Honnêtes marins libres penseurs, ouvriers artisans de l’Humain, qui naviguez à vue faute d’instruments fiables, de temps et d’équipiers, voici venu le temps de vous rendre un chaleureux hommage. Je salue tous ces marins puissamment animés du désir de guider humblement chacun des pas qui manquent quand le cœur paralyse à des moments critiques des tourments de la vie. Je salue tous ces passeurs de gués animés du souci de préserver ce droit à marcher en avant, ce droit qui fonde nos rapports des uns envers les autres.
Qui se désintéresse de ces moyens de justice en négligeant toutes ses cartes marines, laisse entrevoir le pire dans une démocratie, son abandon entre des mains tueuses de toutes nos libertés.
Qu’adviendrait t-il de nous, passagers embarqués sur ce grand bâtiment de confraternité, sur ce navire à trois mâts, liberté, égalité, fraternité, si les marins se noyaient, si la source tarissait ?
« Je n’écrirais plus » dit le poète, « Je consignerais l’essentiel dans un petit sac à transmettre aux enfants pour plus tard » pense le philosophe, « Je quitterais le navire pour en prendre un plus neuf » renchérit le marchand, « je rentrerais en résistance proclame le militant. « je ferais semblant de ne pas y croire » déclare le politique, « je boirais d’une autre eau » rajoute l’opportuniste, « je flatterais le puissant en écrasant le faible » murmure le parvenu, « je profiterais de l’occasion » imagine le rusé.
Le peintre lui, au fond de son atelier conclut « je peindrais tout en rouge pour ceux qui ne voient que du bleu, je saluerais le noir, y rajouterais en substance une pincée de blanc ».
Ainsi sont t-elles par excellence les lois de la nature humaine, une fois livrées toutes entières à elles-mêmes.
Rien n’est jamais acquis, mais rien n’est jamais perdu non plus tant qu’il reste des marins comme ceux-là pour le dire et chercher la lumière qui nous fait si souvent défaut.
le 29 décembre 2006
« Je peindrai tout en rouge
Pour ceux qui ne voient que du bleu
Je saluerai
le noir
Y rajouterai une pincée de blanc.
Le regard s’invite ainsi régulièrement
A prendre la parole
Sans qu’on la lui demande,
Et sans qu’on la lui donne,
Tout y est dit,
Comme un instantané »
28/12/006
Texte extrait de « Prières d’une athée au milieu d’un avis de tempête»