cf. pointeuse informatique et modernité, article mis en ligne sur le site PSYCHASOCde J. Rouzel)
A partir de ce jour les formateurs seront identifiés à/par un n° matricule, ce qui signifie de triste mémoire qu’un chiffre x représente un formateur réifié pour un autre ou quelques autres… .peu importe. Ainsi les jeux sont faits ou défaits…la trêve des confiseurs ou la trêve du Dieu d’amour révèle en fait sa face cachée de Dieu obscur et vengeur.
Dorénavant les formateurs seront formatés par le numérique et la chronométrie…adieu le sujet formateur - post modernité oblige - maintenant il doit choir avec le tranchant du chiffre. L’ « obsessionnalité » numérique témoigne que la
valeur qualitative
des actes du formateur sera recouverte désormais par le
chiffrage
exclusivement
quantitatif
de sa fonction (c’est ce que j’appelle « la démarche quantité », pardonnez-moi l’euphémisme) : épinglé, assigné à résidence, assujetti au regard et à l’horloge de l’Autre institutionnel, tous ses faits et gestes seront répertoriés, classés, mesurés, vérifiés par quelques uns mais lisibles et visibles par tous…la pointeuse constitue-t-elle le prélude à la construction d’un cyborg*-formateur ? Demain, l’implantation d’une puce électronique dans son cerveau pourra avec certitude et exactitude et bien mieux encore que la pointeuse, repérer et mesurer le temps réellement passé à produire de l’ « apensée formatrice ». Enfin sera résolue la double question de savoir si les formateurs travaillent et à quels moments ils travaillent : après une discussion avec un étudiant, après avoir effectué un cours en amphi, le dimanche en écoutant une émission de radio, dans leur voiture en repensant à un article qu’ils viennent de lire, après être allé au cinéma, la nuit dans leurs rêves, au cours de leurs activités sportives, associatives etc.…
Comme je viens de le dire, l’introduction de la pointeuse informatique définit les contours de la nouvelle posture du formateur et promeut un nouveau discours : celui dénoncé jadis par la Boétie en 1546 comme « discours de la servitude volontaire ». Sur cette nouvelle scène le formateur est encadré de manière arbitraire, il doit même - et c’est là toute la subtilité du dispositif - s’auto encadrer dans un temps hiérarchiquement et exclusivement maîtrisé par l’Autre. L’instauration de cette micro « société de contrôle » (Gilles Deleuze) aboutira à une réification des relations, une déresponsabilisation, une infantilisation et accentuera le manque de confiance déjà endémique…
L’I.T.S Pierre Bourdieu ouvre une nouvelle fois encore la voie de la modernité…ainsi sommes-nous les nouveaux précurseurs des temps post modernes : les premiers pour la rupture des accords RTT, les seconds pour l’utilisation d’une pointeuse (seule l’IFRASS de Toulouse nous a précédé à ses dépens)
Pour conclure, je pense que la pointeuse informatique est la traduction symptomatique d’une violence institutionnelle pernicieuse et larvée. Elle constitue un instrument de rétorsion qui in fine sert à « épingler » surtout les formateurs pour avoir refusé en majorité le passage de 585h à 682h de pédagogie directe décidé et mis en place par la direction et le président de l’Association .
*En 1998, Warwick procède à l'expérience CYBORG 1. Une puce est implantée dans son avant-bras et lui permet de donner des informations à un ordinateur. Le flux est unidirectionnel et la puce sert de contrôle d'accès. Sans bouger, Warwick ouvre les portes ou allume les lumières de son laboratoire. En 2002, le professeur lance CYBORG 2 et introduit un implant dans son nerf médian. D'abord, les ondes cérébrales mises en action quand Warwick ouvre et ferme la main sont isolées. Ce signal lui permet ensuite de faire bouger une main robotique. Dans cette expérience, l'influx est bi-directionnel: des données sont envoyées à l'ordinateur qui en renvoie à son tour.
CYBORG 2 confirme la possibilité d'un échange d'informations entre cerveau et machine. Et entre plusieurs cerveaux, puisque l'épouse du professeur qui s'est fait implanter une électrode dans l'avant-bras reçoit des impulsions nerveuses. «Warwick, pour qui le corps est une entrave, estime que c'est là le premier pas d'une communication par la pensée», relève Daniela Cerqui qui observe les travaux du professeur.
Pour CYBORG 2, Kevin Warwick fera bouger la main robotique via Internet. Une expérience que Daniela Cerqui considère comme «une réelle ébauche de fusion entre le réseau de l'information et le système nerveux d'un humain». A terme, Warwick souhaite développer la communication par la pensée, sans corps ni langage. Dans cette logique, le prochain implant se fera dans le cerveau.
Note :
Infos:
www.kevinwarwick.com
13 janvier 2008.