The Dice man
ou
L’homme aux mois imposés
The Dice man
–
L’Homme-dé
– est un roman auto-fictif de Luke Rhinehart, de son vrai nom George Powers Cockcroft, paru aux E. U. en 1971 ; le quatrième de couverture le présente notamment ce roman comme la bible de l’anti-conformisme… Et nous tenterons dans cet article d’en mesurer la dimension subversive et libertaire : Luke Rhinehart, le protagoniste donc, expérimente un
modus vivendi
singulier que l’on résumera de la façon suivante :
s’en remettre aux dés
. Mais un
alea jacta est
particulier puisque Rhinehart, psychiatre blasé par la psychanalyse, décide de changer sa vie.
Avec comme entrée la formule rimbaldienne ; « Je est un autre »
, nous prélèverons dans le roman ce qui correspond selon nous à des lois logiques directement applicables et mises en acte par le personnage. Il s’agit notamment d’interroger à partir de cette fiction dans quelles mesures le moi dans son rapport à l’autre est pris dans l’automatisation et l’automaticité de ses actes. Cela en utilisant certains indicateurs freudiens : la compulsion de répétition et la pulsion de mort et les repérages aristotéliciens concernant les différentes modalités actions, les coordonnées physico-logiques
tuchè
/
automaton
.
… si vous avez raté le début : Luke Rhinehart termine une partie de poker arrosée et une discussion serrée avec son analyste (Dr Mann)
par un
acting
, il retourne le portrait de Freud contre le mur. Plus tard en rangeant le jeu, il cherche un dé qui manque.
« Sur le point d’aller me coucher, j’aperçus, sur la petite table près du fauteuil d’où le Dr Mann m’avait sermonné, une carte, la reine de pique, posée de telle manière qu’elle paraissait en porte à faux sur quelque chose. Je m’approchai, considérai la carte, et compris que le dé se trouvait dessous (…) si ce dé marque l’as, pensai-je, je descends violer Arlene (la voisine)… l’as c’est le viol, les autres numéros le lit. Le dé est jeté.
Qui suis-je pour mettre le dé en doute ?
Je retirai la reine de pique et vis un œil cyclopéen me fixer : l’as.
Je restai pétrifié durant peut-être cinq secondes, mais finis par effectuer un brusque demi-tour militaire… »
.
Voici donc un avant-goût qui dresse le décor avec comme pré-requis un personnage qui totémise quelque peu son objet de jeu et permet d’écarter d’emblée le profil du joueur qui lui peut s’identifier à la boule de la roulette
. En effet son choix de vie sera aussi ténu qu’une martingale et nous verrons que ces deux citations soulignent quelque chose d’autre que la simple dimension d’une liberté totale et
polymoïque
où Luke joue non pas
sa
vie mais
des
vies en endossant plusieurs rôles et qui ne sont finalement que les conséquences de ce choix de vie parce qu’il ne fonctionne qu’avec une seule règle :
1) « Excité et fier de moi, je restai un moment penché sur mon Rubicon personnel. Et je le franchis. Je promulguai, à ce moment et à tout jamais,
le principe de ne jamais remettre en question, d’exécuter désormais sans faute les décisions du dé, quelles qu’elles soient
»
.
C’est donc une forme de servitude volontaire à un objet qui vient ici non seulement matérialiser le hasard, cette
inflexible nécessité brute
mais aussi le réduire à un objet-dé dans une aliénation xénophile du moi. La chance, centre d’une mise en abyme
picaresque, condense les enjeux aristotéliciens autour des problèmes que pose la place de la
tuchè
– heur, chance, hasard… – dans l’enchaînement des causes et ce qui survient au sujet dans une rencontre avec le Réel. Autant de modalités de contrainte dès lors que la liste des choix et/ou options est établie et que les dés ont tranché.
2a) « Deuxièmement : passer à l’exécution de l’option choisie sans réfléchir ni tergiverser. Le secret du succès devait être de me comporter comme un pantin suspendu aux fils du dé. D’abord : ne jamais inscrire d’options que je ne pourrais ne pas avoir envie d’exécuter »
.
2b) « Or le
dé traitait tout le monde en objet et me forçait à faire de même
. C’étaient les dés, et non pas ma relation intrinsèque avec telle personne ou telle chose, qui déterminaient ce que je devais éprouver en toute occasion (…) C’était une partie importante du moi historique. Il fallait le détruire »
.
Le propre de ce pantin idéal est justement d’être muet, de ne pas exprimer ses envies au risque de rougir et d’allonger son nez mais bien de les agir, déchargé de la responsabilité à endosser : « ce n’est pas moi, c’est le dé qui a choisi, moi je ne fais qu’exécuter ». Alors où se trouve l’originalité de ce type d’auto-hétéro-nomie sur tapis vert ?
Mais d’abord une première complication car le « ce n’est
pas moi
, c’est le dé » donne une approche simple de ce transitivisme du sujet qui déplace ce qui l’embarrasse à l’extérieur dans cet autre de l’objet-dé. Ce dé-placement permet non seulement de se dédouaner en se défaisant de la division subjective mais surtout pour en demander de la division : « je ne suis qu’un, divise-moi ! ». Demande injonctive que l’on illustre par l’historiette de ce ver de terre trop curieux, nommé Philippe-André, qui se fait couper en deux et devient Philippe et André puis en quatre : Phil, Ippe, An et Dré
. Première remarque donc qui interroge le processus paradoxal de se multiplier pour mieux disparaître.
Par ailleurs, la xénophilie va au-delà du déni d’une entame par cette adaptabilité à la chose extérieure. Car ce serait dans le cas du déni une mesure de protection alors que l’historiette illustre cette volonté que le moi soit découpé. Mais il est aussi intéressant d’interroger le statut de cette coupure, est-elle imaginaire ou réelle dans la mesure où nous tenterons de vérifier l’hypothèse que ce type de coupure a pour projet de se passer du symbolique. Hypothèse soutenue par le fait qu’une fiction met en scène ce qui permet de les distinguer.
Deuxièmement, la triade volonté, plaisir, désir est mise en échec par une disparition du sexe. La métaphore de Joyce « une lune de miel dans la main »
nous sert car la paire de dé au creux de la main de Luke signe l’aboulie singulière de cet individu défait de l’embarras sexuel : ce n’est pas lui, c’est un rôle. Les multiples choix ne correspondent pas aux petites jouissances d’un sujet qui se paye des vies ou des petites morts jusqu’à ce que le jeu aille trop loin. Non, car même à la fin, au bord du gouffre, Luke joue ses options d’actions : la mort est donc ravalée à un choix parmi les autres de la liste, un personnage parmi d’autres, « une nouvelle option »
! En quoi la chambre non-vide d’un six coups est-elle différente dans la roulette russe
? La place de la mort qui valide la décision ou la conduite ordalique n’implique pas de rupture du moi avec son objet. De plus, lorsque Luke s’en remet aux dés, il n’y aurait qu’une ordalie relative car le dé n’a pas le statut divin et la supposition de jugement qui en découle.
Cette chosification rend équivalente et le choix et le personnage les transformant tous en êtres de papier. Du coup, le jeu du dé déconnecte la pulsion de mort en laissant les
personae
dans un entre-deux constant où il n’y a ni progrès ni régression. Peut-on dire alors que la coupure imaginaire réorganise à chaque fois un réel ? L’individu choisit de s’atomiser, de s’éclater librement sans tendre par sa faculté de divertissement vers un retour antérieur
. Nouvelle conséquence, il n’y a plus d’autre dans cette liberté. En outre cette liberté s’adjoint de son corrélât idéal, la solitude ou l’isolement est enfin atteint :
libre et seul pour les plaisirs solitaires
d’un sujet déchargé de sa volonté, affranchi de son désir
.
Nous dirons que la répétition des dés en détruisant « le moi historique » défait également le sujet et produit des personnages virtuellement immortels
. En outre cette répétition des chances gravite dans un univers logique du "particulier" avec la collusion de deux principes : « tout est possible » et « tout est permis »
. Cette évidence dramatique nous permet également de noter que le tiers a disparu ou a été évacué ce qui n’est pas la même logique lorsque le tiers est exclu, tout en étant compté dans la structure de la contradiction
. La coupure qui impacte dans ce bovarysme logico-réel – « quand dire, c’est faire ! » – correspondrait donc à une coupure manifestement réelle qui se répète à l’infini puisque rien ne fait butée. Mais elle se présente au lanceur de dés comme le produit de son imagination. Or si tout est réalisable, que ce soit une coupure ou +∞ cela
revient au même
, au moins une coupure donc !
Pour interroger cette auto-hétéro-nomie passons à présent à deux séries de questionnement aristotéliciens portant sur l’analyse de l’agir, encore une fois nous insistons sur la dimension d’acte de ce « Rubicon personnel ». D’abord les « actions mixtes » prise dans le
vel
: « de gré ou de force » puis les causes mixtes prise cette fois dans le
vel
: ni
tuchè
, ni
automaton
.
En effet, comment les actions de l’homme-dé peuvent-elles être volontaires alors que leur principe est hors de lui
? Le principe moteur ne relevant pas de l’auteur de la liste mais bien de ce qui pousse à l’acte à savoir la face du dé ! De plus, dans les actions mixtes, la cause n’est pas aveugle mais
elle contraint le sujet à agir de son plein gré en connaissance de cause
ou à la lumière de la raison, lorsque par exemple, dans la tempête le navigateur jette sa cargaison par-dessus bord.
Nous devons choisir le moindre mal et la meilleure façon d’y arriver alors qu’avec le dé il faut ôter toute considération morale tout en conservant cet impératif du « il faut choisir ». Du coup, l’en-plus de cette dé-votion tient dans l’expérimentation d’un transfert de responsabilité faite à un objet qui "choisit" sans subjectivité ni division. N’est-ce pas un objet idéal de jouissance qui déresponsabilise les actions volontaires ? Alors que l’anneau du berger Gygès ne fait que rendre possible la tyrannie moïque, il n’y a pas ici de tyrannie puisque le Hasard ne peut pas être une personne morale. Cela permet donc un véritable passage par l’extérieur qui au lieu de contourner l’impossible sur lequel on bute, l’expérimente en le sériant et en le rendant possible ; statut d’exception ravalé à l’objet d’un choix parmi d’autres. Cet objet élu et réformé dicte le comportement à exécuter par delà le bien et le mal et par delà la subjectivité.
Il traduit un
retour aux choses
par la médiation du dé. Nous pouvons à présent interroger le retour au même propre à la nature, tel qu’Aristote l’examine dans le livre II de la
Physique
portant sur les modalités accidentelles de la causalité
:
tuchè
et
automaton
, parce qu’elles éclairent cette
automatisation d’une conduite qui se comportementalise
. En remettant la délibération « aux mains » des dés, nous avons un sujet fictionnel dont le type de détermination de l’action se situe entre
tuchè
et
automaton
.
Rappelons brièvement les enjeux aristotéliciens autour de ces questions. C’est par
automaton
qu’une pierre tombe sur la tête de quelqu’un, ou qu’un cheval affolé reprend le chemin de l’écurie, mais c’est par
tuchè
qu’une pierre lancée délibérément (
proairésis
) tombe malheureusement sur la tête de quelqu’un
. Avec la
tuchè
, Aristote définit ici la place du sujet délibérant face au réel, mais en contrepartie l’
automaton
se réduit-il à une
tuchè
sans sujet ?
L’analyse de la
tuchè
met en exergue non seulement un accident physique de la cause, mais surtout sa présence dans le registre psychique au côté de la pensée et du choix : « La pensée (
dianoia
) et la fortune (
tuchè
) sont du même ordre, car le choix ne va pas sans pensée »
. La
tuchè
correspond précisément à un certain désir délibéré qui se réalise au prix d’une rencontre à la fois fortuite et prédéterminée. Tandis que l’
auto-maton
est un mouvement vain, mais pas sans cause puisqu’il s’agit de la rencontre accidentelle de deux séries causales sans l’intervention de l’homme sensé, et ce à la différence de la
tuchè
.
Or c’est d’abord dans ce sens que l’illustration du dé-thérapeute nous intéresse puisqu’elle réalise en quelque sorte une automatisation de la
tuchè
. Si le dé-cide il ne se lance pas tout seul,
idem
pour les 6 vies ou les 6 mois du jeu de rôles. En effet ce n’est pas un choix à l’aveugle comme une destination pointée les yeux fermés sur une carte mais bien, on l’a vu, en connaissance de cause et en fonction des envies. Paradoxalement, c’est parce qu’il n’est pas le moteur de ses actes que Luke peut en répondre, c’est-à-dire obtempérer.
Enfin comment qualifier ce qui serait ni automatique, ni tychique sans pour autant leur être étranger puisque manifestement l’homme-dé occupe une position médiane. Il reste sur ce trajet de la répétition. Difficile, en effet, de penser que le dé parvient à échapper à la « fracture »
, et nous pouvons conclure que cette coupure répétée est également équivalente au « traumatisme inaugural »
: Luke automatisé par le dé correspond à la mutation – traumatisme réel – de ce néo-sujet qu’est l’homme-dé
!
Mais alors que vient recouvrir la répétition
des dés, si ce n’est la perte banalisée du sujet qui est mort d’inconsistance, il ne « siste plus » ! D’ailleurs Luke n’est jamais sous le coup d’une angoisse face à ce jeu « démoniaque »
, face à cet as inaugural qui aurait dû le laisser dormir, lui et son moi historique. Charge au lecteur de se coltiner son angoisse devant ce tableau semblable à une amnésie d’identité. Mais ici la perte se fait par saturation et par la multiplicité des mois, des automates articulés à un vœu de mort du sujet du divertissement qui aurait au préalable jeté ses papiers d’identité. Vœu de mort du sujet qui s’articule logiquement d’un ravalement du grand Autre à un petit autre ravalé à une chose qui commande ; un dé qui tombe comme un couperet.
Cette forme de suicide, dans un automatisme sans répétition pourrait sembler toxicomaniaque et c’est donc par ce biais que Luke conteste la détermination symbolique de ces « lois du hasard »
en s’injectant une réversibilité toxique à six faces. Seulement la dépendance au dé n’est pas tout à fait équivalente à celle d’un produit ce qui implique que le dé a un statut d’autre particulier, auquel cas cet objet serait finalement une trouvaille.
Une trouvaille pour soulager un sujet pris dans l’illusion libertaire dès lors qu’il est soumis à une détermination automatisante et conformisante.
Gilles GARCIA
RIMBAUD A.
La Lettre du voyant
adressée à Paul DEMENY, le 15 mai 1871.
« La psychanalyse a apporté une connaissance de l’âme humaine plus grande que deux millions d’années de pensée antérieures ensemble. Il y a longtemps que le zen traîne sur terre et je n’ai pas remarqué qu’il en découlât aucun grand corps de connaissance (…)
Reprends l’analyse avec moi.
Je frottai le dé sur le dos de ma main et, sans penser à rien de précis, répondis :
Non. » (RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, pp. 66-67).
RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, pp. 72-73, que l’on souligne.
Cf. Clappique dans
La Condition humaine
d’A. MALRAUX.
RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, pp. 78-79, que l’on souligne.
Outre les différentes entrées vertigineuses à partir du prénom du héros, pseudonyme de l’auteur, Luke : luck, Saint Luc – patron des médecins –, … Force est de constater que la langue s’y prête ou plutôt que les questions de la décision, du hasard et de la chance relèvent du même champ lexical, celui de la coupure et de la chute : chance correspond aussi à la chute (
cadere
) des dés.
RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, pp. 92-93, que l’on souligne.
RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, p. 120, que l’on souligne.
CORNETTE J.-L.,
Philippe-André
.
Cf. J. JOYCE,
Ulysse
, p. 212 :
L’École des Onanistes
ou
Une Lune De Miel Dans La Main
(immoralité nationale en trois orgasmes)
par
Balochard Mulligan
« Il arriva au bord d’une falaise et sauta dans le vide. Il eut juste le temps de se rattraper à une feuille de vigne (…) Juste au-dessus de lui, il vit deux souris, une blanche et une noire, qui commençaient à ronger le pied de vigne auquel il se retenait. Et puis juste à côté, un beau fraisier avec des fraises bien mûres.
– Ah, fit-il une nouvelle option » (RHINEHART L.,
L’Homme-dé
, p. 120, que l’on souligne).
Le revolver est sans doute plus phallique que le dé, mais si les dés peuvent être pipés, cela demande une certaine technicité pour le revolver puisque le poids de la cartouche ferait que la chambre devant le percuteur serait vide.
« Une pulsion serait une poussée inhérente à l’organisme vivant vers le rétablissement d’un état antérieur »
(FREUD S.,
Essais de Psychanalyse
, Au-delà du principe de plaisir, p. 80). Rappelons ici que le progrès comme tendance
partielle
(« ce sont des instincts partiels, destinés à assurer à l’organisme le seul moyen véritable de retourner à la mort et de le mettre à l’abri de toutes les possibilités autres que ses possibilités immanentes d’arriver à cette fin ») de changement est mis en échec non par la compulsion de répétition mais par cette troisième voie de divertissement qui rejette l’homme-dé dans un entre-deux sans mort réelle mais avec une mort possible et optionnelle.
Difficile ici de savoir si l’expression de « plaisirs solitaires » relève véritablement de pulsions sexuelles. La vie n’est pas prolongée mais c’est
la mort qui est ajournée
procurant néanmoins au joueur une « apparence d’immortalité » (FREUD S.,
ibidem
). Toutefois la dimension automatique semble ne garder que le caractère d’automaticité de la pulsion sans tenir compte de la quantité de plaisir et d’excitation que cela procure, avant, pendant et après l’agir.
« Le
soma
, seul sujet à la mort naturelle, tandis que les cellules germinales seraient virtuellement immortelles, pour autant que capables, dans certaines conditions favorables, de se développer pour former un nouvel individu ou, pour nous exprimer autrement, de s’entourer d'un nouveau
soma
» (FREUD S.,
ibidem
, que l’on souligne).
Cf. « Dieu est mort, tout est permis » (DOSTOÏEVSKI F.,
Les Frères Karamazov
).
Seule l’exclusion du moyen terme permet la conclusion des deux autres termes, majeur et mineur, à l’instar de la métaphore où il faut avoir à l’idée les deux registres sollicités pour en saisir leur remaniement.
Comme à son habitude, Aristote dans l’
Éthique à Nicomaque
traite
en premier de la difficulté et du négatif, l’acte contre son gré, or il en existe deux espèces qui sont également deux causes de ce type d’action : a) celle accomplie par ignorance : « l’acte fait par ignorance est toujours
non
volontaire ; il n’est
in
volontaire que si l’agent en éprouve affliction et repentir » (ARISTOTE,
Éthique à Nicomaque
, III 2, 1110b 18) ; b) celle par contrainte : « est fait par contrainte l’acte dont le principe est extérieur au sujet » (
Éthique à Nicomaque
, III 1, 1110a 2) et Aristote ajoute un élément à cette définition fondée sur l’extériorité du principe, l’étrangeté. En effet, le « sujet-patient » (
Éthique à Nicomaque
, III 1, 1110a 3) semble ne participer en rien à cette contrainte voire à cette injonction à agir.
ARISTOTE,
Physique,
II.
ARISTOTE,
Physique,
II 6, 197b 13-18. L’exemple de la pierre (197b 31) lancée par une main humaine n’est pas dans le texte, nous avons juste transformé l’
automaton
en
tuchè
.
ARISTOTE,
Physique
, II 5, 197a 7-8.
« l’Autre comme tel est, si je puis dire, si vous permettez ce mot à mon improvisation : FRACTURE. De la même façon où nous le saisissons dans le sujet lui-même – très précisément, de la sorte où le marque la double boucle topologique de la répétition – l’Autre aussi se trouve sous le coup de cette finitude » (LACAN J.,
La Logique du fantasme
, séminaire inédit (1966-67), leçon du 15/02/67, p 136).
Répétition entendue cette fois non pas comme reproduction mais comme loi constituante du sujet lui-même. En effet, « l’économie psychique s’avère réglée par l’automatisme de répétition, c’est-à-dire le souci de reproduire le même type de tension auquel cette économie est depuis l’enfance accoutumée, et de rechercher dans l’assouvissement de cette tension le même échec que celui qui l’a originellement constitué ; (à savoir) la répétition de ses errements originels, de son traumatisme inaugural et que l’appareil use son activité à conduire le sujet dans les mêmes voies, la même tension et le même échec quant à un possible assouvissement » (MELMAN C.,
Nouvelles Études sur l’hystérie
, pp. 20-23).
Nous insistons sur le trait d’union rajouté par la traduction française du
dice man
, en outre nous abusons du mathème du fantasme, $ a, pour écrire l’opposition entre le joueur de dé et l’homme-dé : $ dé
versus
S dé.
Il y a « quelque chose de perdu de par le fait même de la répétition » (LACAN J.,
La Logique du fantasme
, séminaire inédit (1966-67), leçon du 15/02/67, p 146).
« Cette même tendance à la répétition se dresse souvent devant nous comme un obstacle thérapeutique, lorsque nous voulons, à la fin du traitement, obtenir que le malade se détache complètement du médecin ; et il est à supposer que ce qui fait naître cette tendance démoniaque, c'est la vague angoisse, la crainte qu’éprouvent les gens non familiarisés avec la psychanalyse de voir se réveiller en eux quelque chose qu'à leur avis on ferait mieux de laisser dormir » (FREUD S.,
Essais de Psychanalyse
, Au-delà du principe de plaisir, p. 78).
« Mais ces lois « les lois du hasard » sont précisément celles de la détermination symbolique. Car il est clair qu’elles sont antérieures à toute constatation réelle du hasard, comme il se voit que c’est d’après son obéissance à ces lois, qu’on juge si un objet est propre ou non à être utilisé pour obtenir une série, dans ce cas toujours symbolique, de coups de hasard : à qualifier par exemple pour cette fonction une pièce de monnaie ou cet objet admirablement dénommé dé » (LACAN J.
Écrits
, Psychanalyse et cybernétique, p. ).