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"Carole et le pasdire"

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Marc Nedelec

mardi 08 avril 2003

Récit d'une situation, énigme posée et amorce d'explication
Par Ana-Maria, Marie Christine, Monique et Marc le 14 mars, à partir d'une
situation évoquée par Carole en instance clinique.


Christian, 9 ans, a été admis dans l'IME où sa mère a elle-même grandi. Carole,
l'assistante sociale, a pour mission de rencontrer les familles, ce que dans
cette situation elle présente comme une charge. Dans ce cadre, elle doit
rencontrer la mère de Christian que l'équipe entière lui présente comme
déficiente; les éducateurs comme le psychiatre ne veulent pas la rencontrer du
fait de sa "déficience".
Au cours des entretiens Carole se retrouve rapidement en panne face à cette
mère qui ne dit pas : absence de demande, absence de notes, n'amène rien.
Comment peut-elle répondre à la demande de l'équipe: faire un travail éducatif
auprès de cette mère et rapporter des éléments.
C'est le père qui écrit à l'institution. L'assistante sociale s'est informée
sur les circonstances de la rencontre et de la façon dont s'est établi ce
couple.
Rapidement, face à cette mère, Carole se ressent face à un vide et un manque
d'outils; elle se questionne sur l'intérêt de continuer ces rencontres.

Pourtant, dans le récit de ces rencontres, Carole rapporte des éléments:
- La mère est de plus en plus coquette au fil des rencontres.
- Elle demande à l'assistante de l'accompagner pour un choix de lunettes.
- Dans ses explications autour d'un refus de départ en "séjour de rupture" pour
Christian, les propos de la mère ne semblent pas si confus et traduisent une
discussion familiale ou elle inclus la parole de son enfant. L'assistante
sociale a le sentiment d'être manipulée alors qu'il n'y a pas d'éléments
objectifs et la situation ne semble pas paradoxale.
-
ENIGME: Comment le vide de l'assistante sociale permet à la mère de grandir?

Dans cette institution qui marque cette mère par son passé et la stigmatise
dans la déficience, donc dans l'incompétence, comment peut-elle exister en tant
que sujet?
Ici le vide crée un espace qui permet à la mère de s'affirmer.
Mystérieusement, l'assistante sociale manque d'appétence face à ces rencontres
non prometteuses du fait de cette stigmatisation. Elle aurait pu établir un
plan de travail avec objectifs et tout le tralala, mais elle se retrouve dans
un sentiment de perplexité, d'impuissance qui offre un vide, un espace propice
à l'émergence du sujet.
Il y a là une perspective ou l'on pressent que cette femme peut Etre jusque
dans cette institution qui la niait.
C'est parce que l'assistante sociale se montre manquante que la mère trouve un
espace; elle n'est pas objet de jouissance de l'assistante.
Carole ressent du "pasdire", et se demande comment faire avec le rien, et c'est
quand il n'y a plus de demande que la mère peut se montrer.

Nous avons essayé de nommer le vide, mais les mots échappent et pourtant cela
produit, c'est cette incomplétude qui génère la vie.



"Qui je suis je l'ignore"

Qui je suis je l'ignore
Dans ce monde qui dort
Je m'imagine encore
Marchant les yeux ouverts
Sans rien faire à l'envers
Attentif à ce corps
Comme unique support
Tentant de m'éveiller
Sous le poids des années

Qui je suis je l'ignore
Je brode et je décore
M'attache à des reflets
Ou des désirs secrets
Je dérive dans mes rêves
Et la vie me déborde
Me tire par sa corde
Encore un homme qui dort
Ma vie par dessus bord

Qui je suis je l'ignore
Je m'élance au dehors
Mais la question me brûle
Je m'assois et je pense
Me libère de mes sens
Il faut que je m'avance
Pour plonger au dedans
Traverser l'océan
Eclairer mon néant

Qui je suis je l'ignore.

« J'ai un imaginaire de bord de mer » avril/sept 2002
Marc Nédélec

J'ai passé tant de temps
A perdre mon regard dans les vagues,
Crapahuter dans les rochers
Me tortiller dans les mares
Jusqu'à la tombée du soir
Pour m'endormir entre deux rais de phare

J'ai un imaginaire de bord de mer

Quand je ferme les yeux
J'entend le moindre souffle devenir brise
Même l'odeur de ma peau
Est faite de sable et d'eau
Et je ne trouve de repos
Que bercé par le chant de l'océan

J'ai un imaginaire de bord de mer

Au rythme des marées,
Je parcours la dune et l'estran
Cherchant pierres, coquillages
Reflétant la beauté du monde
Le sel au fond de tes pores
Me perdre dans les dunes de ton corps.

J'ai un imaginaire de bord de mer.

Bonjour, mes collègues stagiaires étaient tous d'accord pour que le
texte "Carole et le pasdire" figure sur votre site.
pour le texte "Qui je suis je l'ignore", il a été composé lors d'une soirée
d'atelier d'écriture chez une amie prof de philosophie; elle proposait de
choisir chacun un titre de poème tiré d'un recueil de Guy Coffet et j'ai choisi
ce "qui je suis je l'ignore"; en dix minutes ce texte a jailli et j'ai à peine
eu à le modifier pour le mettre en musique.
Pour le texte "imaginaire de bord de mer" c'est une évocation des images qui se
sont ancrées en moi au cours de mon enfance dans la baie de Morlaix.
Curieusement j'avais ce texte dans mon sac et j'ai eu envie de le sortir à
table juste après la séance ou nous avons écrit collectivement dans le stage ;
Quand je l'ai lu, les autres ont tout de suite fait le rapport avec le texte en
l'entendant comme la mère est vivante...

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