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Maurice Castello

mercredi 20 septembre 2006

La Tentation du Vécu face à cet obscur Objet du Désir.

La parole doit son « statut hors statut » au lien étroit qu’elle entretient avec le Désir. En effet la parole porte la coupure symbolique dans le sujet au niveau de sa perception du monde – sôma-sêma – et à l’intérieur même du langage.

Elle supporte le « désir », elle l’engendre comme étant le dis-cours de son écriture ; la parole se fait dis-cours dans le désir et le désir se fait dis-cours dans la parole. Or, ce « vœu de l’origine » - sôma-sêma- fait sans cesse échec à la parole. Alors que celle-ci se donne au désir comme la « langue-mère » à domestiquer à apprivoiser. La parole qui – comme fondement eschatologique de l’éthique – s’impose catégorique, dégénère bien souvent en dis-cours de pouvoir sous l’emprise de sa convoitise.

Dieu par sa parole donne à l’Homme le pouvoir de nommer les êtres et les choses pour les faire exister symboliquement. La parole est ainsi l’ombilic, cette cicatrice du désir qui sépare et relie l’homme à Dieu, celle d’une liberté qui peut à l’image de Dieu faire être en nommant. C’est ainsi que de pouvoir symbolique, elle tend irrésistiblement à devenir objet de puissance ; de loi elle peut risquer de se figurer comme objet de désir. Car posséder la parole, n’est-ce pas en quelque sorte ravir à Dieu sa prérogative essentielle de voir, avoir et s’approprier ce que l’on nomme dans la plénitude d’une conscience en jouissance.

Nul ne peut pourtant parvenir à opérer une telle inversion, sans qu’il ne soit brusquement, immédiatement renvoyé à sa nudité, c’est-à-dire à l’opacité d’un corps muet et sourd à sa raison, car refermé sur lui-même – « les modes de conscience qui me possèdent ne sont jamais des modes de conscience que j’ai de moi-même » : C’est là l’infaillible et nécessaire chiffre de sa subjectivité, dans la transcendance d’une conscience, dans ce phénomène du sôma-sêma.

Que penser dès lors de cette métaphysique, chère à Platon dans l’ « Etre et le Dire » du Parménide ; en guise de propositions conclusives, dans les attendus et la retenue de notre circonspection dubitative, que dire dès lors de la parole?

On la définit parfois comme une « énonciation » où le sujet dans cet élan irrépressible du « sauve-qui-peut » risque l’empire de son désir, consciemment ou non, explicitement ou non. C’est seulement sous l’angle de vue de l’analyse qu’on pourra accéder à la représentation virtuelle – dans le profil évanescent d’une synopsis signifiante d’une parole instituée en dis-cours, restituée par le signifiant du désir et reconstituée métaphoriquement par le phénomène mimétique de l’homoîosis du verbe sous le couvert de son interprète. Dans ce langage maquillé et travesti, ourdi très souvent dans l’énonciation.

D’ailleurs :…… Dès que le sujet désirant - dans ce procès du sôma-sêma, glisse sous le sujet parlant – homoîosis……où donc s’arrête l’ENONCE et où ….commence l’ENONCIATION ???

Car…, si pour appréhender la rupture entre ces deux rives - énoncé–énonciation – nous devions nous en remettre au genre littéraire, au discours rhétorique – en tant que produit linguistique nous serions marron et déçus à tout coup, car le « langage du désir » emprunte bien souvent le genre d’énonciation pour ne rien dire – afin de ne pas se trahir – et lors se banalisant sous l’énoncé le plus commun il prend soin de pas mé-dire de lui-même de ne pas trop s’exposer, préférant consciemment ou inconsciemment se démettre plutôt que de se compromettre. Ceci illustre bien la tentation du vécu face à cet obscur objet du désir.

MOMOîque

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