Les chats s'évadent
J’ai pu parler souvent de ma pratique, écrire sur ma pratique, et partager ces écrits à travers ce site notamment.
Aujourd’hui j’ai envie de parler d’une rencontre de professionnels qui s’est fait par le biais de ce site et de ces écrits que j’ai produits.
Il y a quelques mois, une personne a pris contact avec moi, une éducatrice spécialisée qui travaille dans l’Aisne, autrement dit loin de chez moi.
Nous avons rapidement discuté de nos pratiques respectives, de nos projets, et de ce qui nous animait chacun dans notre travail.
Une des choses sur lesquelles elle a échangé avec moi est un atelier musique qu’elle anime dans son institution, atelier qui a donné vie à un groupe, «
les chats s’évadent
». Plutôt que de présenter ce groupe composé de personnes accueillies dans son institution et d’éducateurs, je vous laisserai le découvrir sur leur site :
http://les-chats-sevadent.over-blog.com/
comme moi-même j’ai pu le faire.
Afin d’illustrer ces quelques lignes, cette éducatrice Céline LALAN m’a un jour proposé d’écrire une ou plusieurs chansons pour leur groupe, car une des choses qui moi m’anime dans mon métier, c’est l’écriture.
Après plusieurs échanges par mail nous avons co-écrit « sur un banc » dont les paroles sont ci-dessous. Il est possible d’entendre la chanson chantée sur le site du groupe, et c’est un grand plaisir pour moi d’avoir contribué à un tel projet malgré la distance qui nous sépare.
Dans un travail social souvent malmené en ce moment, c’est ce genre de projet qui me donne pour ma part envie de continuer dans ma profession.
Paroles de « sur un banc » :
La première fois que tu l’as vu,
Tu es resté silencieux
La première fois que tu l’as vu
Tu l’as cru malheureux
La solitude et l’isolement
On dirait qu’il a renoncé
Et pour juste se sentir vivant
Toute la vie à s’balancer
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
Un jour tu as voulu l’emmener
Et ce jour là il a crié
Il a crié et puis c’est tout
Tout ce qu’il veut c’est se balancer
Assis sur son banc, il se balance,
Et devant ta télé tu penses,
Mais quelle malédiction l’a frappé ?
Quel sens a cette destinée ?
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
Une vie à se balancer
Et quelques fois même à hurler
tu as senti ton cœur pleurer
Tu étais tellement désolé
Pourquoi cette vie à traverser
Juste sur un banc l’immensité
Le regard qui semble contempler
Un gouffre, l’absurdité
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
Ce regard qui nous traverse
Quand on voudrait le rencontrer
Qui glisse sur nous comme une caresse
Un papillon vite éclipsé
Mais comme on se sent désarmé
A l’assaut de cette forteresse
On ne peut pas même l’approcher
Juste entendre sa détresse
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
interlude
Le temps entre nous a passé
Et tu as fini par comprendre
Par comprendre ou par accepter
Ma vie à part, mon monde fermé
Plus de compassion exagérée,
Juste une rencontre un peu rythmée
Et puis se mettre au diapason
De mon monde fait de sensation
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
À côté de moi tu chantonnes,
À côté de toi je me balance
Et parfois lorsque tu fredonnes
Entre nous deux ça balance
Et alors maintenant tu ressens
Que se bercer c’est rassurant
Et puis crier comme un enfant
Quand la vie c’est surprenant
Sur son banc, il se balance,
Toute une vie à s’balancer
Seul dans la danse
Un univers à cadencer
Et puis un jour le banc est vide
L’oiseau bercé s’est envolé
Libéré de sa chrysalide
De sa vie trop lourde à porter
Et moi je reste sur ce banc
Je cherche encore dans le néant
La clef secrète de ce mystère
De cette énigme, de cet enfer.
Paroles co-écrites par Céline LALAN et Antoine PASSERAT
très beau texte
grischka
mercredi 15 février 2012