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Si tu veux la paix, prépare la paix

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Anicette Thomas-Daniel

dimanche 10 septembre 2006

Par ces temps terribles où des Hommes continuent de massacrer d’autres Hommes par obéissance à des causes qui leur échappent, LIBAN, IRACK, … face à tous les actes extrêmes de désespérés, Terrorisme…, et toutes expressions que peut prendre la violence, où tout finit pas se banaliser dans un Monde de grande solitude Humaine, il nous faut témoigner encore et encore, nous reconnecter sans relâche aux « abonnés présents » et à nos compétences fondamentales en humanité.

Il en est une particulière qui ne s’apprend pas à l’université, encore moins dans les livres. Elle ne peut se révéler qu’en autorisant l’écoute, en se laissant écouter pour accéder peut-être à une rencontre d’exception. Pour cela, le silence est un outil précieux de préparation à cette disponibilité toujours extra-ordinaire. Il renvoie chacun au travail long et délicat, lent fastidieux, souvent douloureux que l’on fait sur soi-même pour améliorer son attention à ce que peut bien vouloir dire l’autre.

Ce silence est à la rencontre ce que le blanc est à la peinture, le contraire d’un espace laissé vide, une couleur à part entière toujours présente pour affiner les nuances. Quand on ne l’a pas vécu, les mots ne suffisent pas pour en communiquer la portée. Cette compétence si singulière ne s’enseigne pas en théories. Il n’existe pas de certificat pour en attester. Les personnes qui ont subi tant d’épreuves pour survivre savent la reconnaître entre toutes. Elle appartient aux plus grands d’entre nous, ouvriers d’humanité, maîtres artisans de cette entreprise unique. Il faut le faire savoir à tous ceux qui donnent la nausée pour le mépris qu’ils dégagent dans leur posture raidie, glaçante, leur regard de dédain, sans le moindre respect des autres qu’ils dépouillent parfois scandaleusement de la dignité à la quelle tout le monde a droit, à ceux là qui vous laissent sans voix, sans mot, sans commentaires.

Qu’est ce que cette aptitude que je situe en haut de l’échelle et si difficile à atteindre, si ce n’est d’apprendre à respecter les matériaux, tous les matériaux, façonner pierre après pierre, avec persévérance, un édifice commun. Elle est en effet exceptionnelle par son investissement dans le souci permanent de l’autre, sa capacité au dépassement de soi, sa capacité à encourager chacun à trouver par lui-même comme tailler « sa pierre ». Elle est hors du commun par son énergie à communiquer assez de forces afin d’élever l’édifice. Cette qualité se reconnaît enfin par sa puissance à promouvoir des valeurs de respect et de dignité au sein de notre appartenance au genre humain.

Tout la grandeur d’une telle référence réside, non dans un diplôme obtenu on ne sait comment, dans une spécialité inscrite à l’ordre, mais dans l’humilité à exercer sa mission, son métier sans ébruiter plus qu’il ne faut les avancées des travaux.

Une pierre seule, même bien taillée, apportée à l’édifice n’a jamais représenté l’édifice tout entier. Certains sont tellement minés d’orgueil, débordés par principe sur le sujet qu’ils fabriquent bien plus un mur, celui e la méfiance, du rejet, de la haine et du mépris qui pourraient bien en continuant ainsi, anéantir tout les efforts des autres. Nous devrions tous savoir depuis longtemps que le palais n’est jamais bâti, sauf provisoirement parfois.

Les plus grands ne sont jamais dans la lumière. Nous devrions plus souvent leur dire notre gratitude pour savoir nous aider à grandir en Humanité, la seule finalité qui vaille en reconnaissance.

La carte de visite, affichée comme une médaille de guerre, le porte-feuille qui ne pense qu’à une chose, croître et multiplier, n’ont jamais remplacé cette compétence. Ils produisent de l’étroitesse d’esprit malheureusement bien souvent, fabrique de minables spécialistes bourrés de certitudes qui nous assomment de « prêt à croire »et je vous prie de ne pas les croire ! le tout enveloppé de formules pimpantes qui relèguent les interlocuteurs à l’état d’objets dépossédés de la seule vraie richesse, la subjectivité de l’Homme pensant.

On ne doit pas traiter des affaires humaines comme on traite une question statistique ou comptable. Combien n’hésitent plus à se cacher derrière des additions, à déserter la place de la République pour se laisser emporter par le chant des sirènes les invitant eux aussi à rejoindre les zones commerciales.

Il y a des vies qui se vendent, qui s’achètent parfois par obstructions procédurales d’esprits malins, pour augmenter leurs dividendes. Il y a des gens qui meurent pour avoir été spoliés, détruits dans leur dignité et tous ceux qui ne mangent plus à leur faim, bafoués dans leur droits fondamentaux pour servir une sacro-sainte légalité qui autorise puisque c’est « légal » un droit de tirage sur leur seule ressource du travail qui ne les nourrit même plus.

Nous ne sommes plus égaux en droit depuis longtemps, il faut dire la vérité, mais légaux ou non, une somme d’ego additionnée !

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Le Quotient Relationnel a rejoint le Tiers Monde où la température stagne en dessous de zéro, où les poignées de mains se distribuent machinalement. Les mains s’effleurent mollement aux confins d’un monologue en ayant perdu le sens du geste. Ceux qui travaillent au progrès humain savent bien la puissance des mains qui se serrent, de ces mains enjointes à la parole à qui il manque parfois de mots pour assurer l’autre de sa présence, du prolongement. Je vois de plus en plus de ‘Main-mises’ et ‘Main-levées’ sur l’Autre qui s’appliquent quotidiennement, un prolongement sans doute aussi mais qui maille surtout une chaîne d’argent. L’argent est un métal sans éclat durable, il noircit puis pourrit le cœur des Hommes. J’ai toujours préféré la noblesse de l’or qui traverse le temps sans altérations et le ‘Soleil au creux de la Main’.

La véritable notoriété en Humanité ne s’affiche pas. Les plus grands ont toujours été les plus discrets, les plus humbles, concentrés sur leur recherche pour faire progresser l’humanité au jour le jour, proposant simplement leur façon d’être, capables de transcender les différences, de confronter les idées, d’échanger pendant que les petits s’affrontent et distillent de la stérilité.

La fraternité, la solidarité et la rencontre ne se monnayent pas. Elles se vivent, se ressentent, se construisent pas à pas par l’expérience, l’expérimentation, le tâtonnement, les erreurs, les remises en cause. Celui ou celle qui partage tant de ces richesses relationnelles ne s’appauvrit jamais, c’est tout le contraire.

Elles font appel à l’intelligence, à l’esprit et au cœur de chacun pour s’inscrire, de la place qu’on occupe aussi petite soit-elle, dans ce processus d’humanisation qui ne s’achève jamais. Nous en sommes tous des chargés de mission puisque nous sommes au monde, ici et maintenant.

Peut-on espérer atteindre un jour cette compétence si importante à tous ?

Marchons pieds nus de temps en temps pour faire corps, unir des forces qui peuvent s’avérer disparates.. La pensée remonte d’abord de l’intérieur, des pieds à la tête autant que de la tête aux pieds… La tragédie de la non-pensée n’appartient à personne, et nous y participerons, les pieds trop confortablement glissés dans nos pantoufles de l’abondance. Un Autre ne nous dispensera jamais d’agir à notre place, certes, chacun est supposé maîtriser son destin, mais les machinistes des pays de l’embonpoint, qui produisent toujours plus de normes et de cumul des capitaux, atteignent la zone rouge. Le domaine relationnel s’écroule et nous aurions à réinventer, à construire une véritable école de l’Humanité présente et obligatoire dans tous les métiers, une sorte ‘d’écho-logie’ humaine dégagée de tout corporatisme. Tant de ceux qui disent ne pas devoir faire du social, confondent social avec humanité, et tous ceux qui font du social ne possèdent pas pour autant les qualités humaines que l’on suppose, à tord, acquises d’avance.

Nous sommes de plus en plus nombreux à être seuls et à rechercher l’énergie nécessaire pour rester ensemble même si nous ne sommes pas toujours d’accord, au moins pour mettre « les maux en mots » et pour continuer à témoigner de nos rencontres humaines, professionnelles, personnelles. Rien n’est plus difficile que d’ouvrir son esprit à la rencontre de l’autre et de » sa différence. Sommes –nous toujours capables d’arracher le bandeau d’obscurité que nos colères et nos rages envers tous ceux qui nous manquent de respect, ont noué sur nos yeux pour aller au delà d’un avenir incertain sous les vents violents de ce monde qui cultive les peurs ?

Tant pis pour ceux qui regardent les Hommes comme des choses, et qui arrangent leur conscience avec ça pour éviter de penser à ce qu’ils font tous les jours, revêtus d’humanité en carton pâte, se proclamant élus du Haut, jeunes loups formatés de surface, tous déguisés en anges de circonstances, trop affairés à quérir leur blé, à faire des additions ou classer à la hâte des calculs trop complexes, puis à se renifler entre eux. Nous devrions nous souvenir que le culte du blé finit toujours par détruire la fertilité du terreau initial et que ceci est aussi vrai que l’ in équité, sous toutes ses formes, est le contraire de la justice.

Il est plus que jamais essentiel, toujours urgent de renouveler notre respect à tous ceux et toutes celles, professionnels, militants, anonymes qui oeuvrent dans l’ombre, au développement de l’Esprit de Justice et de Paix, et de leur renvoyer ce qui leur revient de cœur en premier lieu, de droit ensuite, il faut l’espérer, de reconnaissance de tous pour le travail de fourmi qu’ils accomplissent chaque jour, à contre-courant parfois, privés d’outils, hormis ce qu’on veut bien leur accorder d’instruments utilitaires qui ne compensent plus rien des ravages économiques. Des modes d’emploi leur sont fournis sans Fonds.

Nous travaillons à « perte » dénoncent certains, qui pourtant continuent à manger à leur faim, côtoient mais ne rencontrent jamais. Oui, en continuant ainsi nous travaillerons tous, de plus en plus à la Perte de tout Sens Humain si nous ne prenons pas le plus grand soin des Relations que nous entretenons aux Autres, à tous les Autres, autant qu’à soi-même et à son petit cercle restreint à sa petite famille et ses amis, de son petit nid pas toujours aussi douillet qu’il n’y paraît à première vue. La Relation est aussi le fruit d’un long apprentissage qui ne produit ni diplôme ni retour d’investissement matérialisé en monnaie sonnante et trébuchante, c’est pourquoi elle est tant ignorée, voir méprisée très clairement et ouvertement.

Nous flirtons si souvent avec le résonnement d’un ‘sauve qui peut’ dans un système de vagues déferlantes de petites violences très ordinaires. Aides-toi mais le Ciel ne t’aideras pas ! il vaut mieux le savoir à l’avance et prendre la distance avec toutes formulations convenues d’un Dévouement qui n’a plus rien à faire avec la politesse du cœur. Le cœur comme la main sont des outils souvent bafoués, trop couramment utilisés pour la forme en toute négligence, voire du mépris du fond.

Une grosse vague peut aussi nous emporter, mais contrairement aux fonctionnement des vagues, la violence humaine est attaquable de l’intérieur de chacun. Notre vague peut s’ajouter ou se soustraire.

Avec toute ma reconnaissance à Nicole RAOUL BOURLES du barreau de VANNES. Je lui ai confié une drôle de Corde à Nœuds, la mienne. Elle m’a prêté ses lunettes, cet outil indispensable pour y voir de plus près. Il en résulte ce travail de ré- impressions confiées aux lecteurs à qui je dédie la liberté du voyage.

le 23/08/2006

social, Journal du droit des jeunes

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