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Pour une pédagogie de la liberté ou libérez la parole (2ème Congrès Psychasoc de Montpellier)

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Martine Laval

dimanche 15 juin 2008

« Les travailleurs sociaux sont logés aux avant postes , là où ça fait mal. Il y a urgence à se tenir éveillé, poser des actes et venir ici en témoigner » nous dit Joseph Rouzel.

Pour une pédagogie de la liberté ou libérez la parole (2eme Congrès Psychasoc de Montpellier)

Assistante sociale « développeuse », formatrice et superviseure des pratiques professionnelles dans des institutions sociales et médicaux sociales , j’ai souhaité apporté mon témoignage à partir de quelques expériences récentes qui m’ont interrogée dans ma propre pratique et alimenté ma réflexion sur le thème du » formatage » Je ferais ainsi quelques propositions pour que chacun « se tienne éveiller » J’ai observé dans des institutions que la parole y est bien souvent autorisée de façon « formatée ». La souffrance, la vulnérabilité et leurs manifestations émotionnelles sont interdites au nom du « non jugement » ou de la « neutralité ». Ainsi , celui ou celle qui les exprime prend le risque de devenir objet de « stigmatisation » , voir d’exclusion : on fabrique ensemble et aisément un bouc émissaire au rôle » tournant ». Ainsi, dans ces institutions, la pensée est inhibée, les actes sont dévalorisés, invalidés, le dire est rendu impossible, les relations sont infantilisées et les sentiments « d’angoisse sociale » de honte et de culpabilité collent à la peau. « il est possible d’éprouver de la honte pour les actes de toute autre humain et même en l’absence de tout sentiment positif à son égard, simplement parce qu’il est un être humain » S Tisseron. Il m’a été intéressant, enrichissant d’observer que là où la parole des professionnelles est soutenue par une posture relationnelle d’estime de soi, les travailleurs sociaux ou médicaux sociaux sont mieux « armés » dans leurs relations que ce soit avec les usagers et avec les collègues, ou la hiérarchie ... .J’ai observé la coexistence de trois types d’attitudes relationnelles: D’affirmation de soi, de sa pensée, de ses croyances, de ses besoins, de ses compétences, de ses droits , sans jeux de pouvoir D’attention à l’autre, de souci de l’autre, sans identification , ni projection, D’acceptation de sa vulnérabilité, de son incomplétude, de ses limites, de son impuissance, de sa défaillance, sans soumission.Ces attitudes orientent semble t il le regard et participent à installer cette posture que j’appelle « posture de pleine conscience » de ce que je ressens, pense et agi dans la relation avec l’autre , c’est en fait une présence de l’instant à soi et à l’autre . Dans cet équilibre, la personne professionnelle est alors en capacité de poser en conscience des actes de liberté et d’expression de soi et de son autonomie. C’est ainsi , au travers de ces actes « de parole » qu’elle engage sa responsabilité, qu’elle confronte l’altérité, qu’elle interroge sa condition humaine , qu’elle se dégage de situation vécue avec honte, qu’elle arrête le temps de l’horloge pour y imposer du silence, le silence de la pensée.C’est au travers de ses actes qu’elle remet en question les normes qui lui proposent de courir en permanence après l’illusion de la réparation immédiate ( des procédures) l’illusion de la réussite( des gagnants et des perdants) l’illusion de l’égalité ( du tous pareil, du tous de la même chose) l’illusion de l’efficacité ( des chiffres) l’illusion de la transparence ( tout dire sans rien dire, les faux semblants, le virtuel) l’illusion de la perfection ( que tout colle)Il est urgent de mon point de vue de libérer la parole dans les espaces de formation.Offrir des lieux d’échanges , de créer, d’inventer des situations « du vivre ensemble » pour que chacun puissent y expérimenter la parole à sa façon.Créer des conditions pédagogiques qui permettent aux apprenants de s’emparer de leur propres apprentissages, qu’ils aient leurs mots à dire , pour qu’ensuite ils soient en capacité d’inventer sur leurs lieux de travail des espaces de dialogue et d’échanges sans attendre nécessairement que l’institution le fasse.-Inventer des méthodes pédagogiques participatives , créatives , ludiques.Plus encore, leur offrir ou s’offrir eux mêmes des espaces pour que chacun ait l’occasion de faire l’apprentissage d’un travail sur soi, un travail d’observation et de connaissance de soi pour pouvoir espérer aider les autres »On ne peut rentrer dans la rencontre et l’empathie sans se confronter à soi, à sa propre honte » V De GauléjacC’est parce qu’ils auront appris en amont dans leurs écoles à « plus être » , se seront ouvert à la connaissance de soi, à leurs propres sentiments et réactions face à la honte de l’autre qu’ils auront développé des attitudes relationnelles « de pleine conscience » qu’ils pourront tenir sur leur position de refus des rapports de domination, d’infantilisation, des regards stigmatisant, le dégagement des sentiments d’angoisse sociale et pouvoir espérer ne pas contribuer à l’installation d’un système totalitaire.Je crois que nous passons tous par des lieux de formatage à partir du moment où l’on est dans un « vivre ensemble » et dans les apprentissages collectifs.L’important s’est de savoir s’en dégager pour construire sa propre pensée....A chacun donc ,de travailler sa propre posture relationnelle à partir de ses expérimentations.

Le 15 Décembre 2007

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