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Vive la psychanalyse, mort aux analystes !

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Laurent NOYON

jeudi 27 janvier 2011

Vive la psychanalyse, mort aux analystes !

Qui sont-ils ces « quinquanalystes » qui dictent la bonne parole à des pseudos élèves dont la bêtise éberluée s’abreuve du ronronnement lacanien ?

Qui sont-ils ces tempes grisonnantes qui transmettent à de pauvres bougres allongés de ne pas se tenir en victime avant d’aller pleurer sur le sort que leur réserve la folie scientiste ?

Qui sont-elles ces braves bourgeoises qui construisent leurs bonnes fortunes à coup de séances minutées à cinquante euros, tout en expliquant à de jeunes apprentis que l’argent est de la merde, sans prendre en conscience l’immense vulgarité de leur posture ?

Ils sont beaucoup de ceux qui s’autoproclament avec quelques autres « psychanalystes », dans la répétition morbide d’un discours créaient par d’autres,  tout en se gaussant d’une créativité dont on se demande si elle n’a jamais existée chez eux.  La vraie nature du discours analytique, son énonciation par la subversion, l’hérésie, a sombré dans la pâle lueur de groupuscule ecclésiastique, dans le culte de pères qui déjà de leur vivant, voyaient venir la médiocrité de ceux qui rendraient vite ce discours pourtant ouvert sur une espérance, pareil aux autres, fermé sur lui-même.

Mes jeunes collègues, pourquoi vous avancez vous avec tant de timidité face à ces esprits faussement libre ? Pourquoi ne balayons nous pas cette génération qui su jouir des « années psychanalyses », au point de la rendre ridicule, et ne nous laissant que les miettes d’un gâteau qu’encore aujourd’hui ils ne sauraient partager ?

Pendant que vous trimez de cdd en cdd, d’entretien en entretien, nos ainés se goinfrent de plusieurs SMIC, de privilèges, dont ils ne partagent que trop rarement un petit morceau, bien souvent avec les plus risibles d’entre nous, si aptes à exciter le narcissisme du maître.

Non ils ne savent pas, en tout cas pas plus que vous, et leurs sarcasmes ne tiennent que de votre croyance en eux. Voyez les nus, dépourvus de toute consistance. Gommez la pseudo prestance analytique, le stoïcisme incarné, soit cette jouissance passive de ceux qui sont en place, entrés dans un cercle d’où ils regardent d’autres se débattre pour y rentrer, tout en se remplissant d’une autosatisfaction nauséabonde. Que voulez vous apprendre d’eux, en particulier sur vous, ou sur votre aptitude à accueillir la demande d’un autre pour l’éclairer sur la vraie nature de son désir ?

Brûlons ces idoles qui nous empêchent de penser par nous même, qui dictent comment et où penser, comment évoluer dans ce monde…

Quittons les cabinets chauds pour nous heurter aux rues froides, à l’errance, à cette clinique si vite balayée du fait qu’on ne saurait en analyste de « bonne famille », faire émerger quoi que ce soit par l’offre, ou que l’on écarte par l’affirmation discriminante que la capacité de demande, voir de parole, n’est pas là. Car voilà la folie dans laquelle nous sommes plongés, celle qui consiste à faire croire que ce qui s’affirme parfois comme soin ne doit pas s’adapter au sujet, mais que c’est le sujet qui doit savoir faire preuve d’un minimum d’entendement quant à cette approche.

L’engagement de beaucoup de psychanalystes, et de la majorité des intellectuels face à la perversité que développe notre lien social, ne sont plus que des jaspinassions prononcées du haut d’une tour d’ivoire. On nous ameute pour signer des pétitions visant à sauver la clinique, mais que sauvons nous si ce n’est l’outil de travail de quelques personnes en vérité soucieuses de leurs privilèges, et inaptes à toute véritable prise de risque. « L’appel des appels », ou l’ « appel désappel », a t’il donné lieu à de véritables actions politiques, a t’il eut un quelconque effet ?

Il a sans doute permis le début de quelque chose, peut être a t’il permis de sauver quelques forças intègres et humanistes du travail social en dépérissement, mais a t’il permit d’avancer sur des actions concrètes, sur une quelconque visibilité, et surtout sur la précarité des jeunes cliniciens : non. Nous sommes trop peu expérimentés pour travailler en institution bien sur, mais aussi pour exercer en libéral, être soutenu en ce sens, pour intervenir en analyse de la pratique, dans des formations etc…

Quoi qu’il en soit nous avons, à mon sens, une grande expérience de la bêtise de nos aînés, de leur mépris, de leur incapacité à croire en nous, à trouver chez nous une sorte de filiation. Nous sommes des fils abandonnés par d’autres, je ne dirais justement pas des pères, mais d’autres fils qui englués dans leur confort, leur propre croyance au père, ne sauraient nous tirer de la torpeur matérielle et humaine, dont ils préfèrent rejeter la responsabilité entière sur l’évolution du lien sociale ou sur une inaptitude d’intégration qui nous appartiendrait toute entière. Mais plus responsable encore, il y a nous, qui restons plantés là sans révolte, sans combat, attendant un os à rogner pendant des années, avant de s’en sortir dans le meilleur des cas ou d’abandonner. 

Probablement que cet écrit ne servira à rien, probablement qu’il ne servira qu’à moi, qu’à exprimer l’immense frustration que je ressens quand je vois ce monde des cliniciens, des « psy », et à quel point il s’éloigne de l’émerveillement que j’éprouve à la lecture de Freud, de Lacan, ou d’autres qui sont en quelque sorte leurs précurseurs (Nietzsche par exemple), et qui ont su tout au long de leur vie combattre cette bêtise de masse, altier face à la cabale, pas dupe face aux encensements de leurs élèves faussement bienveillants. Vous rendez vous comptes que leurs élèves (ceux de Freud et Lacan), s’empressèrent face à ces hommes vieillissant de les déclarer inapte à penser, ou sucrant les fraises, alors même qu’ils écrivaient leurs œuvres les plus magistrales (malaise, l’homme moise, les derniers séminaires). Cette espèce ne résiste pas à l’odeur du sang !

Ils disent ne vous emportez pas : alors emportez vous !

Ne répondez pas en miroir : soyez le leur !

Vous n’êtes pas prêt, c’est trop tôt : ignorez les et avancez !

Laurent NOYON

Commentaires

gagner au Loto

Bonjour,

Que feriez-vous si vous gagniez au Loto?
Tiendriez vous ce même discours?
Une place pour chaque un/chacun et chacun a/à sa place, vous semble être une "chose" qui permet de bien vivre?
Quel contentieux avez vous donc avec ces "vieux" (j'espère que vous ne bossez pas en maison de retraite, ...) pour être ainsi aussi désireux de les voir disparaître?
Qu'est-ce que cela peut bien vous agiter qu'ils existent ainsi? faites votre place machin chose!
ce qu'ils gagnent en euros ou dollars canadien, mais qu'est-ce que que cela change à votre "modeste" feuille d'imposition? imposez vous donc de relancer cet élan vital plutôt que de rester crisper ainsi. cela me fait mal au coeur ces commentaires limites compatissants ci-dessus. Cessons ces politesses!
Bougez vous bon sang!

Vive la psychanalyse, mort aux analystes !

En quoi cette transmission ferait-elle l’économie non seulement des déterminants socio-politiques qui en constituent la toile de fond, mais aussi des mouvements et des effets transférentiels, particulièrement sensibles dans ce texte ?
Oui j’ai participé au culte des pères, répété sans comprendre, aimé des bourgeoises inconséquentes et su exciter le narcissisme du maître. Et puis…
« Un jour
Un jour je m’attendais moi-même
Je me disais Guillaume il est temps que tu viennes
Pour que je sache enfin celui-là que je suis
Moi qui connais les autres »
(Guillaume Apollinaire)
Le transfert est le cœur battant de la psychanalyse, de sa pratique, mais aussi de sa transmission. Par quoi l’histoire de la psychanalyse et de sa transmission n’échappe pas à ce qu’elle énonce de l’amour et de la haine, de la reconnaissance et de la trahison, du meurtre et de la filiation, du sexe et de l’argent -ces deux versants d’un même objet psychique.
Ce qui est vrai pour chacun l’est aussi pour la psychanalyse : les enjeux de transmission font la tragédie de l’existence, sa dimension mythique et historique, celle des luttes a-mours.
Nous sommes toujours les fils d’autres fils au prise avec leur propre croyance au père.
Quant à l’odeur du sang à laquelle nous ne résistons pas (de l’interroger), c’est celle de notre propre sang, où coule dans notre « héritage sans testament » (R.Char). Cette odeur nous inscrit dans l’ordre des générations.
Guillaume ABT

Vive la psychanalyse, mort aux psychanalystes !

J'ai oublié de signer le commentaire précédent...
Sylvain Lévesque

Vive la psychanalyse, mort aux psychanalystes !

Il y a d'après moi quelque chose de très pertinent dans ce cri du coeur, c'est de différencier le génie à partir duquel la psychanalyse a été fondée de ce que les générations suivantes en ont fait.
On entend partout s'exprimer une critique de la psychanalyse qui se fait sans discernement, sur la foi des postures professionnelles, celles-là bel et bien discutables, de certains individus qui s'en réclament.
Le problème, c'est qu'une pensée n'est jugée en définitive que par les fruits qu'elle produit. C'est fort dommage, car si les détracteurs de la psychanalyse finissent par avoir raison sur toute la ligne, le dommage qui sera fait au corpus clinique sera bien réel.
Bien entendu, ce n'est pas l'apanage de la pensée psychanalytique que d'avoir été incarnée au fil de du temps par de mauvais ambassadeurs. Laissez un peu de temps aux "sciences" cognitivistes de faire leur place dans le grand bazar des chasses gardées corporatistes et des programmes de formation "grand public", et vous verrez les beaux spécimens que ça peut produire.
Comment la psychanalyse pourra-t-elle, non pas sauver tous ses fils, mais du moins son âme ? J'entends dans le texte de M. Noyon, et je suis bien d'accord avec lui, que ça passe par une certaine attitude de modestie et de sain doute face à soi-même, une volonté de participer au développement des idées de la clinique en général (qui n'est pas l'exclusivité de la psychanalyse) et le refus de s'incliner devant des dogmes, qu'ils soient dictés par une chapelle qui nous est apparentée ou non.

Vive la psychanalyse, mort aux analystes !

J'ai hésité à passer ce texte, visiblement outré; mais j'ai pensé qu'il ouvrait à des questions importantes, au-delà du fond et de la forme, où pointe une certaine désespérance qui n'engage que son auteur. En effet qu'en est-il de la transmission dans la psychanalyse? En quoi cette transmission ferait-elle l'économie des déterminants socio-politiques qui en constituent la toile de fond dans ce moment de l'histoire des hommes?

Joseph ROUZEL

 

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