Accueil  --  Actualités  --  Textes

 


LISTE DE SUPERVISEURS


 

REZO Travail Social
Connexion au REZO Travail Social

 

ASIE-PSYCHASOC
3, Rue Urbain V
34000 Montpellier

Tél : 04 67 54 91 97
asies@psychasoc.com

 

   

Textes > fiche texte

La résistance en questions - brèves remarques à J Rouzel

Suggérer à un ami Version imprimable Réagir au texte

Daniel Pendanx

jeudi 10 septembre 2009

La résistance en questions - brèves remarques à J Rouzel

Je lisais aujourd'hui sur le forum du site ce long argumentaire de "sauvons le soin psychique" ; je me sens à tant d'égards si éloigné de tout ce discours. De plus en plus je pense que la psychanalyse a été engluée, subvertie par le "discours du soin", la fumeuse illusion de "l'autre institution", du "nouveau lien social", autrement dit par l'idéologie médico-psy sanitaire (ainsi que Lacan le repéra) et par le miltantisme producteur des nouvelles formations légendaires pour les masses, sous les figures-coqueluches du roman familial institutionnel . C'est le reproche nodal que je fais par exemple à un Gori : je ne le vois pas interpréter la place (de maître) qu'il occupe dans le mythe institutionnel oedipien, et je ne l'entends pas davantage relever ce qu'il en est aujourd'hui de la casse des montages sructuraux du droit civil, de l'institution du sujet...

Dans tous ces discours de "résistance" je ne lis pas que soient relevées les façons dont aujourd'hui triomphe sous nos yeux le mythe unaire, homo-sexué, celui des parents combinés, et comment le champ institutionnel se trouve ainsi incesté... Tous défendent le statu quo, par exemple l'imperium éducatif des juges! J'écris sur ce point dans le désert...

On ne pourra véritablement faire face au rouleau compresseur de la technogestion si l'on ne comprend qu'elle a été et qu'elle est encore notre responsabilité dans l'affaire, la responsabilité même des plus fins d'entre les cliniciens !

Je dis qu'à force d'idéologisation (de positivisme militant), de théologisation de la parole et de l'écoute, de fétichisation du signifiant "soin", nous avons fait le lit de ce matriarcat que Melman, parmi quelques rares interprètes, a bien vu venir. Mais ce qui n'est pas vu par contre par ceux-là c'est comment le discours du soin, psychanalysme compris, a participé et participe encore à plein régime de l'anti-juridisme, et partant de la mise à mal de l'institution du sujet , de ses fondements de représentation. L'affaire du "packing" est très significative de cette impasse, de l'impasse du juridisme occulte qui anime tant de "soignants", et au-delà... On dénonce d'un côté ce qu'on alimente de l'autre ! Tout cela reste massivement incompris dans nos milieux.

J'estime aujourd'hui que la psychanalyse a bien plus à voir avec l'éducation (Cf la préface de Freud à Aicchorn, préface qui nous est chère) et le droit, qu'avec le soin... J'entends par là que la psychanalyse, qui bien sûr est aussi "un prendre soin du sujet", est d'abord à situer du côté d'une clinique de la Loi que de je ne sais toutes ces pratiques du maternange, si souvent faussement réparatrices, du Welfare State, de ces pratiques désarrimées de la problématique de la Loi , de la problématique oedipienne. On nous sert tant de conte de fées cliniques! J 'évoque là toutes ces orientations et discours du positivisme (en vérité du nihilisme) thérapeutique, si oublieux du "meurtrier" en l'homme...

Si nous voulons rompre avec cela, comme je crois il y conviendrait pour qui prétend à une clinique digne de ce nom, si nous voulons refaire valoir (hors psychologisme ou juridisme) la problématique nodale de la Loi, alors cher Joseph nous ne devons pas travailler au "sans frontière" mais tout au contraire travailler en rigueur à la distinction et à la délimitation-limitation des pouvoirs, des discours, des compétences, des plans de la parole, des plans de la Loi. C'est ainsi que nous arriverons pour le coup à refaire valoir le point de vide, d'écart, et à faire jouer les articulations institutionnelles comme des articulations symboliques ; c'est aussi la condition pour réussir peu ou prou à défragmenter les choses - et je sais bien que c'est aussi de cela, de ce souci de "défragmenter" qu'il est question pour toi dans ton idée du "sans frontière", mais, tu le sais, je n'aime pas les résonnances humanitaristes de ce signifiant... On ne va quand même pas rêver d'un espéranto analytique ! Du côté de la psychanalyse, qui est naturellement ma maison (comme elle le fut pour Aicchorn), ce qui urge c'est de retrouver la rigueur de ce qu'il en est de la psychanalyse de Freud et de ce qui n'en est pas, de redonner rigueur au mot "psychanalyse", au signifié (à son corpus, ouvert aux apports des successeurs), tout en voyant aussi comment en est investi le signifiant. Autrement dit il s'agit d'assumer notre propre dogmaticité, et la dogmaticité du langage. Ce qui est le contraire du dogmatisme!

Ce n'est pas à toi que je vais apprendre combien sous l'idéal du thérapeutisme, du "soin psychique", se niche dans les institutions éducatives, et pour chaque éducateur pris un à un, l'horreur de son acte, de l'acte éducatif, toutes ces façons de ne pas se coltiner le Réel (de refuser d'élaborer l'idéalité), et au final toutes ces manières de céder sur l'exigence éducative, ce qui toujours maintient le sujet dans son fantasme de scène primitive et l'inconditionnalité de sa demande de reconnaissance et d'amour !

L'identification au psychanalyste, au thérapeute, verrouille très souvent chez les éducateurs leur identification à la "mère toute" (sous couvert du "père idéal"), soit ce que Rosolato a nommé "complexe de croyance"... Tout cela est lié à l'anti-juridisme, congénital si je puis dire, de nos milieux.

Je viens également de lire le récent dossier de la revue lacanienne (ALI) sur "les difficultés actuelles de l'action collective"; et là encore je suis effaré par bien des choses que j'y relève. Qui donc veut faire "reconsister le père"? Qui donc méconnaît que ce qu'il s'agirait aujourd'hui de refaire valoir (pour dépasser dialectiquement le vieux patriarcat sans tomber dans le matriarcat) c'est la fonction d'interprète sur la scène, pour faire vivre l'écart et la limite, l'espace tiers des institutions où fonctionne la Loi, et que cela ne saurait en rien tenir à la restauration de je ne sais quelle "place d'exception" incarnable, quoiqu'en avancent nombre de propos dans cette revue ! Mais ce que je soutiens ne peut valoir si chacun ne paie d'abord son prix à la Limite, dans l'ordre de la constitution sociale de la parole , en élaborant (à l'infini) son propre lien au Réel (à l' impossible, à l'irréductible de l'altérité) , soit en élaborant ce lien commun de Référence au principe de la symbolisation de notre rapport (imaginaire) au Réel. Ce point exige bien sûr les plus amples développements. On les trouve dans l'oeuvre de Legendre.

Aurions nous bouffer l'Autre nous qui prétendons à la "mort de Dieu"? J'ai apprécié (en écoutant la video sur le net) l'ouverture du questionnement qui fut le tient lors de la réunion de Montpellier (celle de "sauvons la clinique" je crois) ; je n'ai pas entendu que ce questionnement,sur le lien de Référence -- ce lien à l'Autre institutionnellement mis en scène d'où procède dans le transfert, comme dans tout acte, la légitimité de chacun dans la fonction -- ait été entendu, repris, prolongé par les présents...

Daniel PENDANX

Commentaires

action...réaction

Je partage cette opinion sur cet "anti-juridisme" omniprésent notamment en formation. Quel choc et surtout quelle douloureuse épreuve pour les étudiants que d'être entre deux mondes que tout oppose : la réalité du terrain et ses Lois face au "roman familial institutionnel" de la formation.
Est ce que la clinique de La Borde a les moyens de tous nous "recueillir" ?

 

Copyright © par ASIE-PSYCHASOC
n° de déclaration : 91.34.04490.34

< site créé par meliwan  >