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EXTRAIT d’un livre maudit sauvé des flammes par Myron SHARAF , ancien secrétaire de Reich :

Report on the Orgonic research Center, given by Wilhem REICH at the second orgonomic conference. August 25, 1950.

Myron SHARAF a fait paraître en 1986 une biographie de REICH . (« Fury on earth ». ed.. San Martin’s/Marek. New York). Psychanalyste, psychiatre et biologiste, psychopédagogue, il était né en Autriche Collaborateur de Reich, avec lequel il a entretenu des relations passionnées et parfois difficiles, il est mort en 1997 au cours d’une tournée de conférences à Berlin.

A l’occasion d’une session sur l’analyse bioénergétique, je l’avais rencontré à Boston en 1981. Nous avions passé de longues heures à parler de pédagogie, et des rapports de REICH avec NEILL (Libres enfants de Summerhill). 1

Myron m’avait confié comme une relique un livre échappé à l’autodafé des œuvres de Reich ordonné par le tribunal du Maine. « Children in the future ».

J’ai passé une bonne partie de la nuit à recopier et traduire quelques chapitres de ce livre.

Le passage suivant me semble particulièrement à méditer

… « Nos parents et grand-parents, au cours du siècle passé, ont sincèrement tenté de pénétrer le mur de la malfaisance sociale par toutes sortes de théories sociales, de programmes politiques, de réformes et de révolutions.

Ils ont lamentablement échoué à chaque fois.

La génération actuelle a hérité de la confusion. Elle a essayé vainement d’en sortir.

Alors, n’y a-t-il aucun espoir ?

Il y a un espoir. Beaucoup d’espoir.

La première condition [….] c’est la prise de conscience de notre propre fonctionnement.

Nous ne sommes que les courroies de transmission d’un passé démoniaque vers un éventuel futur meilleur.

Nous ne serons pas ceux qui construirons ce futur, et nous n’avons aucun droit à dire à nos enfants comment ils doivent construire leur avenir, puisque nous avons prouvé notre impuissance à construire notre présent.

Nous ne pouvons pas prêcher « l’adaptation culturelle » pour nos enfants alors que cette même culture s’est désintégrée sous nos pieds depuis 35 ans. Devons-nous adapter nos enfants à l’âge de la guerre, de l’extermination de masse, à la tyrannie, à la détérioration morale ?

Nous ne pouvons pas dire à nos enfants quel monde ils doivent bâtir. Mais nous pouvons les équiper des structures de caractère, de la vigueur biologique qui les rendra capables de prendre leurs propres décisions, trouver leurs propres voies pour construire leur propre futur et celles de leurs enfants de façon plus rationnelle. »

Les travaux de REICH 2 ont été décriés, et négligés. Passés au archives de l’oubli, bien qu’exhumés en 1968 à propos de la seule « révolution sexuelle », ils méritent pourtant d’être pris en considération. Reich est encore reconnu pour ses travaux sur l’analyse des résistances . Freud ne l’a jamais désavoué et lui a même confié des responsabilités de recherche et de formation. Il l’a encouragé à fonder à Berlin son dispensaire de sexologie à l’intention des jeunes des quartiers pauvres.

Un grand portrait de Freud, dédicacé, trône dans le bureau de Reich à l’Orgone Institut de Rangeley (Maine), musée et lieu de rencontres et de recherche.

Il est trop facile d’accréditer la thèse de la paranoïa qui serait responsable d’une fin de vie délirante.

Les travaux sur l’orgone, les accumulateurs d’orgone., les canons pour faire pleuvoir dans le désert du Nevada semblent, bien sûr, des entreprises délirantes et a-scientifiques.

Il reste que l’analyse des résistances, en termes de blocages musculaires, de « stases énergétiques », sont des hypothèses de travail qui n’ont pas été entièrement explorées.

L’analogie entre « la peste émotionnelle » qui serait à la fois, sur le plan biologique, responsable du cancer à l’échelle de la cellule, et, à l’échelle socio-politique, rendrait compte du fascisme, n’est pas à rejeter. On pourrait même peut-être parler de « stases de la parole », pour décrire la pathologie institutionnelle galopante que nous connaissons de nos jours.

L’ amitié de Reich avec Neill, son intérêt pour Pestalozzi, montrent que Reich était préoccupé par l’éducation, seule issue pour sortir « les Enfants du Futur » de la prison grégaire dans laquelle ils sont enfermés.

Je fais un rapprochement avec les travaux de Dany-Robert DUFOUR, auquel je reproche, dans son dernier et pessimiste ouvrage 3 , de ne pas évoquer suffisamment les voies ouvertes par les pédagogies actives et les CEMEA, du type de celle développées par Freinet, et enrichies de la psychopédagogie institutionnelle de Fernand Oury, et de la psychothérapie institutionnelle de Jean Oury. D’autres réalisations comme celle décrite par Joseph ROSSETTO dans le collège Pierre Sémart de Bobigny ne sont pas des utopies soixante- huitardes. La parole vraie avec les hommes, ça marche, et ça évite de « dé-penser »

Je renverrai aussi, pour travailler cette question du troupeau et de son enfermement consumériste très bien analysée par D.R. DUFOUR, à l’ouvrage dirigé par Thierry Goguel d’Allondans, préfacé par Jean Oury : « Face à l’enfermement : Accompagner, former, transmettre. Petit traité de l’ouverture des cages » 4 .

Pour renforcer la résistance à la divinité consumériste, et aider les hommes à sortir du troupeau, des voies sont offertes qu’il convient de continuer à débroussailler.

Bernard MONTACLAIR

monta2@wanadoo.fr

2 lire aussi Roger.DADOUN « Cent fleurs pour Wilhem Reich » Payot , Paris 1975

3 Dany-Robert DUFOUR, Le divin marché . Denoël 2007

4 Editions ASH, 2003