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L’après Cogito de Descartes ou La conscience sous l’éclairage de la phénoménologie.

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Maurice Castello

mercredi 17 septembre 2008

Commentaire d’après Claude Lefort, Maurice Blanchot et Marcel Gauchet édité dans la revue l’Arc Mai 1990, sur les conceptions respectives de Edmond Husserl (1869 – 1938) et Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) sur le propos de la Phénoménologie.

L’Interrogation proprement dite :

« …. la pensée comporte une quasi localité à décrire… la chair (est) une notion dernière, pensable par elle-même ».

« Sa réversibilité est vérité ultime ».

Merleau-Ponty (Le visible et l’invisible)

Le Corps, la Chair.

« C’est l’expérience (…) muette encore qu’il convient d’amener à l’expérience pure de son propre sens » : la formule de Husserl, que Merleau-Ponty cite et commente dans l’Avant-propos de la Phénoménologie de la perception , nous sommes tentés de la reporter en exergue de son ouvrage, tant elle en résume l’intention, et de prêter à l’héritier l’ambition qu’il attribue, dans le même texte, au fondateur : « égaler la réflexion à la vie irréfléchie de la conscience ». Le retour à l’expérience, la découverte de ce qui soutient et anime les opérations de la réflexion, Merleau-Ponty, il est vrai, les accomplit par une voie qui l’écarte de Husserl, puisqu’il dénonce la vanité d’une entreprise dont le but serait d’installer le philosophe au principe de toutes choses et de lui livrer le secret de la constitution des essences, et qu’à cette prétention, il oppose la vertu ultime de la description. Mais cette voie, il l’imagine déjà ouverte par Husserl qui s’est refusé à la suivre jusqu’au bout ; en effet c’est encore dans l’œuvre du père de la phénoménologie, dans ses derniers écrits qu’il croit trouver le passage qui conduirait à sa propre philosophie. Or, il importe de désigner le lieu de son accès, car tel est ce lieu qu’il lui faudra ensuite abandonner sitôt qu’il l’aura rejoint, pour finalement apprendre en somme l’impossibilité de l’occuper et se défaire de cette dernière illusion que serait la pure restitution de l’expérience.

C’est l’analyse du corps qui chez Merleau-Ponty, dans sa Phénoménologie de la perception, requiert un nouveau statut du savoir – ce que Michel Foucault définit en le démarquant de ce qu’il appelle l’illusion du discours autonome depuis l’entrevue des effets pervers de cet « Impensé du cogito » (en philosophie classique). D’où se pose le concept ultime d’une nouvelle ontologie – cette trame historique et spéculative - du Savoir. Car, à convenir qu’il y a un savoir du corps, et même, éparpillé en lui, un savoir des organes, de l’œil ou de la main, on doit renoncer au modèle « trop commode » de la conscience comme transparence à soi, mais plutôt poursuivre jusque dans les formes les plus déliées de la pensée les signes d’une attache au sensible et, au lieu de s’en délivrer par la fiction supposée d’une affection transcendantale, se vouer plus spécialement à la description des paradoxes de l’existence dans le monde – ce que Heidegger conçoit comme l’ Etant, le Da sein , l’ Etre jeté-là dans son « Ex-sistance ».

C’est ainsi que rendu à ce corpus de réflexions que la Phénoménologie de la percepti on cherche son fondement dans une théorie nouvelle du cogito, de la temporalité et de la liberté. Aussi c’est dans le chapitre le plus explicite intitulé La chose naturelle et Le monde humain, que s’affichent plus nettement, les vraies limites d’une description psychologique. Seule cette présence à Soi au travers du corps propre , dans la spécificité de sa sensibilité proprioceptive nous révèle à cette essence souvent étrange – heimelich et qui nous interpelle, dans cet a priori qui constitue l’ Etre en soi et qui fait figure de fantôme insaisissable et d’ Unding . Et donc, dans cette perspective ainsi dégagée, je ne perçois plus de différence positive entre le Sujet de l'Inconscient et le Sujet philosophique. Car Merleau-Ponty abordant ce Sujet qu’il esquisse dans sa nouvelle conception- après y avoir établi que la chose est un corrélatif exclusif du corps - affronte l’énigme de la notion d’une pure transcendance, - ce qui nous confond avec la notion trop pratique d’une essence de l’empirique, et donc accueille la contradiction de « l’Etre en soi et pour Soi ». Dans cette notion qu’il s’emploie, sinon à la résoudre, du moins à la penser. en revenant à l’expérience de la temporalité et à l’effet de l’ambiguïté qui signe radicalement toute position du sujet. Bien qu’il s’interdise toutefois à s’enhardir dans les conjectures de sa démarche audacieuse de localiser dans le corps la genèse du monde sensible et de sa représentation, il se cantonne plus précisément à circonscrire sa réflexion dans ce terrain délimité par l’expérience muette de cette vie irréfléchie de la conscience. C’est ainsi qu’il figure le muet auquel il convient de rendre la parole, le « non su » qui se démarque du savoir, si l’on veut apprendre sur la parole, sur le savoir eux-mêmes, une vérité que la métaphysique nous dissimulait à nous-mêmes, et ce, à notre propre insu.

SYNTHESE CONDUITE par MOMO .

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