque souvent une métonymie infinie et ludique des signifiants – jeux de mots et calembours -, par laquelle les oppositions symboliques semblent voler en éclat.

Par cet exemple tiré de la clinique, un sujet en phase maniaque proclamera dans le même élan verbal qu’il est mort mais aussi immortel, tout en implorant le psychiste de le soulager en acceptant de le tuer ! Nous rencontrons aussi une opposition entre grand et petit, le sujet migrant d’un délire de petitesse et d’indignité (« je ne suis rien ») à la conviction mégalomaniaque qu’il est un dieu sur terre (« je suis tout ») et qu’il détient même la gnose !

Dans la mélancolie, le sujet peut refuser d’abandonner sa position libidinale, incapable de se séparer de l’objet d’amour. Par le déni, il se détournera de la réalité afin de garder l’objet par une psychose hallucinatoire de désir : l’amentia. L’amentia, décrite par le psychiatre Théodor Meynert (1833-1892) – Freud avait suivi son enseignement – fut pour le jeune Freud le premier modèle de la psychose par lequel le Moi rejette la représentation insupportable (déni de la réalité) et se comporte comme si cette représentation n’était jamais arrivée à lui. Le sujet en proie à l’amentia, hallucinera son désir de l’objet. L’amentia, très proche du rêve éveillé constitue un accomplissement de souhait, elle est au service du désir.

 Ce sont de tels délires, et la rupture avec la réalité factuelle, qui font du trouble bipolaire avéré une véritable psychose dite maniaco dépressive ; et le sujet qui en est la proie devra à la fois être protégé des dangers encourus par la toute-puissance maniaque, ainsi que par les conséquences possibles de la conscientisation d’une vie indigne que nous rencontrons dans la crise mélancolique.

Dans la PMD, il y a un primat de l’objet @ 1 , l’objet cause du désir. La PMD est un syndrome objectal.  La dépréciation de soi est pathognomonique de la mélancolie où le sujet se vivra comme un objet indigne et infâme rejeté par tous. Dans cette situation où les risques de suicide sont très importants, l’hospitalisation en milieu protégé est souhaitable.

En phase ultra maniaque, le sujet affranchi d’un Surmoi déjà faible, et semblant ignorer la castration, se mettra en quête d’un objet capable de lui procurer un « plus de jouir » mortifère, un « au-delà du principe de plaisir » (Freud 1920) et, par ses actes délirants et souvent délictueux – nombreuse transgressions sociales 2 -, il se comportera à l’instar de l’objet d’infamie du mélancolique, ce qui fait que le sujet en arrivera au même point, qu’il soit en phase maniaque ou mélancolique. Il semble que la manie soit fondée des mêmes contenus que la mélancolie, et qu’elle constitue un moyen de la fuir – et vice versa - ; c’est ma conviction profonde étayée par mon expérience de la PMD. 3

Le passage en mélancolie sera alors la solution pour sortir d’une phase ultra maniaque dangereuse pour le sujet qui ne dort plus et qui ignore la castration et le renoncement pulsionnel. Cela lui évitera l’ordalie et le flirt dangereux avec les limites. Cela lui évitera aussi des conduites délictueuses avec ses répercussions sociales. A contrario, le passage en manie ou -mieux- en hypomanie 4 aidera le mélancolique à sortir de son apathie et de ses reproches d’auto-accusation, la phase maniaque le remettra en mouvement et lui évitera les tentations d’autolyse.

J’ai rencontré Julien dans le cadre d’une mission comme superviseur d’équipe dans une Maison d’accueil spécialisé (MAS) qui accueille des adultes autistes. Au bout d’un certain temps, nous avons sympathisé, il a quarante ans, éducateur spécialisé, et j’ai accepté de le rencontrer à plusieurs reprises en dehors des sessions de supervision car il se sent très seul et a besoin de parler. En outre, je vais apprendre de sa bouche qu’il souffre d’une dépression récurrente, bien que stabilisée par un traitement. Son état mélancolique chronique qui s’origine d’une rupture amoureuse fait partie, m’a-t-il dit, de sa personnalité et n’obère pas une vie socioprofessionnelle. Il a un traitement antidépresseur sérotoninergique 5 prescrit par un psychiatre qu’il rencontre deux fois par mois. Son état est stable et jusqu’à ce week-end à Annecy qu’il va me raconter, il est selon la nosographie un dépressif unipolaire.

Il me raconte la grave crise qu’il a vécu lors d’un week-end de Pentecôte, chez des amis, au bord du Lac d’Annecy. Il fait beau, l’ambiance est festive, le rosé coule à flot et « ça fume à tout va ». Il y a de jolies filles, dont une qui va devenir malgré elle son objet de désir, et cela jusqu’à l’obsession érotomane. Elle s’appelle Nadia. Pendant trois jours, celui qui est d’ordinaire considéré comme un taiseux ne cessera pas de parler, de pérorer, de réciter des poèmes ; il est très excité intellectuellement, monopolise l’attention de tous, multiplie les calembours et les mots d’esprit, et surtout, la pauvre Nadia qui n’a rien demandé va être l’objet de ses multiples tentatives de séduction. Il lui manifeste une forme de « drague » assez singulière, et si sa présence est très prégnante, il n’est jamais vulgaire ni graveleux, c’est plutôt un doux envahisseur, féministe et cultivé. Ne tenant pas en place, il va plusieurs fois en ville, la première fois il revient avec un énorme bouquet de roses qu’il offre à Nadia, plutôt gênée.

Ses élans amoureux évoquent une sublimation démesurée. Il déclame à tue-tête des textes de Léo Ferré, il boit sans cesse, fume, et si ses amis s’en amusent au début, ils finissent par s’inquiéter. Il repart en ville, revient avec des boissons et de la nourriture, et prodigue, il refuse d’être remboursé par les autres. Nadia commence à se lasser des assauts libidineux de Julien. C’est tout juste s’il l’a laissé dormir la première nuit où il lui a tenu des propos extravagants sur un amour unique, inconditionnel, cosmique et absolu, alors qu’elle est venue pour s’amuser avec les amis qu’ils ont en commun, pas pour être le réceptacle de la libido d’un autre décidément envahissant, bien que sympathique et touchant, alors elle le prend en pitié et ne le rejette pas, ce qui ne fait qu’encourager Julien dans ses tentatives de séduction.

Julien ne dormira pas pendant 48 heures, et le troisième soir, titubant de fatigue et d’alcool, tout en restant très excité par les conversations, il finira par abdiquer de sa jouissance et ira se coucher pour s’endormir très vite d’un sommeil agité. Fin de l’excitation.

Le lendemain, après une courte nuit de sommeil, il se lève. Il n’a plus aucune énergie et « la gueule de bois », il se sent triste et angoissé – d’une angoisse sans objet dira-t-il – Il culpabilise par rapport aux jours précédents, il a honte de sa conduite, il tient des propos suicidaires, se couvre de reproches, se disqualifie aux yeux des autres, s’auto-flagelle et va jusqu’à proclamer qu’il va se jeter du Pont de la Caille 6 afin d’en finir avec cette comédie qu’est sa vie, laquelle ne vaut décidément rien tant il se sent seul et mal-aimé. Il acceptera de se faire accompagner aux urgences de l’hôpital d’Annecy où il sera pris en charge par la psychiatrie de liaison. Il sera hospitalisé en USIP 7 et y restera pendant plusieurs semaines.

Ainsi, Julien, dépressif chronique unipolaire vivra sa première crise maniaque, qui sera elle-même jugulée par une entrée en mélancolie ; et cette disjonction opérera pendant son sommeil. Je l’ai revu plusieurs fois, il est maintenant stabilisé, racontant qu’il vit une forme de mélancolie active ponctuée de périodes hypomaniaques plutôt créatrices et agréables. Il n’a pas connu de nouvelles crises maniaques, lesquelles, à chaque fois, étaient générées par un excès d’alcool et de produites stupéfiants.

La PMD serait donc autorégulatrice, c’est mon hypothèse 8 , celle du mal par le mal. Dans la phase maniaque, on peut dire métaphoriquement que le sujet a l’objet @ dans la poche. Il est dans l’illusion de la toute-puissance et les semblants d’objets « cause du désir » semblent à la portée de sa jouissance mortifère, illusion du miraginaire. Tout semble possible et les limitations castratrices sont niées.

 Quant à la phase mélancolique, elle survient le plus souvent à l’acmé de la crise maniaque, fonctionnant un peu comme un thermostat psychique. Le sujet « revient sur terre », dans un monde qui d’un coup ne présente plus aucun attrait, c’est la panne de désir par laquelle le sujet se conscientise que l’objet perdu est depuis toujours perdu et cet état désespérant est éligible aux urgences psychiatriques, le sujet est en grave danger ! ; comme l’écrivit Freud : « L’ombre de l’objet tomba ainsi sur le Moi qui put alors être jugé par une instance particulière comme un objet, comme l’objet abandonné » 9 . Comme l’écrivait Joseph Rouzel 10  : «   L’expérience clinique nous enseigne que chez le mélancolique, dans le moment de l’effondrement, lorsque l’Autre qui fait appui au sujet se dérobe après l’excitation, le risque de suicide est majeur ».

L’ombre de l’objet perdu à jamais -et depuis toujours- le persécute et tend à le mener vers l’inanimé de la pulsion de mort. A contrario et comme nous l’avons vu, la phase maniaque sera une tentative de résolution du deuil (de l’objet perdu) mélancolique.

En outre, à ces crises cycliques plus ou moins longues – qu’elles soient maniaques ou mélancoliques – il existe une issue paranoïaque souvent observée en clinique psychiatrique : le sujet, réduit à un déchet pendant sa crise mélancolique, objet infâme indigne de vivre, va se révolter, en accusant l’Autre (ou l’autre de l’alter ego) de vouloir le réduire à cet objet d’infamie, et qu’il a décidé de faire face à cet ostracisme et de ne pas se laisser faire.  Ce sursaut d’allure paranoïaque peut aussi se rencontrer à l’apogée d’une phase maniaque. Ainsi cette renarcissisation paranoïaque constituera une solution psychique élégante - le sujet sauve son estime de soi – pour un rétablissement parfois durable, d’autant plus que le délire paranoïaque est de plus en plus socialement acceptable dans cette société du divin marché 11 , fondée sur la réussite individuelle et la compétition.

Pour le psychiste d’inspiration psychanalytique, la dimension transférentielle sera ici essentielle, car il va s’agir d’accueillir cette solution, fut-elle psychotique. Dans la paranoïa, le Moi tient bon, le délire est structuré, cohérent, organisé et logique. Socialement viable est la paranoïa, compte-tenu de l’état de la société et du malaise dans la civilisation.

Quant à la PMD – ou trouble bipolaire- elle ne peut se réduire à une perturbation thymique, elle constitue une façon d’être au monde singulière, correspondant à des fantasmes d’objets, à des façons de penser et d’agir spécifiques.

Un détour par nos aînés en psychanalyse est incontournable.

Karl Abraham (1877-1925) était psychiatre, il se forma à la psychiatrie à la Clinique du Burgholzli sous la direction de Bleuler, grand maître de la psychiatrie à cette époque. Abraham s’intéressa à la PMD 12 et énonça quelques idées originales quant à sa compréhension. Il souligna le lien entre la pathologie bipolaire et le premier objet oral. Il faut rappeler que l’oralité maniaque se caractérise par un appétit de tout voir, tout entendre, tous embrasser, tout vivre ; délire de complétude passant par des fantasmes d’incorporation cannibalique.

En outre, dans une phase mélancolique, la libido du sujet va régresser, et, au niveau inconscient, le mélancolique va éprouver un désir d’incorporation vis-à-vis de l’objet perdu. Il veut avaler l’objet, et en l’incorporant en lui, il croit le détruire, alors que l’objet envahit son Moi, se fond en lui et le parasite. Abraham a évoqué le mauvais objet du mélancolique, il est mauvais parce qu’il a choisi un autre plutôt que le sujet. Ces ressentiments négatifs et empreints le plus souvent du délire de jalousie ne se réduisent pas à une haine de l’Autre qui a envahi son Moi, cet Autre intrusif logé en lui ; il y a sous-jacente, une idée de vengeance à l’égard du mauvais objet, parfois associé au fantasme de la mauvais mère. L’angoisse va s’associer à ces reproches et s’amalgamer à une jouissance mortifère. Il y a une jouissance mélancolique qui peut mener au suicide afin que se taise enfin cet Autre menaçant. Le sujet mettra aussi fin à ses jours pour se venger, en tuant l’objet incorporé qui fait Autre en lui. C’est ce qui peut arriver lors de cette catastrophe existentielle de la psychose : lorsque narcissisme et estime de soi s’écroulent. C’est ce que le psychiatre et psychanalyste Jean Oury appelait le point d’horreur du mélancolique 13 .

Dans son ouvrage de 1915, « Deuil et mélancolie », Freud fait un rapprochement pertinent entre la clinique du deuil et celle de la mélancolie, tout en identifiant ses différences. Si le mélancolique a perdu l’estime de soi, ce n’est pas le cas dans le deuil classique ; en outre, dans le deuil, le sujet va progressivement retirer son investissement de l’objet perdu et se dirigera vers d’autres objets. C’est ce que l’on nomme un travail de deuil réussi.

Le mélancolique ayant perdu son objet d’amour prolongera le processus de deuil par une perte de l’estime de soi, par des autos-reproches où il se sent responsable de cette perte, on peut dire que le Moi est attaqué. Alors, non seulement il a perdu son objet libidinal, mais aussi son Moi qui lui est devenu étranger et détestable. De ce fait, le Moi est clivé entre une partie occupée par l’objet perdu et son deuil éternel (identification), et une partie accusatrice, vecteur de dépréciation et d’auto-reproches, petite voix intérieure désagréable, 14 instance critique d’un Surmoi féroce qui reprochera son infidélité et son abandon à la partie occupée par l’objet perdu : clivage psychotique.

Ainsi, le mélancolique se sent perdu, dans la déréliction abandonnique, à cause de la perte de l’objet (perdu) et c’est en tant qu’objet lui-même perdu qu’il va s’identifier à lui. Cette identification est narcissique et la PMD est -selon Freud- à classer dans les psychonévroses narcissiques, par opposition aux psychonévroses de transfert, telle que la névrose obsessionnelle. Ce même Freud identifiera trois catégories nosographiques : la névrose de transfert qui correspond à un conflit psychique entre le Moi et le « ça », la névrose narcissique qui est conflit entre le Moi et le Surmoi, et la psychose dans l’opposition entre le Moi et la réalité du monde extérieur. La PMD est un syndrome objectal et narcissique. Voyons ce qu’en dit Lacan. Dans l’approche clinique de la PMD, le « premier Lacan », psychiatre hospitalier d’orientation freudienne, ne divergera pas avec le père fondateur. Il fera sienne la théorie de l’objet perdu et identifiera plus tard, en 1956, dans le Séminaire IV sur « La relation d’objet » 15 , les différentes catégories du manque : privation, frustration et castration 16 .

A ce manque du sujet - ce manque à être - va correspondre une quête de satisfaction -déni face à l’inconscient- qui pourra mener, comme nous l’avons vu, jusqu’à la psychose hallucinatoire de désir – l’amentia – pour dénier la perte de l’objet. Le sujet va s’identifier à l’objet en tant que lui-même se vit comme un objet perdu et abandonné ; et si le mélancolique incarne l’objet perdu, à contrario, le maniaque s’efforcera de ne surtout pas l’être, il croit avoir l’objet dans la poche…le modèle théorique de l’objet @ se dessine à l’horizon…

Dans la crise maniaque avérée (et non l’hypomanie), l’Autre semble mis à l’écart alors qu’il jouit de son corps et le plonge dans une excitation démesurée, qui se montrera par la monomanie langagière, une métonymie infinie des signifiants, des associations libres de toute entrave par lesquelles le sujet « passe du coq à l’âne », la fuite idéelle, l’éparpillement et l’illogisme, l’hyper mobilité euphorique et enfin, le langage sans adresse qui ne représente pas le sujet. Il y a là un grave défaut du symbolique, consubstantiel à la psychose. La plongée dans la mélancolie comme solution à la crise maniaque sera tout autant morbide, avec des modalités différentes. Dans la béance laissé par l’objet perdu, le maniaque et le mélancolique ne font plus qu’un, même si chaque partie du Moi veut exclure l’autre. Ainsi, s’il n’y a pas de jouissance de l’Autre comme dans la névrose, c’est plutôt l’Autre qui jouit de lui. Dans les deux composantes de ce syndrome, Thanatos fait tronc commun car cette scène psychique, qu’elle soit mélancolique ou maniaque se déroule toujours dans cet « au-delà du principe de plaisir ». 17

Les psychanalystes qui ne reculent pas face à la psychose (on ne s’ennuie jamais avec un maniaco-dépressif !) sont ceux qui ont accepté de ne pas savoir afin de se laisser enseigner par les psychotiques. Il y a beaucoup à apprendre de la folie. Le psychiste devra se mettre dans une position d’écoute active des signifiants du sujet à travers ses dires. Pour se faire, il faut être dans un état de disponibilité totale. C’est un travail de longue haleine, difficile et patient qui devra être complété par un traitement psychopharmacologique de confort. 18 Je ne suis pas opposé à ces molécules quand elles sont utilisées à bon escient et non comme camisoles chimiques, comme encore trop souvent.

Alors, à l’issue de cette thérapie plurielle adviendra un autre réel, celui d’un désir de vivre qui ne sera pas barré par l’ombre portée de l’objet perdu, et ce dernier sera congédié comme dans le deuil classique. Le sujet pourra passer à autre chose, passant du point d’horreur au point d’aurore.

Serge DIDELET, le 2/03/2023

1   Dans tous mes ouvrages, l’objet « a » est symbolisé par l’arobase (@). Il a le statut d’un signe car tout seul il représente quelque chose pour quelqu’un, alors que le signifiant ne représente le sujet que pour un autre signifiant. Le choix de l’arobase pour représenter l’objet cause du désir nous vient des travaux de Jeanne Lafont, transmis par Joseph Rouzel, psychanalyste à l’origine de l’association l’@Psychanalyse, à laquelle je suis affilié.

 

2 A ce sujet, lire « L’intranquille » de Gérard Garouste, L’iconoclaste Paris 2009.

 

3 Intuition de praticien psychiste ne prétendant pas à la scientificité.

 

4 L’hypomanie est la version légère de la manie. Il s’agit d’un état de grâce stimulant où la vie semble valoir d’être vécue, c’est une manie tempérée, socialement acceptable. Je la qualifierai de « sublimation exacerbée ».

5 Des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine.

6 Le Pont de la Caille, situé en Haute Savoie est un pont suspendu d’une hauteur de 190 mètres.

7 Unité de Soins Intensifs Psychiatriques (USIP).

 

8 Cette hypothèse issue de mon expérience ne pourrait être valide qu’après une investigation poussée auprès d’un échantillonnage suffisamment signifiant de patients atteints de PMD. J’aimerais bien savoir ce qu’en pensent d’autres praticiens-psychistes. Comme l’écrivait en 2013 Joseph Rouzel : « En psychanalyse, il n’est pas de théorie qui ne soit tirée de sa propre expérience. D’où parfois les divergences, les dissonances. Ce qui fait de la psychanalyse une pratique soutenue par un discours inachevé et inachevable, toujours ouvert ». (J. Rouzel, « La prise en compte des psychoses dans le travail éducatif », ERES 2013).

 

9 S. Freud, « Deuil et mélancolie » in « Métapsychologie », Gallimard 1968.

 

10 J. Rouzel, « La folie douce », ERES 2018.

11 Dany Robert Dufour, « Le divin marché », Denoël 2007.

12 K. Abraham, « Préliminaires à l’investigation et au traitement psychanalytique de la folie maniaco dépressive et des états voisins », Œuvres complètes tome 1, Payot 1965.

 

13 En y opposant le point d’aurore, lorsqu’advient le sujet.

14 Une petite voix qui peut être source d’hallucinations auditives.

 

15 J. Lacan, « La relation d’objet » (Séminaire IV), Editions du Seuil 1994.

 

16 La frustration comme manque imaginaire d’un objet réel, la privation comme manque réel d’un objet symbolique, la castration comme manque symbolique d’un objet imaginaire.

17 S Freud, « Au-delà du principe de plaisir » in « Essais de psychanalyse », Payot 1981.

 

18 D’où la nécessité d’une thérapie transdisciplinaire. Le psychanalyste ne doit pas être seul dans la thérapie d’un sujet psychotique. L’idéal étant « la constellation transférentielle », à l’instar de la psychothérapie institutionnelle et de ses applications cliniques.

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