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A tous ceux pour qui les valeurs de liberté, de fraternité et d’égalité prennent tout leur sens au quotidien.

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Anicette Thomas-Daniel

mercredi 21 décembre 2005

Les rendez-vous de fin d’année sont aussi des rendez-vous de la fraternité. Ce n’est pas seulement une devise , mais d’abord une compétence à exercer en ensemble

Il est une compétence particulière qui ne s’apprend pas à l’université, encore moins dans des livres. Elle ne peut se révéler qu’en autorisant l’écoute, en se laissant écouter pour accéder peut-être à une rencontre d’exception. Pour cela, le silence est un outil précieux de préparation à cette disponibilité toujours extra- ordinaire. Il renvoie chacun au travail long et délicat, lent, fastidieux, souvent douloureux que l’on fait sur soi-même pour améliorer son attention à ce que peut bien vouloir dire l’autre. Ce silence est à la rencontre ce que le blanc est en peinture, le contraire d’un espace laissé vide, une couleur à part entière toujours présente pour affiner les nuances. Quand on ne l’a pas vécu, les mots ne suffisent pas pour en communiquer la portée. Cette compétence si singulière ne s’enseigne pas en théories. Il n’existe aucun certificat qui puisse en attester. Les personnes qui ont subi tant d’épreuves pour survivre savent la percevoir entre toutes. Elle appartient aux plus grands d’entre nous, ouvriers d’humanité., maîtres artisans de cette entreprise unique. Il faut le faire savoir à tous ceux qui donnent la nausée pour tout le mépris qu’ils dégagent dans leur posture raidie, glaçante, leur regard de dédain, sans le moindre respect des autres qu’ils dépouillent parfois scandaleusement de la dignité à la quelle tout le monde a droit, à ceux là qui vous qui laissent sans voix, sans mot, sans commentaires.

Qu’est ce que cette aptitude que je situe en haut de l’échelle et si difficile à atteindre, si ce n’est d’apprendre à respecter le matériau, façonner pierre après pierre, avec persévérance, un édifice commun ! Elle est en effet exceptionnelle par son investissement dans le souci permanent de l’autre, sa capacité au dépassement de soi., sa capacité à encourager chacun à trouver par lui-même comment tailler « sa pierre ». Elle est hors du commun par son énergie à communiquer assez de forces afin d’ élever l’édifice. Cette qualité se reconnaît enfin par sa puissance à promouvoir des valeurs de respect et de dignité au sein de notre appartenance au genre humain

Toute la grandeur d’une telle référence réside, non dans un diplôme obtenu on ne sait comment, dans une spécialité inscrite à l’ordre, mais dans l’humilité à exercer sa tâche, sa mission, son métier sans ébruiter plus qu’il ne faut les avancées des travaux.

Une pierre seule, même bien taillée, apportée à l’édifice n’a jamais représenté l’édifice tout entier. Certains sont tellement minés d’orgueil, débordés par principe sur le sujet, qu’ils fabriquent bien plus un mur, celui de la méfiance, du rejet, de la haine et du mépris qui pourraient bien, en continuant ainsi anéantir tous les efforts des autres. Nous devrions savoir depuis longtemps que le Palais n’est jamais bâti, sauf provisoirement parfois.

Les plus grands ne sont jamais dans la lumière. Nous devrions plus souvent leur dire toute notre gratitude, pour savoir nous aider à grandir en humanité, la seule finalité qui vaille en reconnaissance.

La carte de visite, affichée comme une médaille de guerre, n’a jamais remplacé cette compétence. Elle produit de l’étroitesse d’esprit malheureusement bien souvent, fabrique de minables spécialistes bourrés de certitudes qui nous assomment de « prêts à croire », le tout enveloppé de formules pimpantes qui relèguent les interlocuteurs à l’état d’objets dépossédés de la seule vraie richesse, la subjectivité de l’homme pensant. Ces médaillés en toc se servent de nous comme en supermarché, pour produire du prétexte dans le seul but d’exproprier notre travail jusqu’à confisquer le respect qu’ils nous doivent. Petits contre- maîtres égarés dans la médiocrité, ils se prendraient presque pour de grands Maîtres de l’Univers. Alors il vaut mieux faire preuve de grande prudence en les croisant car ce sont des incapables en empathie.

On ne doit pas traiter des affaires humaines comme on traite une question statistique ou comptable. Combien n’hésitent plus à se cacher derrière des additions, à déserter la place de la République pour se laisser emporter par le chant des sirènes les invitant à rejoindre eux aussi les zones commerciales.

La véritable notoriété en humanité ne s’affiche pas et n’a pas besoin de décorum Les plus grands ont toujours été les plus discrets, les plus humbles, concentrés sur leur recherche pour faire progresser l’humanité au jour le jour, proposant simplement leur façon d’être, leur combativité au service de leurs semblables autant que d’eux-mêmes, capables de transcender les différences, de confronter les idées, d’échanger pendant que les petits s’affrontent et distillent de la stérilité.

La fraternité n’est pas une devise monnayable . Elle se vit, se ressent, se construit pas à pas par l’expérience, l’expérimentation, le tâtonnement, les erreurs, les remises en cause. Elle fait appel à l’intelligence, à l’esprit et au cœur de chacun pour s’inscrire, de la place qu’on occupe, dans ce processus d’humanisation qui ne s’achève jamais. Peut-on espérer atteindre un jour cette compétence si importante ? En ce qui me concerne, je pense encore qu’il ne faut jamais désespérer d’ y parvenir malgré le Monde tel qu’il est, car l’enjeu en vaut la chandelle.

Je remercie tout particulièrement une avocate Nicole RAOUL . BOURLES, qui m’a soutenue dans toutes les épreuves que j’ai dû traverser. Grâce à elle qui n’imagine sans doute pas l’importance de l’aide qu’elle a su m’apporter, je peux communiquer encore ce message d’espoir pour un avenir meilleur.

Bonne lecture sur ce thème de réflexion que je propose en fin d’année 2005 à tous ceux qui travaillent au progrès humain.

cordialement,

le 20 décembre 2005

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Commentaires

fraternité, le déclin

Les plus beaux textes ne modifient que si peu les pratiques. L'heure n'est pas à l'embellie cette année. Beau pladoyer tout de même.

découverte de ce texte magnifiquement respectueux

je viens par hasard et par le circuit des liens de découvrir ce texte maginifique qui devrait être rediffusé en ces temps moroses. Nous voilà ramenés à l'essentiel. Il rend justice aux professionniels qui en ont tant besoin, éducateurs, travailleurs sociaux et avocats puisqu'une je vois qu'une l'avocate y est associée, professions bien malmenées depuis un certain temps.


voeux 2009 pour le droit à l'enfance en justice

A l'aube de l'année 2009, déesse Thémis se retouve en équilibre instable dans l'oeil d'un cyclone de lois aveugles, de lois carottes et de mises au enchères.
Le bâton de dignité n'a plus grand chose à faire avec celui du dévöt en ce monde à profusion de symboles.
Meilleurs voeux 2009 à tous qui croyez encore en l'avenir de nos enfants.
Merci à tous les éducateurs qui résistent pour faire de l'éducation une priorité, merci Nicole RAOUL BOURLES pour avoir contribuer à tirer deux enfants vers le haut.