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Quelle place pour l’inconscient dans le « social » ?

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Adrien LEFEBVRE

jeudi 21 juin 2018

Quelle place pour l’inconscient dans le « social » ?

Restitution de l’intervention au colloque de l’AECF du 25 novembre 2017

Introduction

      Assistant de Service Social en Centre Médico-Psycho-Pédagogique (C.M.P.P.) depuis six ans, je souhaitais interroger ma pratique en confrontant deux logiques, celle de la relation d’aide dans le travail social et celle de l’inconscient.

       L’institution C.M.P.P. se revendique « psychothérapeutique » et d’ « orientation analytique ». Ces termes m’amènent à penser ma fonction « sociale » dans ce lieu spécifique.

A priori, mon travail ne concerne pas le soin mais plutôt les questions de droits, l’administratif, le « champ social », l’« extérieur » ou encore les relations avec les partenaires.

Cependant, cette orientation dite psychanalytique m’a amené à poser la question suivante : 

      Quelle place pour l’inconscient dans le social ?

D’une part, je préciserais la fonction de l’Assistant de Service Social et les types de relations que la théorie suppose et d’autre part quelques réflexions sur ma pratique et les limites que je rencontre.

  1. 1.   De la relation administrative à la relation d’aide

Je vais donc essayer de définir ce que j’appelle la relation administrative et de montrer comment elle induit un mode spécifique de relation, la relation d’aide telle qu’elle est pensée pour les travailleurs sociaux.

La fonction d’assistant social repose d’abord sur une bonne connaissance des lois, des droits et des dispositifs, ce qui en formation s’appelle  l’expertise sociale 1 . Ce terme induit d’emblée une logique d’expert en politique sociale, en droit social.

Dans «  Qu’est-ce que la théorie pure » 2 Kelsen propose une définition de cette science du droit : 

«  La science du droit établit les conditions de possibilités des énoncés relatifs aux obligations, aux droits, à la responsabilité, aux sujets de droits, aux personnes physiques ou morales, aux organes, à la compétence. »

Pour le dire autrement, la loi sociale organise un monde « binaire » autour des conditions de possibilités , d’un «  j’ai le droit de ≠ je n’ai pas le droit de » .

La fonction de la loi est donc de définir d’une part ce qui est autorisé ou non ; d’autre part, elle définit les devoirs, les obligations ainsi que les sanctions qui vont avec.

Ces lois, cette science viennent border l’individu pour faire civilisation.

Elles dessinent donc un monde de relations de causes à effets où l’individu est complétement désubjectivé et aliéné. Elles produisent une forme d' asservissement de l'être humain  en créant des  contraintes extérieures économiques, politiques ou sociales conduisant à la perte de ses facultés, de sa  liberté même si paradoxalement elles en définissent les contours normés qui sont nécessaires pour faire « société ». Elles produisent donc un système d’organisation entre les individus, normé, qui entend privilégier un comportement déterminé.

Il en va de même pour une institution. Par exemple, les C.M.P.P. sont définis par un agrément qui autorise les jeunes de 0 à 20 ans à consulter. A 21 ans, le CMPP ne peut plus recevoir l’ individu .

C’est donc une institution réglementée, normée par un ensemble de lois qui définit les obligations, les devoirs, les limites, les compétences etc.

Freud ajoute dans Malaise dans la civilisation :

«  Le résultat final doit être l'édification d'un droit auquel tous - ou du moins tous les membres susceptibles d'adhérer à la communauté -aient contribué en sacrifiant leurs impulsions instinctives personnelles, et qui d'autre part ne laisse aucun d'eux devenir la victime de la force brutale, à l'exception de ceux qui n'y ont point adhéré . » 3

      Si les théories du travail social nient la subjectivité, elles créent un individu, le sujet « de droit ». 

Cet individu est nommé différemment en fonction des institutions et des lois qui les font et les fondent. Il peut être« la personne accompagnée » terme politiquement correct qui englobe « l’usager », « le patient », l’ « assisté » ou encore le « client ». Cette nomination par la loi sociale produit un individu protéiforme en fonction de critères prédéterminés.

C’est vous, c’est moi, c’est tout le monde, c’est personne, c’est UN opérateur logique pour que la société tourne rond ou *LAPSUS* tourne en rond.

C’est le règne de l’un, de l’individu, de l’indivisé, défini par un savoir unique, univoque, uniforme. Il n’y aurait pas de différence entre la définition légale et la personne rencontrée que le travailleur social cherche à faire entrer dans une case, dans le cadre de cette relation administrative.

L’appropriation de ce mode de nomination de l’individu initiée par la loi qui infuse les discours théoriques produit à la fois l’aliénation du professionnel et des personnes reçues. 

Ce mode de nomination fabrique une novlangue. Yann Diener évoque dans son ouvrage «  On agite un enfant » sous le terme « langue médico-sociale » des exemples de ce processus en C.M.P.P. Les termes essorés ne sont pas que l’apanage de ces établissements mais traversent l’ensemble du travail social très friand de sigles.

Cette novlangue et ses sirènes dessinent un monde imaginaire auquel le professionnel cherche à appartenir. Elle signe une identité professionnelle solide en apparence, préconstruite par ses pairs. Elle épouse le sujet comme une seconde peau, la parole comme un second souffle. Les mots semblent alors univoques et chacun semble s’entendre sur ce qui se dit sans s’interroger sur le sens de ce qui se dit, ni dans le fond, ni dans la forme. Se faisant l’objet d’un grand Autre, elle uniformise le discours, la pensée et les actes.

 Avec ce savoir en poche et une maitrise de cette novlangue, le travailleur social augure une réponse prédéterminée à une demande en y cherchant un « il a droit à ça » ou pas. Ce savoir permet d’avoir une maitrise des signes à rechercher dans le discours de l’autre pour répondre à sa demande, à ses besoins. Ce modèle est emprunté à celui de la médecine. Il fait référence à la logique « diagnostique » en tant qu’étude purement technique d’une situation sociale. L’histoire de la personne accompagnée est scrutée, guidée dans la recherche de « symptômes sociaux » pour les « panser », les « guérir » ou les « éradiquer ».

Le traitement en est le droit, la loi. L’agent prescripteur, le travailleur social. 

L’A.S. et son usager entrent alors dans un type de relation spécifique, une relation fonctionnelle de collaboration qui se transforme en principe de travail déterminant un volet du travail social et les valeurs prétendues  humanistes qui fondent la relation à l’autre comme sujet de droit.

Ces valeurs de bases sont les suivantes : 

«  L’homme est unique et à une valeur propre ; il a le droit d’avoir les possibilités de s’épanouir selon ses capacités ; il a le droit de définir ses besoins selon sa propre volonté et il est capable de porter ses responsabilités sociales et morales.  » 4

Cette définition apporte une précision sur ce qui est entendu autour de la liberté et de l’égalité  en droit en tant que limite et responsabilité individuelle.

L’individu est décrit comme pouvant «  définir ses besoins selon sa propre volonté  ». Cependant «  le moi est-il pas maitre en sa demeure ?»

Cela participe aux créations de normes, de plus en plus ségrégationnistes, afin de classer les individus dans des cases. Cette norme participe bien à produire des exclus, à compartimenter les uns les autres en définissant une position sociale déterminée.

Ce discours social favorise ainsi l’aliénation sociale. Telle la dénégation, le travail social serait comme une réaction thérapeutique négative, une tentative de soustraction à la logique du signifiant, ne venant qu’insister sur la division constitutive du sujet, division revendiquée par ses symptômes. Ayant compris ou adopté le système malgré eux, ils se définissent aussi en se référant à cet ensemble de signes qu’ils soumettent à un autre qui détient la solution, la bonne méthode ou la réponse attendue avec plus ou moins de bonheur.

C’est le règne du signe « social » ou « médico-social » qui réduit et définit le sujet comme étant ceci ou cela.

Cette logique n’est pas sans conséquences pour les dits « individus ». Elle enfermerait le sujet par ses effets d’étiquetage et tend ainsi à répondre de manière déterminée, définitive à la question « qui je suis ? ». Ces signes prennent alors une portée ontologique lorsqu’ils deviennent une revendication identitaire. 

Par exemple : 

Dès que l’on observe un enfant qui bouge « trop » à l’école, à la maison, on le place sous le signe de l’hyperactivité. Les familles arrivent alors avec une réponse prédéterminée à ce signe, c’est la prescription en psychomotricité.

Ainsi, je reçois des personnes qui avancent l’ensemble des signes repérés par X ou Y pour rencontrer le spécialiste qui va bien et qui va éradiquer le problème.

Lorsque je repère cette logique durant les entretiens que je mène, je ne peux m’empêcher de poser cette question aux familles, aux enfants « ça veut dire quoi pour vous ; qu’est-ce que vous comprenez de ce que vous me racontez, de ce qu’on vous a raconté? ».

Est-ce qu’on ne peut pas penser ces signes comme un symptôme, symptôme que l’on peut supposer parlant.

C’est pour moi, déjà laisser une place pour qu’autre chose puisse se dire.

En caricaturant un peu, je pourrais tout à fait exercer mon métier en répondant à cette logique sans m’intéresser à la personne dans ce qu’elle dit, de manière fonctionnelle, sourde à son discours.

 Peut–être avez-vous déjà fait l’expérience d’être confrontés à cette logique administrative pour laquelle vous n’étiez qu’un dossier?

Mais vous sentez bien l’absurdité de ce que je vous raconte dans cette première approche. Car, sur le terrain, nous avons bien à faire à des personnes en difficultés, en souffrance et donc en demande d’aide.

La relation administrative à la fois nécessaire mais aussi absurde permet d’aborder l’accompagnement social avec un autre concept, plus humaniste la relation d’aide.

La relation d’aide «  conscientisée  »

      Si en théorie, « tout va bien », que ce soit en formation ou dans certains ouvrages, il n’est fait aucune place à l’inconscient. Il n’est fait aucun cas de certains apports de la psychanalyse lorsqu’est abordée la relation d’aide.

Je vous partage la présentation d’un ouvrage sur « la relation d’aide en travail social» 5 que je vais essayer de commenter.

«  Aussi, faut-il constamment garder présent à l’esprit, loin des recettes toutes faites, que la restauration de l’ autonomie des personnes en difficulté passe nécessairement par un travail approfondi  d’évaluation préalable dont le but est de prendre en compte chaque individu dans sa spécificité et de repérer les éléments  significatifs de son environnement et de son histoire personnelle. C’est bien à partir d’une  identification « sur mesure » des ressources disponibles, tant sur le  plan psychologique que  micro-sociologique , qu’il devient possible d’envisager une stratégie de mobilisation positive . »

      Ce début de présentation de l’ouvrage rappelle la valeur unique de l’individu. Le travailleur social devra alors évaluer ses spécificités et ses ressources dans un ensemble de signes prédéterminés par son savoir d’expert mêlant psychologie et sociologie. Passée au crible du savoir, cette évaluation permettra un diagnostic « sur mesure » pour prévoir un traitement social avec objectifs, résultats et évaluations.

Poursuivons la lecture : 

«  Ceci suppose de la part de l’assistant de service social une faculté d’ empathie , autrement dit, une aptitude à « entrer dans le monde de l’autre comme s’il s’agissait du sien propre ». Il faut pouvoir, en effet, provoquer la « rencontre essentielle », telle que la nomme le psychologue américain Carl Rogers, point d’ancrage d’une  relation de confiance susceptible de  rendre effectives les potentialités du client . »

      L’empathie est un concept incontournable et la référence à Rogers, un fondamental de la relation d’aide. Les concepts qu’il essayera de mettre à jour pour fonder les techniques de relation d’aide reposent sur un sujet du conscient pour restaurer l' «  autonomie  » psychique du sujet. Elle s’appuie sur l’axe imaginaire a-a’ (Schéma Z de Lacan) et une vision harmonieuse et pleine entre deux individus, le travailleur social comprenant pleinement l’autre dans sa demande d’aide.

      Il me semble que l’empathie est une notion confuse et donc dangereuse. 6

Continuons : 

«  Cependant, si la relation d’aide se nourrit de cette rencontre avec l’autre dans une réciprocité créatrice le pari est bien de rendre, à terme,  l’aidé désigné acteur de son  propre processus de développement . Il ne s’agit en aucun cas de faire perdurer les manifestations de dépendance qui peuvent effectivement se révéler, par moments, au cours de la relation et, dans cette perspective, la confiance établie avec le professionnel doit servir de puissant levier d’autonomisation . »

La retranscription écrite par les professionnels de leurs expériences constitue, à n’en pas douter, un excellent exercice pour  résister aux processus parasites de transfert et aux tentations fusionnelles qui peuvent intervenir. L’enjeu est de conserver une certaine distance vis-à-vis des problèmes des personnes aidées de façon à conserver tout à la fois neutralité et clairvoyance . »

Vous retrouvez dans cette présentation un ensemble de concepts opérant chers aux travailleurs sociaux : 

  • autonomie
  • évaluation préalable dont le but est de repérer les éléments significatifs de son environnement et de son histoire personnelle
  • empathie
  • logique d’acteur (conscientisation/empowerment)
  • résister aux processus parasites de transfert et aux tentations fusionnelles

Ce dernier point sur la question du transfert fut l’élément déclencheur du choix de citer la présentation de cet ouvrage.

S’il faut peut-être se pencher sur la notion de transfert dans le travail social et de ses effets dans la relation d’aide, l’expression définissant ce dernier comme « processus parasites » est un non-sens sur la fonction du signifiant et de parole. Dès que l’on parle, il y a du transfert ! Et ce serait peut-être à partir de cette irréductible que la théorie psychanalytique pourrait apporter une relecture décalée par un pas-de-sens. Ce pas de côté permet de mettre au travail l’approche qui tendrait de plus en plus à techniciser la relation d’aide.

Car, sous couvert de bonnes intentions humanistes, on se retrouve avec un discours proche de celui de la relation marchande, de service et tout cela participe d’une certaine manière à favoriser l’aliénation sociale.

Cependant, si cela tend à définir un sujet spécifique, le sujet de droit, et un type de relation particulière, la relation d’aide, il ne faut pas perdre de vue que celle-ci ne peut être pleinement satisfaisante 7 .

Cette dimension qu’apporte la psychanalyse me parait être un point essentiel à prendre en compte dans le travail. Nous ne pouvons échapper à la dimension de l’aliénation symbolique.

La question qui se poserait est de savoir si l’institution a su se départir de la logique psychiatrique, du discours médical, de l’aliénation sociale. Est-ce que son orientation analytique a pu subvertir de cette logique même au niveau du Service Social ?

De mon expérience en C.M.P.P., en tant que rejeton du mouvement de la P.I., elle n’a pas réussi ce pari.

Il y a déjà un fossé, un « faussé » dans le fonctionnement. L’institution définit en tant qu’établissement « socialement » organisé, elle organise les fonctions imaginaires de ceux qui savent, peuvent soigner et les autres. Il y aurait alors une différenciation entre ce qui relève du soin et le reste, dont le social. Sous le signe de la psychiatrie s’opère une hiérarchisation des savoirs. Mais, il n’y a pas de hiérarchie dans le transfert…

2- Sujet de l’inconscient

La norme sociale est incontournable pour faire société, pour faire civilisation. Pour le dire autrement, il ne parait pas possible d’éradiquer l’aliénation sociale  si ce n’est d’y ajouter la dimension symbolique et de la penser à partir de là.

Je ne cherche pas tant à dénoncer le discours « social » et ce qu’il produit qu’à le subvertir, qu’à penser ce que j’entends, ce que je dis, de ma place d’A.S., pour subjectiver la parole de l’autre dès lors qu’une demande m’est adressée. Je ne me soumets à cette idéologie qui dit qu’il n’y a pas de sujet hors-discours contrairement à ce qu’on essaye de nous faire croire.

Si j’essaye de tenir une position cohérente avec ce que je viens de présenter, tout cela à une limite.

Tout d’abord, je ne mène pas de cure. Je ne suis pas psy. Les rencontres que je fais dans l’exercice de mon travail ne sont que des « instants de dire » titre d’un ouvrage de Marie-José DEL VOLGO auquel je vais faire référence.

Cet instant de dire, c’est d’abord un lieu de parole, un dispositif où je pose l’acte d’écouter et d’interroger ce que je comprends.

Ce serait aussi une unité de temps : il est bref, limité, j’y fais « irruption », « une disruption ». Del Volgo évoque cela comme une occasion d’une rencontre singulière pour garantir, (le terme est un peu fort selon moi), l’existence d’une subjectivité, « au moins la mienne » 8 .

Enfin, Del Volgo décrit une unité d’action, un acte où il ne s’agit pas d’interpréter, de psychologiser, de doter de signification, « dans une maitrise du signe, du sens. »

Qu’est-ce qu’aider quelqu’un qui fait une demande ?

J’essaye de ne pas réduire l’autre à un individu dans ma pratique où par mon écoute « active » (autre concept opérant pour les travailleurs sociaux) il est question de repérer les signes guidant une intervention sociale comme un médecin recueille les signes dans la recherche diagnostique.

Travailler la demande du sujet en attente, comme la plainte d’un analysant qui voudrait que ça change et de cette position à laquelle il nous place, se décaler dans un espace de la parole et y aménager une autre place pour que quelque chose du sujet puisse se faire entendre. Ou plutôt comment à partir de ma lecture de cette demande j’essaye de déchiffrer ce qui se peut se dire derrière cette demande.

Essayer de penser la demande sociale qui m’est adressée, comme un symptôme…

DEL VOLGO ajoute ceci : «  aider quelqu’un, c’est le plus souvent l’affaiblir, c’est lui ôter en partie ses propres capacités de réactions de créations . » A réfléchir.

Une autre limite se pose aussi dans celle d’une équipe.

Il n’est pas toujours évident de faire vivre un désaccord, surtout de la part d’une personne dont la fonction n’est pas censée être en rapport avec la « psychologie ». Je pense que la science analytique n’appartient à personne. Cependant, il m’a déjà été renvoyé que je m’avançais sur des plates-bandes sur lesquelles je n’avais rien à dire.

Je ne crois plus pour l’instant qu’il soit possible de dire que les institutions dans lesquelles j’interviens soient  d’orientation analytique , même celles qui s’en prétendent. Si l’on s’arrête sur cette citation un peu connue : « Le collectif n'est rien, que le sujet de l'individuel ». Si l’on mesure ce qu’elle engage au niveau d’une institution, il faudrait que tout le monde se mette sérieusement au boulot.

Il y aurait pour certains un idéal que je ne partage pas, un « on se comprend », « on est tous d’accord », « on sait clairement qui fait quoi », qui serait un impossible. On ne peut pas évacuer la logique de l’inconscient qui échappe. Lorsqu’un praticien présente un « cas », la plupart du temps nous sommes dans de l’échange d’informations ou dans l’étalage de sa science où il ne faut surtout pas questionner ce qui se dit pour y pointer ce qui échapperait.

Alors qu’on ne parle jamais qu’à partir de soi, qu’en tant que sujet. On ne peut que l’interroger que sur ce qu’il dit, pas uniquement sur ce qu’il serait bon ou pas de faire.

Sachant que l’assistant de service social, serait pour certains moins légitime que les « thérapeutes » pour oser mettre à mal les tentatives de boucher le trou, de se boucher les oreilles à ce qui échappe. Pour sortir de la logique du signe, il faut s’accrocher.

Lorsque autour de vous, la majorité est unanime sur l’inexistence de l’inconscient, sur l’idée qu’il n’y a que la parole des psys qui a des effets thérapeutiques, que le « transfert, même si ça existe, on ne peut rien en faire » en tant qu’A.S., il est difficile de faire valoir une autre logique.

En d’autres termes, il n’y a de collectif que là où chacun peut raisonner.

J’y réfléchis. 9

Adrien LEFEBVRE

1 Guy Debord écrivait dans son «  Commentaire sur la société du spectacle » : Tous les experts sont médiatiques-étatiques, et ne sont reconnus experts que par là. Tout expert sert son maître, car chacune des anciennes possibilités d’indépendance a été à peu près réduite à rien par les conditions d’organisation de la société présente. L’expert qui sert le mieux, c’est, bien sûr, l’expert qui ment. Ceux qui ont besoin de l’expert, ce sont, pour des motifs différents, le falsificateur et l’ignorant. Là où l’individu n’y reconnaît plus rien par lui-même, il sera formellement rassuré par l’expert.

http://olivier.hammam.free.fr/imports/auteurs/debord/com-soc-spec-tot.htm ( consulté le 11/12/2017)

2 Qu'est-ce que la théorie pure du droit ? [Article] Hans Kelsen Année 1992  22 pp. 551-568

http://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1992_num_22_1_1187 (consulté le 11/12/2017)

3 Il est intéressant ici de lire comment Freud apporte un élément de compréhension supplémentaire à l’articulation de la loi sociale et de la loi symbolique. La loi symbolique serait « …d'ordre psychique, elle ne relève ni du droit, ni de la morale elle est éducative, elle règle les rapports humains, elle permet l'échange entre les hommes.»

http://www.ecoledelapaix.org/html/animation/parcours/site-imaginaire/fiche_loi_symbolique.php (Consulté le 11/12/2017)

4 J.Beckers,  Le travailleur social et sa pratique

http://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1979_num_3_3_1021 (consulté le 11/12/2017)

5 http://www.lien-social.com/La-relation-d-aide-en-service-social

6 Voir « les pièges de l’empathie »

http://maieusthesie.com/nouveautes/article/empathie.htm (consulté le 11/12/2017)

7 Les lois qui régissent les sociétés ne suppléent pas complètement aux satisfactions libidinales des hommes qui sont toujours marquées d’inaccomplissement

8 Je mène par exemple une réflexion sur les écrits que je produis lors de premiers entretiens car je suis souvent le premier interlocuteur des personnes en demande au C.M.P.P. Au départ, ces entretiens restaient lettre morte. Ils n’étaient pas reconnus comme une étape constructive de la transformation de la plainte en demande. Mais, je remarquais qu’il s’y disait quelque chose ce qui agaçait une partie de mes collègues qui se sentaient lésés de ce monopole de la parole et de l’écoute psychothérapeutique car les gens parlent durant ces entretiens.

J’ai donc décidé de laissé une trace de ce que j’entends dans ces rencontres « préliminaires ».

9 Nota Bene : Cette première intervention publique m’aura permis d’organiser ma pensée sur ma pratique en institution. L’exercice d’une présentation orale d’une demi-heure m’obligera à réduire ou à passer sur des points que je développerais peut-être ailleurs.

L’écriture aussi participera de nouveaux questionnements sur loi sociale et loi symbolique, sur le collectif et l’institution, le paternalisme institutionnel ou encore sur ma pratique. Un intervenant me posera par exemple cette question en aparté : « et vous, comment faites pour déconstruire votre savoir ? » Vaste question…

Je vais donc poursuivre mon travail ce texte n’étant qu’une première étape.

Vous pouvez m’envoyer vos commentaires et vos remarques à l’adresse suivante : 

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